Les Etats-Unis et la Chine, les deux superpuissances économiques, sont entrées de plain-pied dans une guerre commerciale, après l’entrée en vigueur vendredi dernier des taxes américaines de 25% sur 34 milliards de dollars d’importations chinoises qui concernent 815 produits.
La réaction de Pékin à ces mesures protectionnistes ne s’est pas fait attendre. En effet, la Chine a dénoncé, par la voix de son ministre des Affaires Etrangères, « la plus grande guerre commerciale de l’histoire économique » en promettant de défendre ses droits auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). « La Chine a promis de ne pas tirer la première, mais pour défendre les intérêts fondamentaux du pays et de sa population, elle est contrainte à une nécessaire riposte », a fait savoir le ministère chinois du commerce.
Fidèle à son slogan de campagne « American First », le président américain s’est lancé dans une guerre commerciale même contre ses alliés historiques, en imposant dans un premier temps, des taxes de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium. Cette politique protectionniste décidée par le président américain a fait voler en éclat les règles du libre-échange et du multilatéralisme.
L’Algérie risque d’être affectée par cette guerre commerciale que se livrent les grands de ce monde. En effet, si les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine s’exacerbent, les prix du brut, libellés en dollars, vont être impactés. D’autant plus que le président américain n’a eu cesse de mettre la pression sur l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) pour augmenter sa production.
Derrière cette guerre commerciale se cache une autre guerre peut-être plus dangereuse pour l’économie mondiale : une guerre monétaire. En effet, les parties prenantes de cette guerre commerciale activeront un des leviers de leur politique monétaire, en ayant recours à une dévaluation qui rend les produits plus compétitifs et favorise les exportations. On comprend mieux maintenant pourquoi en pleine menace de guerre commerciale, la Chine a lancé les premières transactions libellées en yuans sur le pétrole à la Bourse de Shanghai le 26 mars 2018. Quand le dollar, monnaie de référence sur le marché pétrolier est moins fort, les pays producteurs de pétrole constatent une baisse de leurs revenus.
Une guerre monétaire qui se manifeste le plus souvent par les variations du taux de change du dollar par rapport aux autres monnaies dans lesquelles l’Algérie règle ses importations, notamment la monnaie unique, l’Euro, risque d’affecter sévèrement l’économie du pays. La concrétisation des deux guerres, commerciale et monétaire, risque de faire perdre à l’Algérie des revenus qui proviennent essentiellement des exportations des hydrocarbures.
Encore une fois, l’Algérie risque de subir les conséquences de cet affrontement entre les deux puissances commerciales, bien qu’elle soit restée à la marge du commerce mondial. Les prix du pétrole, seul élément qui relie encore l’Algérie aux marchés internationaux, risquent de faire les frais de cette guerre commerciale.