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Maroc : indignation et appels à manifester après la condamnation des meneurs de la contestation sociale dans le Rif

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Une «honte», «un retour aux années de plomb», «un simulacre de justice»… L’indignation est à son comble au Maroc, depuis l’annonce du verdict dans le procès des meneurs du Hirak. À l’issue de ce procès fleuve de neuf mois, la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca a condamné mardi soir le leader du mouvement Nasser Zefzafi, ainsi que trois de ses compagnons, à vingt ans de prison pour «atteinte à la sécurité de l’État», un motif passible de la peine de mort selon les textes.

Jugés avec eux, 49 autres militants ont écopé de peines comprises entre un et quinze ans de prison. Les charges retenues vont de «tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage», à «réception de fonds destinés à une activité de propagande» en passant par la «participation à l’organisation de manifestations interdites».

Nasser Zefzafi, qui a près de 40 ans, avait été arrêté en mai 2017 et transféré dans une prison de Casablanca après avoir organisé des manifestations dans sa ville d’al-Hoceima.

Le Hirak al-Chaabi, un mouvement de contestation populaire du Rif, dans le nord du pays, avait commencé en octobre 2016 après la mort de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson qui a péri broyé dans une benne à ordures où il tentait de récupérer sa marchandise confisquée et jetée par la police.

Nassef Zefzafi, sans emploi, s’était rapidement imposé comme le visage de la contestation avec ses harangues publiques et ses attaques contre «l’État corrompu», avant d’être interpellé pour avoir interrompu un prêche dans une mosquée. L’arrestation du leader de la contestation avait fait rage et attisé la colère pendant de nombreux mois dans la région.

Manifestations et appels à la grève

Après le verdict, les proches des accusés ont quitté le tribunal en criant leur colère et en scandant «vive le Rif», en référence à la région historiquement frondeuse et marginalisée du Maroc, secouée par le mouvement de protestation, tandis que quelques médias marocains ont souligné la «sévérité» des peines. «Les décisions désastreuses de l’État menacent la stabilité et la cohésion du pays», a fustigé Nabila Mounib, figure de la gauche au Maroc à la tête du PSU (Parti socialiste unifié), lors d’une conférence consacrée à la contestation sociale dans le pays, ce mercredi à Casablanca.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des rassemblements avaient déjà eu lieu à al-Hoceïma, épicentre du «Hirak», qui signifie «la mouvance», et dans la ville voisine d’Imzouren, autre haut lieu de la protestation, où un collège a été incendié, selon des médias locaux. Les autorités locales ont confirmé qu’un collège avait brûlé dans la nuit, en indiquant «ne pas pouvoir se prononcer sur le lien entre l’incendie et les sentences». Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de l’incendie.

Pour les autorités locales, les manifestations se limitent à des «sorties isolées», à l’exception d’un rassemblement de «moins de 80 personnes à al-Hoceima», réunissant la famille d’un détenu et ses voisins. Des appels à la grève générale circulent sur les réseaux sociaux, avec des images de commerces fermés, mais il est difficile d’évaluer l’impact du mot d’ordre.

Un nouveau procès en appel

Le premier ministre marocain, Saad-Eddine El Othmani, a affirmé ce mercredi que la justice était «indépendante», en réaction à un tweet qui lui demandait d’intervenir en faveur des meneurs du mouvement de protestation «Hirak». «Je souhaite qu’aucun Marocain n’aille en prison, je souhaite la liberté et une vie digne pour tout le monde. La justice est indépendante du gouvernement et il faut attendre la phase d’appel qui fait partie du processus judiciaire», a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Au Maroc, Le hashtag « #hirak » arrive en tête sur le réseau social Twitter. Sur Facebook, des milliers de personnes ont remplacé leur photo de profil par un fond noir, avec des commentaires sur la «honte» ressentie face à cette «injustice», en comparant les peines avec celles plus «clémentes» prononcées contre les «pédophiles» et les «criminels». Des internautes marocains ont pointé un «retour en arrière» vers «les années de plomb» marquées par les exactions commises sous le règne de l’ancien roi Hassan II, entre les années 1960 et 1990. «L’affaire sera bien entendu réexaminée devant la Cour d’appel. J’ai espoir que les peines prononcées seront plus justes», a cependant déclaré Mustapha Ramid, le ministre d’État chargé des droits de l’homme

Afp

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