Le Fonds monétaire international (FMI) a publié hier ses résultats complets après sa visite en Algérie pour la consultation 2018 au titre de l’article IV. Les conclusions et les prévisions de l’institution monétaire ne sont guère réjouissantes. Les chiffres avancés par le FMI sur la situation macro et micro-économique de l’Algérie donne le tempo de ce qui attend le pays dans les années à venir.
En effet, le FMI estime que la croissance du PIB réel a fortement ralenti. La baisse des quotas de l’OPEP et la faible demande extérieure de gaz en provenance d’Europe ont conduit à une contraction de la production d’hydrocarbures (-3%). La consolidation budgétaire a continué de peser sur la croissance hors hydrocarbures (2,6).
Au total, la croissance a ralenti à 1,6% contre 3,3% en 2016. Le chômage, qui était passé de 10,5% en septembre 2016 à 12,3% en avril 2017, a quelque peu reculé à 11,7% en septembre. Il reste particulièrement élevé chez les jeunes (28,3%) et les femmes (20,7%). L’inflation moyenne est passée de 6,4% en 2016 à 5,6%, l’inflation des biens manufacturés et des services ayant ralenti, mais restant supérieure à l’objectif de 4% fixé par la Banque d’Algérie (BA). Les réserves ont chuté de 17 milliards de dollars à 96 milliards de dollars.
Le FMI prévoit une croissance du PIB réel à 3% en 2018 et à 2,7% en 2019 et une inflation à 7,4% en 2018 et à 7,6% en 2019. Quant à la croissance du PIB réel hors hydrocarbures, l’institution monétaire prévoit une croissance à 3,4% en 2018 et à 2,9% en 2019.
Le FMI estime que certains ajustements budgétaires ont été réalisés en 2017, mais beaucoup moins que prévu. Les dépenses globales ont été réduites d’environ 1,3% en termes nominaux, soit moins que les 5,8% budgétisés initialement. Le solde du compte courant de la balance des paiements (en pourcentage du PIB) est passé de -12,9 en 2017 à – 9,7% en 2018 et sera de -10,1 en 2019.
L’institution de Bretton Woods a indiqué que le financement de la Banque d’Algérie a également servi à racheter la dette des entreprises publiques et à financer le Fonds National d’Investissement (FNI), pour un équivalent de 8,6% PIB. La position extérieure en 2017 était nettement plus faible que le niveau justifié par les fondamentaux économiques à moyen terme et les politiques souhaitables, ce qui indique que le taux de change réel effectif (REER) reste largement surévalué, malgré une dépréciation de 8% en 2017.
Concernant les réserves de change, le FMI estime qu’elles diminuent rapidement mais restent amples. Elles ont baissé de 17 milliards de dollars US à 96 milliards de dollars US (la moitié de leur pic de 2013), mais restent à l’aise avec 19 mois d’importations et plus de 400% du FMI ajusté pour évaluer l’adéquation des réserves. 2,4% du PIB.
Le FMI considère que la croissance de la masse monétaire au sens large s’est accélérée. En effet, « le taux de croissance de 8,3% reflète une croissance rapide du crédit net à l’administration centrale, qui a plus que compensé la baisse continue des avoirs extérieurs nets ».
« La croissance du crédit à l’économie, en particulier au secteur privé, a atteint 12,8%, en raison des injections massives de liquidités dans le système bancaire découlant du retrait du FRR en début d’année, des opérations de refinancement de la Banque d’Algérie et des réserves obligatoires moins élevées (de 8% à 4%). Les opérations de financement monétaire en fin d’année semblent avoir peu contribué à la croissance du crédit en 2017. Le resserrement des conditions de liquidité a fait augmenter les taux d’intérêt sur le marché interbancaire jusqu’à ce que le financement monétaire commence », a conclut l’institution monétaire.
L’institution de Bretton Woods juge que «dans l’ensemble, le système bancaire est resté suffisamment capitalisé et rentable, mais la liquidité bancaire a continué de baisser jusqu’à ce que le financement monétaire commence. Données préliminaires à fin décembre
2017 suggère que le secteur bancaire reste suffisamment capitalisé, avec un ratio de solvabilité global de 19,6% », précisant que « le ratio de la solvabilité sur les fonds propres de catégorie 1 a légèrement diminué, passant de 16,3% à la fin de 2016 à 15,2% en raison de la croissance du crédit à l’économie ».
Les banques sont, selon le FM, restées rentables avec un rendement global des actifs de 2%. Crédits bruts non productifs a légèrement augmenté, passant de 11,9% à 12,3% du total des prêts à la fin de 2017, reflétant en partie l’effet d’entraînement des arriérés du gouvernement envers ses fournisseurs. La liquidité du secteur bancaire a diminué mais est restée suffisante pour couvrir environ la moitié des engagements à court terme des banques.