L’Iran continue de respecter l’accord de 2015 sur son programme nucléaire, a indiqué jeudi l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans un rapport auquel l’AFP a eu accès. Le rapport indique que l’Iran respecte les restrictions prévues par l’accord sur ses installations nucléaires. Ces informations de l’AIEA interviennent alors que le président américain Donald Trump a décidé le 8 mai de sortir de l’accord international sur le nucléaire iranien.
L’AIEA considère toutefois qu’une « coopération proactive et rapide de la part de l’Iran pour fournir un accès (aux inspecteurs de l’AIEA, ndlr) faciliterait la mise en oeuvre et améliorerait la confiance« . Un haut diplomate à Vienne, où siège l’AIEA, a précisé que cette mention n’était pas motivée par un manque de coopération de la part de Téhéran ou un changement de comportement de sa part. L’AIEA « encourage l’Iran à aller au-delà des exigences » posées par l’accord du 14 juillet 2015 afin d’améliorer la confiance. L’Iran pourrait ainsi inviter les inspecteurs de l’agence sur des sites auxquels ils n’ont pas demandé l’accès, a-t-il suggéré.
Comme lors de ses précédents rapports, l’organe onusien confirme que le nombre de centrifugeuses dans l’usine d’enrichissement de Natanz restait inférieur aux 5.600 déterminées dans l’accord et que le stock d’uranium faiblement enrichi « n’a pas dépassé 300 kilogrammes« . L’uranium hautement enrichi (au-delà de 90%) est utilisé pour les armes nucléaires. Faiblement enrichi (à moins de 20%), il a des applications civiles, notamment pour la production d’énergie.
Depuis la signature de l’accord, l’Iran a approché deux fois le seuil du volume d’eau lourde qu’elle est autorisée à détenir. Le dernier rapport stipule toutefois qu’au cours des trois derniers mois, le stock d’eau lourde volume était resté inférieur aux 130 tonnes autorisés.
Signé par la République islamique et le Groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne), l’accord de Vienne a permis un retour de l’Iran dans la communauté des nations, après des années d’isolement, et un allègement des sanctions internationales le visant en échange d’une réduction drastique de son programme nucléaire. Présenté par des partisans en Occident comme le meilleur moyen d’empêcher l’Iran d’acquérir l’arme atomique, l’accord est aux yeux de Donald Trump « un des pires » jamais conclus par Washington.
Les Européens tentent de garder l’Iran dans l’accord malgré le retrait américain, Téhéran exigeant des « garanties » solides de leur part pour que l’Iran puisse bénéficier des retombées économiques attendues de la signature de cet accord il y a trois ans.
Mercredi passé, le Guide suprême iranien Ali Khamenei a détaillé sur Twitter ses attentes. « L’Europe doit garantir qu’elle ne soulèvera pas la question des missiles de la République islamique ni celle des affaires régionales« , écrit-il ainsi, alors que le président français Emmanuel Macron a justement proposé de « compléter » l’accord de Vienne en amenant l’Iran à discuter de ces missiles balistiques et de son rôle dans plusieurs conflits régionaux, comme en Syrie.
L’Europe doit garantir que l’Iran puisse vendre « la totalité » du pétrole qu’il souhaite écouler à l’extérieur, et les banques européennes la possibilité de « transactions commerciales avec l’Iran« , détaille l’ayatollah Khamenei. « Si les Européens hésitent à répondre à nos exigences, l’Iran sera en droit de reprendre ses activités nucléaires« , ajoute-t-il, reprenant une menace déjà brandie par le passé.
Afp