La Coordination nationale des comités de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques appelle à une marche le lundi 14 mai à Bejaia. Le point de départ de la marche est au siège de Cevital jusqu’au siège de la wilaya de Bejaïa, a annoncé la Coordination dans un communiqué rendu public ce lundi.
Les coordinateurs ont rappelé les péripéties du groupe Cevital au port de Bejaïa. En effet, « sur instruction du directeur du port de Béjaia, l’EPB refuse, depuis mars 2017, l’accès au port à tout navire transportant des équipements destinés au projet d’une usine de trituration de graines oléagineuses du groupe Cevital, prévue à l’extérieur de l’enceinte du port de Bejaïa. Une décision sans fondement légal ni règlementaire et qui prive la région de Bejaïa de 1000 postes d’emplois directs et 100 000 emplois indirects ».
La Coordination a indiqué dans même communiqué avoir alerté les pouvoirs publics, en indiquant « depuis mars 2017, nous avons posé, et de manière incontestable et irréfutable, le problème de la répartition équitable des richesses du pays. Nous avons dénoncé la politique de deux poids deux mesures et la marginalisation économique qui frappe de plein fouet la wilaya de Bejaia en particulier et la Kabylie en général », ajoutant « l’actuel Premier ministre et aux deux Premiers ministres qui l’ont précédé, nous nous sommes adressés au Président de la République en sa qualité de dernier arbitre dans ce conflit ».
La Coordination a rappelé avoir saisi le président de la République pour débloquer la situation, sans avoir de réponse. A ce propos, les coordinateurs ont indiqué que « aujourd’hui, bien que saisi puis relancé par deux fois au sujet de notre demande légitime de débloquer le projet et d’encourager l’Algérie qui produit, le Président de la République s’est emmuré dans un silence lourd de sens ; un silence qui vaut, au mieux, encouragement et au pire complicité avec les lobbies destructeurs de l’investissement productif », ajoutant « seul le directeur du port s’est manifesté, dans une vaine tentative d’intimidation et de musèlement, par un dépôt de plainte contre le porte-parole de notre coordination, Mourad Bouzidi, qui a été jugé pour « diffamation » et condamné en première instance et dont le procès en appel se tiendra le 20 mai prochain ».
Elle déplore le silence des gouvernants qui « ne fera qu’accentuer le sentiment de ségrégation, de régionalisme et de favoritisme économique qui prévaut dans plusieurs régions du pays », en soulignant que « les chiffres sur la répartition de la richesse dans notre pays font froid dans le dos. Ils sont une porte grande ouverte au sentiment d’exclusion de la Kabylie et de certaines régions de la collectivité nationale ».
La wilaya de Bejaïa n’a bénéficié d’aucun projet structurant d’envergure et les rares projets publics inscrits pour son compte sont à ce jour inachevés pour certains ou carrément gelés pour d’autres (3000 milliards de centimes de projets gelés). Les seuls investissements économiquement visibles et politiquement lisibles dans la région sont dédiés à la répression : une base de la gendarmerie, une école des cadets, une prison et un asile psychiatrique à Oued Ghir!
Elle dénonce « le régionalisme économique, qui se matérialise par les blocages des projets structurants et ceux de Cevital, est une réalité aujourd’hui irrécusable. Nous appelons à y mettre un terme en urgence car ceci constitue, par-dessus tout, une véritable menace à l’unité nationale. Nos gouvernants et décideurs sont plus que jamais interpellés pour assumer leurs responsabilités devant l’histoire ».
Face à ce mutisme qui a trop duré, la Coordination de soutien appelle dans le même communiqué « tous les Algériens, tous les travailleurs de tous les secteurs confondus, tous les industriels et investisseurs, tous les commerçants, tous les acteurs politiques et associatifs, tous les artistes et surtout tous les étudiants et tous les chômeurs, à venir massivement, le lundi 14 Mai 2018 à 10 heures, à la Marche de l’Espoir ».