Lyamine Lerari le porte-parole de Hamoud Boualem SPA., revient dans cet entretien sur la dernière décision du ministère du Commerce levant l’interdiction d’importer certains intrants nécessaires à la production de plusieurs produits alimentaires. Il revient également sur le développement de la plus vieille entreprise spécialisée dans la production des boissons en Algérie.
Comment vous-avez accueilli la dernière décision du ministère du Commerce ?
Sincèrement, nous sommes très ravis et agréablement surpris. Il faut dire que durant les derniers mois, nous avons été embêtés, mais aussi stressés, parce qu’il y’ avait une menace sérieuse sur le devenir de la filière (à cause de la suspension par le ministère du Commerce au début de l’année d’importer les intrants nécessaire à la production des boissons, notamment les arômes). Et je ne parle pas que de Hamoud Boualem, je parle de tous les industriels qui étaient sous la coupe de cette loi d’interdiction d’importation des arômes. Nous étions sur le point de fermer nos usines.
Nous gérions la situation grâce à nos stcoks (de matières premières) que nous avions importés fin 2017.Comme les stocks ont une limite dans le temps, que ces derniers auraient été épuisés, nous aurions fermés l’usine. Heureusement que le gouvernement soit revenu sur sa décision.
Cependant dans chaque crise il y’a quelque chose de bien. Cette situation nous a permis de nous rapprocher de nos producteurs (d’arômes) nationaux. Pour l’heure, ils n’ont pas les moyens de nous donner ce que nous voulons parce que le monde de l’aromatisation est un monde chimique très complexe qui demande un développement. Ce développement peut durer deux à trois années.
L’Association des producteurs algériens de boissons (Apab) et le Consortium algériens des fabricants d’arômes (Cafa) commencent à travailler ensemble. Ils ont mis en place une feuille de route avec une évaluation mensuelle de la situation. Le but étant d’intégrer un maximum d’arômes locaux dans les boissons. Est-possible de produire aujourd’hui une boisson Hamoud Boualem avec des matières premières 100% algériennes ?
Chez Hamoud Boualem, je le confirme, nos intrants en arômes sont importés. Cela n’empêche pas que nous nous sommes rapprochés de certains laboratoires algériens pour essayer de développer des choses avec eux. Nous savons que c’est très complexe parce que quand vous avez une formule (une recette), vous la cachez dans un coffre fort parce qu’elle est très chère. Donc, nous ne pouvons pas la donner à n’importe qui.
De plus, nos fournisseurs historiques sont des fournisseurs européens qui travaillaient avec Hamoud Boualem depuis un siècle déjà. Ce n’est pas aussi simple de changer de fournisseurs tout de suite. Il faut savoir également qu’en Algérie il n’y a pas encore les moyens matériels et humains ainsi qu’en termes de savoir-faire pour donner une bonne formulation à Hamoud Boualem. Toutfois, cela ne veut pas dire que c’est impossible. Il faut juste y croire.
Si je comprends bien, pour éviter la fermeture de l’usine, vous avez baissé le volume de production ?
C’était la première mesure que nous avions prise. D’ailleurs, nous maintenons ce rythme de baisse de production jusqu’à ce que les nouveaux intrants arrivent.
Dans ces cas là, comment allez vous faire pour le mois de ramadan où la consommation des boissons explose ?
Depuis l’annonce du ministère du Commerce, nous avons pris le devant et passer des commandes. Nous avons demandé à nos fournisseurs de procéder à des expéditions le plus rapidement possible. Autrement dit, nous travaillons d’arrache pieds pour éviter la rupture de stocks, notamment durant le ramadan, un mois où nous ne devrions pas être absents.
Comment Hamoud Boualem se positionne aujourd’hui sur le marché national, sachant qu’il est très concurrentiel ?
En effet, il existe plus de 300 opérateurs (producteurs de boissons) sur le marché algérien. Tout cela pour dire qu’il s’agit d’un marché très fractionné. Toutefois, selon les chiffres, nous sommes classés deuxième sur le marché des sodas, en termes de parts de marché.
Pour le reste, tout est question d’ambition. C’est elle qui nous fait avancer. La preuve, Hamoud Boualem dure depuis 140 ans, malgré les péripéties que l’entreprise a vécues à travers l’histoire. Hamoud boualem a connu la Première guerre mondiale, la Deuxième guerre mondiale, la Guerre de libération et par la suite, l’arrivée sur le marché algérien des grandes multinationales. En dépit de tout cela, nous n’avons pas fermé la porte, bien au contraire nous avons progressé. Cela veut dire que nous avons de la volonté, un savoir-faire et un produit de très bonne qualité.
A ce titre, avez-vous des projets à venir ?
Certainement qu’il y aura d’autres projets. A une certaine époque, il n’y avait que l’usine d’Alger. Grâce au vouloir faire, nous avons pu mettre d’autres usines en production ; entre-autre une usine à Oran, une autre à Bejaia, une à Sétif en partenariat avec des étrangers et une usine à Boufarik dans la wilaya de Blida. Toutes ces réalisations ont été effectuées depuis 2007.
A présent, nous n’envisageons pas d’ouvrir de nouvelles unités à court-terme. Par contre, nous projetons des extensions sur nos unités existantes. Nous avons beaucoup de projets dans le tiroir, mais chaque chose en son temps.
Hamoud Boualem sont des boissons qui s’exportent aujourd’hui timidement, le plus souvent vers des pays où la communauté algérienne est établie. Est-ce qu’actuellement vous travaillez sur une véritable stratégie d’export ?
Il est vrai que Hamoud Boualem s’exporte timidement. C’est le cas d’ailleurs pour toutes les autres boissons produites en Algérie. Pourquoi cette situation ? C’est parce que le marché algérien est très demandeur. A chaque fois qu’on songe à aller vers l’exportation de nos produits, ils sont très vite absorbés par le marché national du fait que ce dernier est en pleine croissance. Certes nos produits sont demandés à l’étranger, mais nous donnons la priorité au marché algérien.
Par conséquent, nous ne pouvons pas exporter à grande échelle à l’heure actuelle. Cela dit, nous nous préparons pour le faire à moyen-terme.
Nous avons des circuits de distributions en France, en Belgique, en Espagne, en Angleterre et au Canada. Ce qui n’est pas rien. Nous avons des perspectives pour les pays du Golfe et pour l’Afrique. En somme, nous sommes en contacts avec beaucoup de gens pour pouvoir exporter, sauf que si nous décidions de donner toutes les quantités réclamées par nos partenaires à l’étranger, nous risquerions de ne plus rien donné au consommateur algérien, alors qu’il est notre priorité.
Cependant, nous faisons tout pour doubler notre capacité de production pour satisfaire toutes les demandes.
Le gouvernement veut aller vers une réduction de sucre dans les boissons. Est-ce que vous vous préparez à une telle décision ?
En Europe aujourd’hui, la norme est fixée à 100 grammes de sucre dans un litre de boisson. Nous sommes à 100 g/l. Il nous reste que deux produits qui font l’objet d’un exercice pour baisser le taux de sucre. Sur le tout le reste on est à 100 grammes.