L’Union européenne sort en fin de son mutisme quant aux mesures de limitation des importations prises par le gouvernement algérien pour juguler son commerce extérieur. En effet, la Commissaire européenne au Commerce, Mme Cecilia Malströme, a jugé les mesures prises par le gouvernement algérien « non conforme à l’accord de de libre-échange », faisant référence à l’accord d’association signé en 2005 entre l’Algérie et l’UE
A ce propos, M. Mustapha Mekideche, Vice-président du conseil national économique et social (CNES) a jugé la réaction de l’UE « paradoxales et contradictoires », lors de son passage ce mercredi à la Radio algérienne.
Il estime que ces réactions interviennent « dans un contexte et un timing particulièrement mal choisi », en faisant remarquer que ces réactions ont lieu au moment où une levée progressive sur la suspension d’un certain nombre produits, tels que les arômes.
Pour illustrer le côté paradoxale des réactions de l’UE, il a rappelé les contrats qui ont été signés entre Sonatrach et le géant pétrolier italien Eni à l’occasion des journées scientifiques et techniques de Sonatrach, ainsi que les importations en hausse des CKD/SKD en faveur des constructeurs européens, en particulier les constructeurs français allemands.
Dans un contexte où le dynamisme des échanges avec l’UE est fort, M. Mekideche considère les réactions de la Commissaire européenne au Commerce et celles de l’ambassadeur de l’UE à Alger, comme « exagérées ».
Ces réactions sont d’autant plus paradoxales, que les importations de l’Algérie en provenance de l’UE n’ont guère diminué, et ce malgré les mesures de limitation. En effet, les importations algériennes des pays de l’UE sont passées de 22 milliards de dollars en 2016 à 20 milliards de dollars en 2017.
Appelant à juger la situation d’un point de vue structurel, M. Mekideche a indiqué que « pour faire de la méditerranée une zone de paix, il fait que l’asymétrie entre les deux rives de la méditerranée diminue, or depuis la signature de l’accord d’association avec l’UE en 2015, cette asymétrie n’a pas été réduite ».
Pour réduire cette asymétrie, l’intervenant souhaite plus d’investissements dans la rive sud qui doit cesser d’être vue seulement comme un partenaire commercial, par le développement du secteur privé et de nos capacités productives », ajoutant que « l’accord d’association avec l’UE n’a de sens que s’il permet de développer et de diversifier notre économie et on ne peut pas nous opposer cet accord quand on perd des mesures de sauvegarde ».
Evoquant la réaction des partenaires sociaux algériens, notamment le FCE et l’UGTA, le Vice-président du CNES les considère comme « légitimes », expliquant que « les mesures ont été prises pour protéger nos emplois et développer le secteur privé pour le préparer à la phase de diversification».
Par ailleurs, il faut noter que les réactions de l’UE, qui peuvent être considérées comme de l’ingérence, interviennent au moment où l’Algérie a décidé d’adopter un nouveau modèle économique visant à sortir de la dépendance des hydrocarbures, notamment par la diversification des ressources budgétaires et par la multiplication de partenariats avec d’autres pays.
Il est clair pour les observateurs, que le gouvernement algérien est souverain, et n’a nul besoin de consulter l’UE, à ce sujet.