Dans son dernier rapport de suivi de la situation économique de l’Algérie, publié lundi 16 avril 2018, la Banque Mondiale s’est montré pessimiste sur les perspectives de croissance économique de l’Algérie au-delà de l’exercice en cours, en tirant la sonnette d’alarme quant au financement non conventionnel (planche à billets) et son utilisation qualifiée de préoccupante, en estimant que le pays se dirige vers une crise financière.
Croissance anémique du PIB
La Banque Mondiale estime que «la croissance devrait reprendre rapidement en 2018 par suite du processus d’expansion budgétaire. La croissance et l’inflation globales augmenteront parallèlement à la réalisation des nouveaux investissements publics annoncés dans le budget de 2018», en prévoyant que «le taux de croissance du PIB devrait, de ce fait, s’établir à 3,5 % et le taux d’inflation à 7,5 % en 2018».
L’institution internationale estime qu’«il sera toutefois difficile pour le taux de croissance du PIB de dépasser le seuil de 2 % sur la période 2019-2020, ce qui représente une progression anémique pour un pays à revenu intermédiaire comptant une très forte proportion de jeunes».
«La production des nouveaux puits pétroliers continuera d’être importante et stimulera la croissance, tandis que le secteur hors hydrocarbures subira l’essentiel du processus de rééquilibrage des finances publiques que les autorités envisagent de reprendre vers le milieu de 2019», explique la BA.
L’Institution prévoit qu’«il sera toutefois difficile de résister à la tentation de retarder à nouveau ce rééquilibrage, même si le pays se dirige vers une crise financière déclenchée par le recours au seigneuriage pour financer le déficit budgétaire».
Aggravation du déficit budgétaire en 2018
A propos du déficit budgétaire, la Banque Mondiale indique dans son rapport de suivi que celui-ci continuera de s’aggraver en 2018.
«Le double déficit continuera de s’aggraver en 2018, et l’intention manifestée par les autorités de recourir au financement monétaire est très préoccupante», a précisé la BA, qui prévoit que «dans le cadre budgétaire actuel (2018-2020), adopté dans la loi de finances de 2018, les dépenses publiques resteront très élevées et ne seront pas contrebalancées par l’augmentation des recettes publiques qui pourrait résulter de la remontée escomptée des cours et de la production du pétrole».
«Le déficit budgétaire devrait augmenter en 2018 pour atteindre 11,4 % du PIB, mais rapidement diminuer durant la période 2019-2020», prévoit encore la BA, en ajoutant que «la persistance du déficit budgétaire pourrait toutefois provoquer une forte création de monnaie, les autorités ayant jusqu’à présent refusé de financer le déficit en procédant à des emprunts extérieurs».
Selon la même source les projections indiquent «une faible diminution du déficit du compte courant qui tombera à 10,2 % en 2020», en estimant que «ce niveau est jugé gérable, étant donné le montant des réserves (17 mois d’importations à la fin de 2017)».
«Les réserves pourraient toutefois ne plus représenter que cinq mois d’importation d’ici 2020, soit un niveau proche du seuil de 3 mois des marchés émergents. Les autorités savent qu’il importe d’évaluer les répercussions sur la pauvreté et la vulnérabilité des réformes qui pourraient être apportées au système de subventions», souligne la Banque mondiale.