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Abdelhak Lamiri, expert et consultant en économie : « Pour l’Algérie, ce n’est pas le moment d’adhérer à la zone de libre échange continentale »

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Dans cet entretien, l’économiste, M.Lamiri nous parle du Forum africain de l’investissement et du commerce, tenu dernièrement à Alger. Pour lui, les entreprises algériennes ont fortement raison de convoiter le marché africain qui aura la plus forte croissance mondiale dans le futur. Sur la zone de libre échange continentale, M.Lamiri considère que certains pays comme l’Algérie vont perdre beaucoup dans leur adhésion car le pays n’est pas encore prêt.

Algérie-Eco : Les travaux de la 5e édition du Forum africain de l’investissement et du commerce (AFIC5) ont été tenus les 31 mars et 1eravril  à Alger. Malgré le nombre important de représentants de différents pays africains et arabes d’hommes d’affaires et des experts le forum a été marqué par l’absence d’officiels de haut rang. Comment expliquez-vous cette absence?

M.Lamiri : L’absence très remarquée s’explique sans doute par les problèmes rencontrés l’année passée. En second lieu, les entreprises algériennes et africaines veulent également s’émanciper d’une trop forte dépendance des pouvoirs publics.

Les entreprises algériennes montrent une volonté pressante à conquérir le marché africain, ont-elles raisons?

Les entreprises algériennes ont fortement raison de convoiter le marché africain qui aura la plus forte croissance mondiale dans le futur, sans doute plus que l’Asie. Mais à part une vingtaine d’entreprises, le reste n’a pas développé les rapports qualité/prix compétitifs pour conquérir ces marchés. Beaucoup de pays misent stratégiquement sur l’Afrique comme la Chine, le Maroc et certains pays européens. Il faut être parmi les meilleurs dans le futur pour conquérir ces marchés qui seront très difficile à prendre.

Malgré les efforts consentis, les échanges interafricains et algéro-africains restent faibles. Pourquoi à votre avis?

Les échanges sont faibles, parce que les économies ne sont pas complémentaires et le niveau technologique de ces pays ne permet pas de bénéficier des échanges. Les pays vendent surtout des matières premières et des produits semi-finis et importent des produits finis. L’intégration est donc difficile. Mais dans le futur, avec des stratégies appropriées les entreprises et les pays peuvent développer des avantages dans des secteurs différents. Par exemple, certains pays d’Afrique peuvent se spécialiser dans la mécanique, d’autres l’électronique, d’autres dans l’industrie du luxe (Botswana) etc.

Quelles solutions adopter pour arriver à gagner la confiance entre les pays africains?

Le développement de la confiance nécessite de la stabilité politique et une gouvernance apaisée à long terme. On peut être un pays stable mais les bases de la démocratie ne sont pas garanties sur le long terme. Une bonne moitié des pays africains commencent à développer des mécanismes de stabilisation politique à long terme, comme le Botswana. D’autres sont à mi-chemin (Algérie) et beaucoup connaissent une grande instabilité. Les pays suffisamment stables (comme l’Algérie) peuvent développer des échanges à moyen terme avec les pays qui sont suffisamment stables.

Etes-vous parmi ceux qui approuvent l’idée du lancement de la zone de libre échange continentale?

Si on fait une zone de libre échange, dans l’ensemble ce sera une bonne chose pour l’Afrique. Les consommateurs vont gagner. Beaucoup de pays vont gagner (ceux qui sont super compétitifs comme l’Afrique du Sud, le Botswana etc). Beaucoup vont perdre, comme l’Algérie je le crains. Pour nous ce n’est pas le moment. Il faut travailler encore plus.

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