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M. Réda El Baki, DG de la CCIAF : « Ce n’est pas tant, les exportations françaises qui nous intéressent, mais c’est surtout les implantations d’entreprises françaises en Algérie »

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Revenant sur les différentes phases de développement des relations économiques Algéro- françaises, M. Réda El Baki, directeur général de la CCIAF, nous explique dans cet entretien, le rôle, les missions, et  les perspectives de la CCIAF en Algérie.

Algérie- Eco : Comment définissez- vous la chambre de commerce et industrie algero-française ?

M. Réda El Baki : La chambre de commerce et industrie Algéro-française, est une association étrangère de droit Algérie, et agréée par le ministère de l’intérieur, depuis février 2011. Elle a pour mission d’aider à favoriser, et à développer le rapprochement entre entreprises française set algériennes. Notre objectif est que les entreprises des deux pays se connaissent et travaillent ensemble. Pour pouvoir le faire, nous avons quatre activités.

Une activité de mise en relation, qu’on est une entreprise française ou algérienne, et qu’on cherche dans chaque pays un partenaire industriel, un distributeur, un importateur, c’est notre rôle, effectivement d’identifier le partenaire, de le mettre en relation, et de faire un suivi commercial derrière.

La deuxième activité, est une activité de veille réglementaire et économique. Au-delà de la veille, qui est de dire ce qui se passe en terme réglementaire, c’est surtout d’expliquer aujourd’hui, la réglementation algérienne auprès des entreprises françaises.

La troisième activité s’articule  autour de la formation pour les adhérents de la chambre, aux métiers de l’entreprise, on forme 500 à 600 collaborateurs par an.

Enfin la dernière activité, c’est du Networking, qui consiste essentiellement à mettre en relations, à travers nos dix clubs. Nous avons un club BTP, un club agro-industrie, nouvelle technologie, RH, juridique et fiscale, femmes chefs  d’entreprises. Ce sont des lieux de rencontres avec des formats différents.

Quelle est la stratégie de déploiement de la CCIAF ?

Par ailleurs, la CCIAF, est représentée dans cinq régions d’Algérie, en bureaux propres, nous avons des collaborateurs, à Annaba, Sétif, Bejaia, Oran et Constantine. Leurs rôles, est d’identifier les entreprises de la région. Notre but est d’expliquer aux entreprises françaises, qu’à l’intérieur du pays, ils existent des entreprises fortes, compétentes, et professionnelles.

La chambre c’est aujourd‘hui 35 collaborateurs, 1800 adhérents, nous faisons partie du réseau des chambres de commerces françaises à l’internationale, et on travaille beaucoup, avec les chambres de commerces de France, pour aller expliquer les évolutions du marché algérien, et dire que c’est un marché qui comporte  des contraintes, des difficultés, mais  aussi énormément d’opportunités. C’est un marché qui est en croissance, il se développe, il faut regarder ce marché en termes d’investissement, car il offre aux entreprises françaises, de véritables opportunités.

Justement, quel est le point de vue  de la CCIAF, sur l’évolution du climat des affaires en Algérie ?

On  est sorti d’une situation extrêmement tendue et difficile dans les années 1990, aujourd’hui le marché algérien, est un marché comme les autres. Ce qui est important est de bien mesurer quelles sont les difficultés, et surtout quelles sont les opportunités. Nous sommes persuadés que le marché algérien a des atouts pour développer une industrie performante,  et j’en veux pour preuve deux paramètres. D’abords, la jeunesse algérienne, qui est relativement bien formée, et qui aujourd’hui représente une force extraordinaire en termes d’initiative. Le deuxième paramètre est sans conteste le taux de change. Certes, beaucoup disent qu’il se dégrade, mais c’est aussi un élément compétitif.

Par ailleurs, on a tendance à oublier un autre élément important, c’est le coût de l’énergie, qui est relativement faible en Algérie. Dans le même sillage, Sonatrach est en train de faire énormément d’investissement, notamment dans le raffinage du pétrole, ce qui veut dire, que le secteur de la plasturgie par exemple  puisera bientôt sa matière première en Algérie, ce qui le rendra extrêmement compétitif. En résumé, nous pensons à la CCIAF qu’il faut regarder l’Algérie comme une économie en évolution, et pour nous cela est positif, et il faut seulement y croire et investir.

Que pensez- vous  des dernières mesures économiques prises par les pouvoirs publics, pour réduire l’importation, tel que la liste d’interdiction de 900 produits ?

Il y’ un  principe de base qui est très important, les autorités algériennes sont souveraines dans la manière d‘organiser le commerce et l’investissement, elles le font en considérant certain nombre de paramètres, notre rôle, ce n’est pas de dire c’est bien ou pas, notre rôle est d’expliquer cette situation aux entreprises  françaises. Ceci étant, effectivement il peut paraitre que certaines décision ne sont pas cohérentes ou n’encouragent pas, mais encore une fois, je pense qu’il faut prendre du recul, et essayer de voir qu’elle a été la logique du décideur algérien.

En interdisant, c’est une manière aussi de promouvoir le produit algérien, et l’Etat a raison, dans la mesure, ou on ne peut pas avoir un marché stable, et développer son industrie, sans mettre un minimum de protection pour  ce marché. Par ailleurs, lorsqu’on regarde la liste, on y trouve beaucoup de produits finis, donc peu d’impact sur l’industrie. En plus ce sont des mesures transitoires, donc on reste serein, on n’est pas dans une situation de fermeture de marché.

La vraie question, st de savoir combien de personnes ont investis lors de l’ouverture des années 2000. Il y’a eu très peu, donc en fait, ce n’est pas une mauvaise décision de fermer un peu « les portes », pour pousser les opérateurs à investir. Tout cela nous l’expliquons aux entreprises françaises, en leurs disant qu’il faut prendre le temps de connaitre les règles de fonctionnement de l’économie algérienne.

Les avis sont très partagés autour  de règle 51/49, certains pensent que c’est un frein à l’investissement, qu’en pensez-vous ?

Pour nous ce n’est pas tant la règle 51/49 qui gêne. Elle permet aux entreprises étrangères d’avoir un ou plusieurs partenaires locaux. Ces derniers peuvent vous faire gagner du temps, car ils connaissent le terrain .En réalité la vraie difficulté, c’est de trouver des partenaires qui sont dans une logique industrielle à moyen et long terme.

Sur un autre plan, est ce que la CCIAF, participe au programme national des énergies renouvelables, dont l’objectif est de produire 4025 MW d’ici 2030, et de quelle façon ?

Pour l’instant, on attend le cahier des charges, une visibilité de ce que veut faire l’Etat algérien. Ce qui est certain, c’est qu’on promeut ce grand projet auprès des chambres françaises. Nous sommes en contact avec un certain nombre de clusters français dédiés aux énergies renouvelables et nous sensibilisons les entreprises de manière à prendre part à ce projet. Nous sommes persuadés que c’est un enjeu important pour l’Algérie, et que les entreprises françaises ont une certaine expertise dans ce domaine, à l’image de la société ENGIE, qui vient de signer une convention avec Sonatrach. Donc, il y’a un énorme travail à effectuer sur le terrain, et les entreprises françaises sont prêtes.

 Sur le plan commercial, ne pensez-vous pas, que les échanges ont quelque peu stagné ces dernières années ?

Je voudrais juste préciser que les entreprises françaises sont présentes sur le sol algérien, il y’ a environ, 400, et ce qui important, c’est qu’elles sont diversifiées. Elles sont présentes dans différent domaines, les banques, l’agroalimentaire, la santé, BTP, pour ne citer que ceux- la.

Par ailleurs, sur le commerce extérieur, effectivement il y’ eu une baisse, car lorsqu’on voit  la structure des exportations françaises sur l’Algérie, on constate qu’elle est basée essentiellement sur 4 grands produits, en l’occurrence, l’automobile, le blé, le lait et les médicaments.  Il suffit qu’un ou deux de ces produits enregistre une baisse pour que cela se répercute sur le niveau du commerce extérieur. Apres, la France est toujours n° 2 des fournisseurs de l’Algérie, elle a été devancée par la chine, mais j’aimerais voir plus d’entreprises chinoises implantées en Algérie ! C’est vous dire que ce n’est pas tant, les exportations françaises qui nous intéressent, mais surtout les implantations françaises en Algérie.

Est-ce que vous pouvez nous dire un peu plus sur la naissance du club de l’entreprenariat féminin ?

Nous sommes très fière  de ce programme, qui découle d’une initiative  d’une adhérente, qui est chef d’entreprise, et qui a souhaité, il y’ a une année, lancer le club des femmes chefs d’entreprises de la CCIAF. Ce club regroupe 25 femmes chefs d’entreprises, qui ont décidé de s’unir pour identifier et aider toutes femmes qui souhaitent entreprendre un projet.

Ce programme a généré le dépôt de 260 projets venus de toute l’Algérie, sur lesquels, une sélection a été faite pour retenir une femme chef d’entreprises, qui a développé une unité de production de fromage. Ceci montre aussi qu’il y’ a un énorme potentiel d’opportunité d’investissements,  et une réelle volonté des femmes à entreprendre.

Un dernier mot ?

On a tendance à voir les relations Algéro-Française, sous un angle bilatéral, je pense qu’il faut les voir dans un sens multilatéral. Dans la mesure, ou la France pourrait être un point  de relais des produits algériens en Europe, comme l’Algérie représenterait  un point d’accès des produits français en Afrique.

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