Le Think Thank algérien « Nabni», a présenté ce dimanche 25 mars 2018 à Alger, ses deux propositions ou alternatives au système actuel des subventions, en inventant un modèle algérien de transferts monétaires directs, consistant soit en un ciblage progressif ou un revenu universel. Deux propositions qui seront transmises à tout le monde, Gouvernement, institutions, société, acteurs économiques…etc et ce dans le but d’ouvrir un débat national sur cette question.
En effet, lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’agence Interface Média, pour présenter ces deux options, les membres du collectif Nabni ont estimé que «le modèle envisagé par le Gouvernement est importé de pays (Brésil, Mexique…etc.) beaucoup plus inégalitaires que le nôtre, où les transferts sociaux ne bénéficient qu’à une frange limitée de la population».
Selon les membres de Nabni, ce modèle envisage en particulier, de s’appuyer sur «des listes de ménages démunis établies par l’administration», en expliquant que «le taux de couverture atteints par ce type de programmes (souvent moins de 20% de la population) sont inadaptés à notre contexte et à notre héritage de couverture sociale universelle. Il est impératif de viser une couverture bien plus large que celle envisagée par le Gouvernement, pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens, notamment d’une partie des classes moyennes».
Les mêmes responsables ont estimé qu’«en l’absence d’un système d’information exhaustif et de capacité adéquate, un programme de ciblage administratif et statistique classiques, importé de contextes différents du nôtre, exclura beaucoup de ceux qui auront le plus besoin de ces aides et couvrira peu de citoyens, ce qui risque de retarder davantage la réforme des subventions sous prétexte que nous ne serions pas prêts».
A cet effet, les animateurs du Think Thank ont préconisé que, sans attendre de disposer d’un système d’information fiable, ils proposent deux alternatives plus rapides à mettre en œuvre, plus larges dans leur couverture et plus acceptables dans notre contexte.
Deux alternatives : Un ciblage progressif ou un revenu universel
Ainsi, les deux options proposées par le collectif Nabni pour une réforme du système des subventions en douce, sont un ciblage progressif et un revenu universel.
Concernant la première options, elle consiste selon les animateurs de Nabni en «le ciblage progressif de tous les ménages déclarant un revenu inférieur à un certain plafond, ciblant les 40% des ménages des moins aisés, sur une base uniquement déclarative. Les bénéficiaires indus, nombreux au début, seront progressivement exclus, à mesure que se développe un système d’information qui puisse les identifier».
Cette option selon eux, «nous donne le temps de bâtir un système de ciblage fiable (5 à 10 ans, si besoin), en couvrant d’entrée, sans exclusion arbitraires, la quasi-totalité des démunis. Il couvrirait à terme la moitié de la population (4 millions de ménages), pour un coût d’environ 2.4% du PIB et un transfert mensuel de 12 000 DA par ménage (15 000 DA pour les ménages de plus de 9 membres».
Pour ce qui est de la deuxième option, elle consiste, selon les mêmes orateurs, en «un revenu universel individuel, accessible à, quasiment, tous les citoyens, sur une base uniquement déclarative. Cette option est plus simple à mettre en œuvre, elle n’exclurait personne et ne souffrirait donc pas des erreurs du ciblage, des difficultés inhérentes à la fixation d’un plafond de revenu ou de la complexité administrative de sa mise en œuvre».
«Elle est néanmoins plus de deux fois plus coûteuse que le ciblage progressif», ont-il estimé, en soulignant, toutefois, que «le revenu universel pourrait aussi être mieux accepté par la population car, il n’exclurait que les plus riches et compenserait rapidement plus de 90% de la population (ou plus de 40 millions de citoyens), pour un coût d’environ 5.5% du PIB et un transfert mensuel moyen d’environ 2000 DA par personne (1200 DA pour les enfants de moins de 15 ans, et de 2400 DA pour les plus de 15 ans)».
Deux alternatives génératrices d’économies considérables au le budget de l’Etat
Les membres de Nabni qui ont présenté ces propositions, ont estimé que «les deux options sont moins chères que les subventions actuelles qui représentent plus de 13% du PIB, dont plus de 7% pour l’énergie. Ces alternatives élimineraient les distorsions et gaspillages du système de subvention universel des prix (surconsommation, fraudes…etc.). Elles généreraient des économies considérables au budget de l’Etat (8% du PIB pour le ciblage progressif et 5% du PIB pour le revenu universel), et ce, tout en protégeant une part plus large de la population.
Cependant, pour les mêmes responsables, «ces deux options devront être accompagnées de réformes complémentaires importantes, notamment, en termes d’accès aux services financiers et de déploiement de la carte d’identité biométrique». En ajoutant qu’«il faut une large campagne de proximité, de communication et d’explication du programme sera nécessaire pour encourager l’adhésion au programmée».
En fin, pour les animateurs du Think Thank, cette contribution est un appel à un débat ouvert pour inventer notre propre modèle de transferts monétaires.