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Tewfik Hasni, expert dans le domaine de l’énergie : « La part actuel de l’industrie nationale des énergies renouvelables est de 2% »

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Dans cet entretien, l’expert en énergie, M.Hasni, réagit aux dernières déclarations de la ministre de l’environnement et des énergies renouvelables sur l’industrie nationale des énergies renouvelables. Selon MHasni, pour atteindre les 27% de la production électrique en 2030, il faudrait faire appel à des IDE en partenariat, mais ceci reste conditionné par la mise en œuvre des réformes dans tous les domaines y compris dans les subventions.

Algérie-Eco : Le gouvernement algérien est plus que jamais déterminé à instaurer une véritable industrie nationale des énergies renouvelables. Selon la ministre de l’Environnement et des énergies renouvelables, Fatma Zohra Zerouati, cette industrie devrait participer à hauteur de 27% dans le mix énergétique d’ici à l’horizon 2035. Pensez-vous que cet objectif est réalisable?

MHasni : Permettez-moi de rectifier un élément dans l’information donnée par Madame La Ministre. Elle a en fait annoncé que la part des énergies renouvelables devrait être de 27% du global de la production électrique ceci conformément à l’engagement du pays à la réunion sur le climat (COP 21).

La part de l’industrie sera définie par le ministre de l’Industrie et des Mines.  A la question de savoir si on va atteindre les 27% de la production électrique en 2030, je me suis déjà exprimé sur ce point, en disant que le taux actuel en 2018 est de l’ordre de 2%. Il est difficile de concrétiser l’objectif minima de 27%, compte tenu des ressources existantes. Il faudrait faire appel à des IDE en partenariat, mais ceci reste conditionné par la mise en œuvre des réformes dans tous les domaines y compris dans les subventions.

Pour atteindre cet objectif, les professionnels appellent à dépasser la phase expérimentale et s’engager véritablement dans le développement des énergies nouvelles et renouvelables (EnR), tout en impliquant les secteurs de l’industrie, des transports et de l’habitat dans la promotion de ces énergies vertes. Qu’en pensez-vous?

Pour atteindre cet objectif, il faudrait certes définir les véritables acteurs pour les types de marchés. Nous constatons qu’il y a un marché In-grid (lié au réseau électrique) et un marché off-grid(hors réseau électrique). Il aussi que ces marchés puissent être accessibles à tout opérateur économique ; public ou privé. Cela implique une clarification des textes une fois pour toute. Les approches volontaristes ont montré leurs limites. C’est la liberté d’investir sous le contrôle d’une réglementation claire et immuable, que ceci pourra s’établir.

Pour la ministre algérienne, les difficultés liées au développement du secteur des énergies renouvelables ne sont pas que financières, mais supposent la mise en place «d’ingrédients pour faire mûrir un projet d’avenir», tes-vous de cet avis?

Par ma réponse précédente, je ne peux que partager l’avis de Madame la Ministre. Néanmoins les ressources financières resteront prépondérantes. Les ressources humaines peuvent se mobiliser avec un outil de formation plus adapté. Le climat des affaires reste médiocre. Les réformes apporteront les ingrédients qui manquent. Il faut garder, cependant, en tête que c’est l’approche par le marché qui libérera ce secteur. C’est donc à l’investisseur qui prend les risques majeurs de faire son choix technologique, de choisir le site d’implantation spécifique à chaque filière technologique : solaire (Thermique et PV), éolien, etc… La SFI nous a rapporté que la Jordanie qui avait voulu imposer les sites de son programme éolien a connu un échec à cause de cela.

Il est seul à pouvoir évaluer les risques.

L’Algérie est classée aujourd’hui à la 18ème place à l’échelle africaine en matière de capacités installées. Pourtant, le pays a mis en place une panoplie de lois et textes réglementaires devant régir ce secteur, sans pour autant arriver à avancer dans ce domaine. Qu’en pensez-vous?

Je suis d’accord pour dire que nos ambitions en matière de développement des énergies renouvelables sont importantes. Mais la mise en œuvre est loin d’être précise. Nous avons certes élaboré beaucoup de textes qui ne sont d’ailleurs pas totalement finalisés (la mesure incitative pour le solaire thermique n’existe toujours pas alors que c’est notre principal potentiel). Nous nous sommes toujours contenus dans une sorte de mimétisme des autres pays européens. Il faut savoir qu’un mix énergétique n’est pas universel, chaque pays a sa spécificité. Le potentiel le plus important en Europe était l’éolien, mais la France qui avait le nucléaire a gardé sa spécificité et c’est seulement maintenant qu’elle se réveille pour aller au Photovoltaïque (PV). Nous avons vu qu’elle s’exporte dans ce domaine (projet en Inde).

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