Dans cet entretien, le président de l’UGCAA, M. Souilah, annonce la création de la fédération nationale des distributeurs de lait sous l’égide de l’Union. L’objectif étant de défendre leurs intérêts surtout que ces derniers ont été accusés d’être derrière la crise du lait. MSouilah révèle que cette crise est le résultat de la baisse, depuis quelques mois, des quotas de poudre de lait que l’ONIL livre mensuellement aux centrales laitières du secteur public et privé.
Algérie-Eco : la pénurie du lait continue à inquiéter les consommateurs dans la majorité des régions du pays. Les distributeurs de lait et l’ONIL se jette la balle concernant ce problème. Quel est votre version des faits ?
M.Souilah : L’UGCAA est là pour défendre les intérêts des commerçants mais aussi des consommateurs. Mais il ne faut pas cacher la réalité des choses, la crise du lait a été attribuée aux distributeurs alors que ces derniers sont innocents. L’Office national interprofessionnel du lait (Onil) ne cesse d’accuser les distributeurs d’être derrière cette crise, mais il est temps que ces derniers de se défendre et de riposter. Pour eux l’Onil ne veut pas dire la vérité, celle d’avoir revu à la baisse, depuis quelques mois, les quotas de poudre de lait qu’il livre mensuellement aux centrales laitières du secteur public et privé. Tous les distributeurs qui se sont présentés à l’Union disent la même chose, les quotas qui leur sont livrés ont été revus à la baisse. Ce n’est pas normal alors que les besoins des consommateurs sont de plus en plus importants.
Les distributeurs par exemple au lieu de livrer aux commerçants 80 caisses par jour, ils ne leur livrent que 50. Selon Soufiane Yahiaoui, représentant des distributeurs de LPS de la wilaya d’Alger, la laiterie de Birkhadem (Colaital) qui relève du groupe industriel des productions laitières (Giplait) a non seulement décidé de nous livrer que six jours sur sept, mais en sus elle a réduit le volume livrable aux détaillants. Le même problème a été soulevé par plusieurs distributeurs des wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès, Bouira et Béjaïa qui s’approvisionnent à partir de la SPA Laiterie de Draâ Ben Khedda. D’après eux, ils sont 94 distributeurs qui approvisionnent 103 réseaux de distribution mais depuis quelques semaines le quota de poudre de lait attribué par l’Onil à la laiterie qui les fournit, correspond à une production de 266 990 litres par jour, soit 2617 litres par réseau de distribution. Ce n’est plus suffisant pour approvisionner les commerçants et satisfaire les besoins des consommateurs.
On dit aussi que la poudre de lait subventionnée est détournée pour d’autres produits que le lait en sachet. Qu’en pensez-vous ?
C’est vrai que la tension sur le lait tire sa raison du fait que des volumes importants de poudre de lait, destinés à l’origine uniquement à la production exclusive du Lait pasteurisé en sachet se retrouvent détournés de leur vocation, autrement dits transformés en produits dérivés du lait comme par exemple les fromages et les yaourts. Mais les distributeurs s’en lavent les mains.
Ces derniers proposent que si l’on veut que le lait en sachet ne soit plus l’objet de tension, il faudra tout simplement abandonner la subvention de l’Etat sur la poudre de lait ou tout au moins produire localement de la poudre de lait. Aussi, en plus du maigre bénéfice qu’ils tirent tirons de leur activité, 0,90 DA par sachet de lait vendu, vient s’ajouter la réduction du volume de la poudre de lait réceptionné.
Les distributeurs de lait veulent se constituer en fédération pour se faire entendre. Que pouvez-vous nous dire sur le sujet ?
Les distributeurs de lait vont créer une fédération qui sera sous l’égide de l’UGCAA afin qu’ils puissent se faire entendre. La création de fédération au sein de l’Union a été instauré en 2015 et depuis nous comptons 175 fédérations jusqu’à présent et seront 176 avec l’arrivé de la fédération des distributeurs de lait. Le congrès constitutif aura lieu le 26 mars au siège de l’UGCAA.
L’Union générale des Commerçants et Artisans Algériens a toujours expliqué que cette pénurie du lait est du à la réduction de la quantité du poudre importé en premier lieu. Résultat, la production du lait par l’Onil a sensiblement baissé par rapport aux années précédentes. La quantité du lait pasteurisé a baissé à 500 000 litres par jour, le nombre de distributeurs du lait a aussi baissé, voire 80 distributeurs à Birkhadem.
Autre raison, nous déplorons la politique et la volonté des pouvoirs publics visant la promotion de la production du lait de vache dont le prix est plus élevé. Pour nous, cette nouvelle politique n’est pas une bonne solution, surtout pour les consommateurs à faible revenus qui ont du mal déjà à joindre les deux bouts.