« La part du continent africain dans le commerce mondial est d’environ 2%, ce qui montre la vulnérabilité du continent face aux chocs économiques extérieurs et aux politiques commerciales protectionnistes. L’idée de mettre en place la zone de libre-échange continentale date du traité d’Abuja instituant la Communauté économique africaine signé en 1992 », a déclaré ce mardi M. Merzak Belhimeur, directeur général des relations économiques et de la coopération internationale au Ministère des Affaires étrangères, lors d’une journée d’information sur la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECA), organisée au siège de l’Agence nationale pour la Promotion du Commerce Extérieur (ALGEX).
Il a indiqué que « le ministère des Affaires étrangères a été chargé par le premier ministre d’assurer la coordination des négociations dans le cadre d’une unité de gestion et de suivi des négociations. Cette unité est composée de représentants de l’ensemble des ministères concernés par ces négociations, dont le ministère du Commerce, en tant que négociateur en chef ».
Belhimeur a souligné que «dans ce cadre, des groupes de travail technique ont été mis en place pour suivre les négociations sur la base des thématiques techniques figurant dans le projet de la ZLECA », ajoutant « à cette fin, des ministères techniques ont été désignés ont fonction de chaque thématique. L’Unité de Suivi des négociations a tenu à ce jour 14 réunions au siège du ministère des Affaires étrangères ».
Concernant les négociations intergouvernementales, M. Belhimeur a rappelé que « le forum de négociation de la ZLECA a tenu 10 ronds de négociation, dont la dernière s’est déroulée à Kigali. Ces ronds ont abouti à l’adoption du l’accord de la ZLECA constitué de l’accord-cadre portant l’établissement de la zone de libre-échange continentale africaine, le protocole sur le commerce des marchandises, le protocole sur le commerce des services et le protocole sur les règles et procédure de règlement des différends ».
Il a indiqué que « le point d’ordre de ce processus de négociation qui aura duré près de deux années, sera le sommet extraordinaire de l’Union Africaine le 21 mars à Kigali pour l’adoption de ces instruments juridiques. Les négociations se produiront après le sommet de Kigali dans le cadre d’un programme de travail sur la mise en œuvre de la ZLECA », poursuivant « allant de fin mars 2018 à janvier 2019, ce programme trace le cadre dans lequel vont se poursuivre les négociations sur les listes d’engament en matière de marchandises et de services à libéraliser ou éventuellement à exclure ».
L’objectif cette journée d’information est d’impliquer les opérateurs économiques dans ce processus de négociation. Cette journée est aussi une journée de concertation des opérateurs.
De son côté, M. Saïd Djellab, directeur général au Ministère du Commerce et négociateur en chef, a indiqué que « la première phase des négociations consistait à mettre les bases de gestion et de préparation de l’intégration de l’Algérie dans cette zone de libre-échange ».
Evoquant le marché africain, M. Djellab a rappelé qu’ « il connait une concurrence féroce entre les différentes puissances économiques, comme la Chine, l’Inde ou la Turquie. Il se caractérise par une multitude de communautés économiques régionales, une dépendance à 60% des marchés extérieurs et par une faiblesse des échange entre pays africains qui ne dépassent pas les 10 à 12% »
Concernant les groupes de travail, M. Djellab a indiqué que « l’objectif de ces groupes est de faire disparaitre progressivement tous les obstacles au commerce interafricain ».
En effet, après la levée de ces obstacles, la libéralisation des marchandises sera le premier point de discussion, suivra ensuite une négociation sur la libéralisation des services. Le groupe chargé de négocier la libéralisation des marchandises, sera accompagné par le groupe chargé de définir une règle d’origine africaine. Cette règle d’origine permet aux marchandises de bénéficier des exonérations de droits de douanes. « Tous ces aspects sont une extrapolation des accords de l’OMC en matière de conformité », a-t-il souligné.
S’agissant du protocole sur les services de la ZLECA, M. Ali Bouhraoua, directeur de la coopération au Ministère des Finances, a indiqué que « ce protocole vise à établir un cadre continental des principes et règles qui vont régir le commerce des services dans la zone de libre-échange continentale », joutant «il vise donc à créer un marché commun qui offre les opportunités dans tous les secteurs. C’est un protocole qui vise progressivement la libéralisation des services et il s’est inspiré des grands principes de l’accord général sur le commerce des services de l’OMC ».
Parmi les principales dispositions de ce protocole, on note le principe de la nation la plus favorisée consistant à assurer un traitement non moins favorable à tous les fournisseurs de services de tous les Etats-parties. C’est le principe de non-discrimination des partenaires. Toutefois, ce principe comporte des exceptions, portant notamment sur les préférences déjà convenues avec une tierce partie avant l’entrée en vigueur de la ZLECA.
Par ailleurs, les échanges commerciaux entre l’Algérie et les pays africains s’élevaient en 2017 à 2,99 milliards de dollars, selon les chiffres avancés par ALGEX. En 2017, l’Algérie a exporté vers l’Afrique pour 1,79 milliard de dollars, dont 197 millions de dollars hors hydrocarbures.
Les hydrocarbures représentent 89% des exportations du pays vers l’Afrique, soit 1,59 milliards de dollars. S’agissant des importations, l’Algérie a importé des pays africains 1,203 milliard de dollars en 2017.