Dans cet entretien, l’expert en économie M. Lamiri commente les dernières déclarations du vice président de la banque d’Algérie concernant le financement non conventionnel. Pour MLamiri, la somme révélée par le vice président devrait suffire pour combler le déficit du budget 2018, il faudrait, selon lui, aller progressivement vers l’équilibre. Concernant l’impact du financement non conventionnel sur le dinar, MLamiri estime que ce dernier va se ressentir à moyen terme et il sera limité.
Algérie-Eco : La planche à billet fait encore parler d’elle. La Banque d’Algérie dévoile la quantité d’argent créée. Plus de 2.000 milliards de dinars de monnaie ont été créés au 30 novembre 2017 dans le cadre du financement non conventionnel. D’abord que pensez-vous de ce chiffre ?
MLamiri : Normalement cette sommes devrait suffire pour combler le déficit du budget 2018 il faudrait alors aller progressivement vers l’équilibre. Les détracteurs de l’opération exagèrent les conséquences. Cela va dépendre de l’utilisation de ces ressources et les canaux utilisés. Si ce sont des crédits bancaires pour booster l’activité économique les conséquences seront minimes. Selon mes calculs cela induira entre 4 et 5% d’inflation supplémentaire. Il vaut mieux ceci que l’endettement international. Les économistes savent que les citoyens veulent des services publics de qualité et la gratuité sans être taxés. Ceci est impossible. Le résultat serait une émission monétaire (qui est une taxe invisible). Dans notre contexte ou c’est cette alternative ou c’est l’endettement. Et la seconde alternative est dangereuse.
Est-ce que vous partagez l’avis du vice gouverneur de la banque d’Algérie qui dit que le recours au financement non conventionnel ne va pas, à court termes, impacter directement la valeur du dinar?
L’impact va se ressentir à moyen terme et il sera limité. Mais on aura des conséquences. A savoir si l’inflation Européenne sera de 2% on aura une réduction de la valeur du dinar maximale de 2 à 4%. Ce qui est un prix à payer pour garder un niveau élevé de dépenses sans aller vers l’endettement extérieur. Il y aura un faible impact.
Le dinar continue sa dépréciation pourquoi à votre avis? Est-ce une bonne ou mauvaise chose pour notre économie?
A mon avis, pour le moment la dépréciation du dinar est surtout due à une série d’anticipations sur le devenir de l’économie algérienne : inflation, niveau des prix des hydrocarbures et évolution de la situation économique dans son ensemble. Dans l’ensemble, il apparaît aux observateurs que nous ne sommes pas entrain de faire les choses comme il le faut. Alors nous serons encore trop dépendants du marché de l’énergie pour de nombreuses années encore. La valeur de la monnaie reflète également la confiance des opérateurs et des analystes dans l’avenir de l’économie. Mais il y a des tas d’autres facteurs qui jouent pour déterminer la valeur d’une monnaie.