Quel est le coût du développement ? Cette question est au cœur du travail du personnel de la Banque mondiale, partout dans le monde. Un nouvel outil rejoint aujourd’hui la panoplie d’instruments conçus pour aider les institutions de développement, les gouvernements, les investisseurs et le secteur privé à réduire au maximum le coût social et environnemental du développement.
Cet outil, c’est une définition clarifiée de la notion de « parc éco-industriel ». Ces écoparcs ne sont pas nouveaux : on en recense près de 250 actuellement dans le monde, en activité ou en cours de développement, qui se sont attribué d’eux-mêmes ce label vert (contre moins de 50 en 2000). Mais jusque-là, aucune définition consensuelle ne permettait à la communauté internationale de s’accorder sur leurs caractéristiques.
Le Groupe de la Banque mondiale, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et la Société allemande pour la coopération internationale (GIZ) ont mis un terme à ce flou en publiant ensemble le premier cadre international pour les parcs éco-industriels. Dans un ouvrage qui vient de paraître, intitulé An International Framework for Eco-Industrial Parks (a), ces trois organisations établissent les paramètres minimaux à respecter en termes de performances environnementales, sociales et économiques pour obtenir le label « écoparc industriel ».
« Nos trois organisations ont souhaité poser ensemble des jalons pour l’adoption d’une vision commune des parcs éco-industriels, que chaque pays pourra utiliser et adapter en fonction de ses besoins », explique Ceyla Pazarbasioglu, directrice principale du pôle mondial d’expertise en Finance, compétitivité et innovation de la Banque mondiale. « Nous espérons que ce cadre commun comblera le vide actuel entourant la définition des écoparcs industriels et contribuera à leur multiplication dans le monde. »
Un parc industriel type regroupe des entreprises dans un lieu dédié, qui vont ainsi optimiser leur propre efficacité tout en ayant accès à des possibilités de collaboration. Mais la concentration de l’activité économique sur un seul site peut aggraver les impacts environnementaux et sociaux négatifs qui en découlent — pollution, émissions de gaz à effets de serre ou mauvaises conditions de travail.
Le cadre présenté dans cet ouvrage organise en quatre grandes catégories les exigences minimales à respecter par les écoparcs industriels :
- performances de gestion ;
- performances environnementales ;
- performances sociales ;
- performances économiques.
Par principe, les parcs éco-industriels doivent respecter toutes les réglementations, locales et nationales, en vigueur. Ils doivent également satisfaire un niveau minimum d’attentes fixées dans ce cadre.
« Ce cadre pour les écoparcs industriels s’efforcer de trouver un équilibre entre pertinence et faisabilité des exigences de performance », souligne Etienne Kechichian, spécialiste senior du secteur privé à la Banque mondiale. « Ces exigences doivent être suffisamment utiles pour faire la différence dans les domaines clés mais elles ne doivent pas être restrictives au point d’empêcher certains sites industriels en plein essor de prétendre au label ‘écoparc’ ».
L’impact bénéfique potentiel de la généralisation du modèle de parc éco-industriel trouve sa démonstration en République de Corée, où 1 000 entreprises opérant dans des secteurs aussi divers que la construction automobile, la construction navale ou le raffinage du pétrole se sont installées avec succès dans le parc industriel Mipo et Onsan à Ulsan. Ensemble, elles emploient 100 000 personnes et composent la capitale industrielle du pays.
Le site s’inscrit dans les efforts de transformation durable des complexes industriels traditionnels déployés par les pouvoirs publics. Les entreprises qui s’y sont regroupées ont investi quelque 520 millions de dollars dans l’efficacité énergétique, la symbiose industrielle, la gestion des déchets et d’autres optimisations respectueuses de l’environnement. À ce jour, ces investissements ont permis d’épargner 554 millions de dollars, les entreprises affichant 91,5 milliards de dollars de recettes.
Stimulées par un investissement de l’État de 14,8 millions de dollars, les entreprises de l’écoparc ont réduit leurs émissions de CO2 de 665 712 tonnes, réutilisé 79 357 tonnes d’eau et économisé 279 761 tonnes d’équivalent pétrole pour leur consommation d’énergie sur la période 2015-16. En redorant l’image associée aux complexes industriels, jugés polluants, ces évolutions ont permis d’améliorer les relations avec les communautés locales.
Le parc éco-industriel Mipo et Onsan d’Ulsan permet de comprendre comment ces sites peuvent surmonter les contraintes associées à un développement industriel inclusif et durable. Il s’agit de zones à vocation industrielle qui parviennent à assurer une croissance durable en intégrant des normes de qualité sociale, économique et environnementale. Offrant tous les avantages de parcs industriels classiques, ils ont par ailleurs l’intérêt d’utiliser les ressources de manière plus efficiente, d’améliorer la productivité, de faciliter l’atteinte des objectifs de responsabilité sociale des entreprises et d’atténuer l’exposition aux risques découlant du changement climatique.
Si les obstacles à la conception et à l’installation de nouveaux sites éco-industriels ou à la modernisation des parcs existants sont nombreux, l’un des plus importants tient à l’absence d’indicateurs clairs ou de normes internationales de référence pouvant étayer ce processus. C’est précisément ce qui a motivé la publication de ce nouveau document de travail.
Source W.Bank