Pour faire face à la crise économique qui frappe l’Algérie depuis 2014, en raison de la baisse brutale des prix de l’or noir, principale ressource financière du pays, le gouvernement algérien a décidé, dans un premier temps, de réduire les importations en mettant en place les régimes de licences.
Et plus récemment, le gouvernement a dressé une liste de 851 produits interdits à l’importation. A ce effet, le ministre du Commerce, M. Mohamed Benmeradi, a décidé d’évaluer cette liste dans trois mois.
Interrogé à ce propos, M. Souhil Meddah, financier et directeur général du cabinet RMG Consulting, a indiqué que « les licences d’importation adoptées avant n’ont pas donné les résultats espérés et le bilan a été fait tardivement, d’où la déclaration du ministre du Commerce », ajoutant « dans ce même paradigme, le ministre cherche à éviter d’éventuels écarts entre la mise en place d’une procédure et son évaluation future, pour garder un œil sur l’évolution de la procédure, afin de savoir si elle donne des résultats positifs ou non ».
« D’autre part, Il faut prendre en compte d’autres aspects intérieurs, comme l’emploi, la consommation, la demande et l’impact sur le marché intérieur qui se traduira par des augmentations des prix, voire même aboutir à une situation inflationniste. En effet, les paramètres actuels sont plus orientés vers une situation inflationniste et le marché noir. Aussi, l’exécutif sera très prudent sur ses décisions et de les évaluer au fur et à mesure », a-t-il indiqué.
M. Meddah pense que « le nombre de produits de cette liste ne va pas augmenter, notamment, si certaines positions ou des familles de produits qui, après leur interdiction, vont générer des bouleversements sur le marché intérieur, le gouvernement pourrait les retirer de cette liste ».
M. Meddah considère que « le délai de trois mois est trop peu, d’un point de vue administratif. Mais au regard de la réaction du marché, c’est une période durant laquelle l’inflation augmente, avant de se stabiliser », ajoutant « c’est ce paramètre qui est pris en considération » par le ministère du Commerce.
Le gouvernement a justifié cette décision de soumettre des produits au régime de restrictions par sa volonté de rétablir l’équilibre de la balance des paiements. A cet égard, M. Meddah pense que « l’autre moyen de rétablir la balance des paiements est de booster les exportations hors hydrocarbures, ce qui nécessite beaucoup d’investissements ».
En soulignant que « cette décision de limiter ou d’interdire les importations fait partie d’une volonté d’équilibrer la balance commerciale, mais son impact en termes de valeur pourrait être entre 1 à 2 milliards de dollars »,
Notre interlocuteur ajoute que «ce sont les facteurs exogènes, comme le prix du baril et le niveau des réserves de changes qui vont jouer un rôle important dans cette appréciation ou évaluation. Mais l’influence de ces familles de produits sur l’équilibre de la balance des paiements n’est pas significative ».
Interrogé sur les conséquences de cette décision, M. Meddah a rappelé que « certains produits sont consommables et d’autres sont assimilables à devenir des intrants. Mais l’évaluation qui se fera dans trois mois, pourra corriger certains aspects, parce que la réaction du marché sera immédiate. C’est une décision administrative qui devra être alignée sur des facteurs qui se manifestent dans le marché réel ».
M.Meddah poursuit «au regard des décisions prises durant les 24 derniers mois, notamment l’année dernière, c’étaient des décisions à titre réactif, prises par rapport à la situation économique. On ne peut pas traiter le commerce extérieur d’une façon administrative, puisqu’il est basé sur le principe des échanges et pas sur les restrictions ».
L’expert financier pense que « l’industrie nationale n’a pas été préparée pour prendre le relai, elle est rattachée à la volonté d’investir et à la demande nationale ».