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Le dirham marocain commence à flotter

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Le nouveau régime de change du dirham, plus flexible, est entré en vigueur lundi après des années de discussions, une réforme encouragée par le Fonds monétaire international (FMI) qui vise à renforcer la « résilience et la compétitivité » de l’économie marocaine.

Les autorités marocaines préfèrent parler de « flexibilité des changes », plutôt que de libéralisation pour cette réforme qui a suscité des inquiétudes sur les risques de dévaluation et d’augmentation du coût des importations.

Pour contrecarrer d’éventuelles spéculations sur le dirham, les autorités ont attendu la fermeture des salles de marchés pour annoncer, vendredi en fin de journée, le lancement de ce processus de libéralisation progressive et contrôlée.

Le processus a démarré de manière « maîtrisée, sans accrocs ni tension sur le marché », a rapporté lundi le site d’information Médias 24, après consultation de plusieurs salles.

La banque centrale marocaine, Bank Al-Maghrib, continue de fixer le cours du dirham sur la base d’un panier représentatif de l’euro et du dollar, à raison respectivement de 60% et 40%, mais avec une marge de flexibilité beaucoup plus importante. La bande de fluctuation est ainsi passée de 0,3% à 5% (2,5% dans chaque sens). Cela « signifie que la valeur du dirham par rapport à l’euro et au dollar va varier selon une bande de 2,5%, selon les humeurs du marché et le montant de devises étrangères mis à disposition (…) par la banque centrale », explique à l’AFP l’économiste et universitaire marocain, Mehdi Lahlou.

La libéralisation totale du dirham devrait s’étaler sur une quinzaine d’années, selon des médias marocains.

La libéralisation partielle vise à « améliorer notre compétitivité et renforcer notre résilience », s’est félicité vendredi le ministre de l’Economie et des finances, Mohammed Boussaid. Elle est « entamée dans des conditions favorables marquées par la solidité du secteur financier (…), un niveau approprié des réserves de change et une inflation maîtrisée », a assuré son ministère dans un communiqué.

L’ancien régime fixe, adopté depuis les années 1980, « est de moins en moins adapté » dans un contexte « de plus grande ouverture à l’international », a affirmé Bank Al-Maghrib dans une vidéo destinée à expliquer cette « réforme de taille ».

Initialement prévu pour juillet dernier, le passage à un nouveau régime de change avait été retardé sine die par le gouvernement, qui disait vouloir « procéder à des études supplémentaires ».

A la veille du report, la presse marocaine évoquait des « spéculations » contre le dirham et des « inquiétudes » sur les risques de dévaluation.

Le FMI a dit « soutenir pleinement l’intention des autorités d’assouplir progressivement le régime de change », en soulignant que l’économie marocaine serait « mieux à même d’absorber les chocs extérieurs et préserver sa compétitivité ». Mais de nombreuses voix disent appréhender une dépréciation du dirham, avec à la clef une augmentation des coûts des importations, notamment des produits énergétiques.

Dépourvu de réserves en hydrocarbures, le Maroc doit en effet importer massivement pour répondre à sa demande intérieure. La balance commerciale du royaume reste, elle, structurellement déficitaire. « Ce qui serait attendu, c’est une baisse progressive de la valeur du dirham par rapport aux monnaies internationales principales, qui aura pour conséquence directe un renchérissement des importations », estime M. Lahlou.

Selon lui, « les importations se feront à un coût plus élevé, qui sera nécessairement répercuté sur le marché intérieur (…). Le pouvoir d’achat de la classe moyenne et des catégories les plus vulnérables en sera fortement affecté ».

L’économiste marocain Najib Akesbi, cité par la presse, a évoqué une opération « risquée » avec comme possible scénario « une demande insuffisante du dirham face à une offre excédentaire ».

L’exemple de l’Egypte, où le passage à un régime de change flottant a été suivi d’une dévaluation de sa monnaie et d’une inflation record, reste dans tous les esprits. Mais pour les autorités monétaires du royaume, la réforme a été élaborée de façon « volontaire », contrairement à l’Égypte qui était dans une situation de « crise de change ».

Afp

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