La LADDH (Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme) alerte dans un communiqué qui nous est parvenu sur « le traitement et les arrestations massives de migrants clandestins algériens par les forces de police dans les villes européennes ».
Le communiqué met l’accent sur « une atrocité et des actes hautement inhumains infligés aux hommes, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux en témoignent des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants émaciés et traumatisés, empilés les uns sur les autres, enfermés dans des hangars sans accès aux nécessités les plus élémentaires et dépouillés de leur dignité humaine ».
En citant « Mohamed Bouderbala, retrouvé mort le 29 décembre 2017, les autorités sécuritaires espagnoles ont déclaré que l’autopsie avait révélé que le migrant algérien était mort après s’être pendu à l’aide d’un drap, cependant les images postées par des témoins montrent que le défunt a été violenté à coups de matraque ».
En poursuivant « le mardi 02 janvier 2018, lors d’une conférence de presse organisée à Malaga par la Plateforme citoyenne contre le centre de rétention d’Archidona, son frère Ahmed Boudarbala a affirmé que son frère n’était pas suicidaire. « J’étais en contact avec mon frère tous les jours, je l’appelais, il se plaignait de la nourriture et du froid, mais pas de la vie » avait déclaré le frère du défunt ».
En ajoutant que « selon Ahmed, son frère et d’autres migrants ont été frappés par la police en charge d’Archidona, dans les heures qui ont précédé sa mort. Des proches d’autres personnes retenues dans le centre ont également accusé la police de violences, en particulier à l’égard de migrants qui auraient manifesté contre leur situation, proche d’un régime carcéral, selon la plateforme. Selon le porte-parole Daniel Machuca, les migrants ont dénoncé auprès de leurs proches leurs mauvaises conditions de vie, notamment l’absence d’eau chaude ».
Ces tensions ont abouti à une intervention répressive violente de la police jeudi 28 décembre 2017, dont témoignent plusieurs migrants algériens.
Selon le journaliste espagnol, Sergio Rodrigo, qui travaille pour le journal El Mediterraneo, le jeune Mohamed Bouderbala aurait succombé à ses blessures après avoir reçu plusieurs coups assénés par des agents de police anti-émeute espagnols.
Le ministre algérien de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, a fait savoir, que le parquet algérien a ouvert une enquête pour faire la lumière sur la mort suspecte d’un ressortissant algérien en Espagne et l’assassinat de deux autres en France.
Des abus fréquents face à l’inertie des autorités algériennes
Face à la gravité des faits, explique le communiqué « la LADDH ne peut pas continuer à fermer les yeux sur les horreurs inimaginables subies par les migrants clandestins algériens en Europe, ainsi l’on est tenté de dizaine de fois de demander que les institutions de l’union européenne prennent en compte et appliquent le respect des droits de l’homme ».
La LADDH précise qu’ « on ne connaît pas le nombre exact de détenus alors que les autorités consulaires ont justement pour tâches, entre autres, l’assistance aux personnes de nationalité Algérienne et ce conformément aux dispositions des articles 5, 36 et 37 de la Convention de Vienne du 24 avril 1963 sur les relations consulaires. Il est à noter aussi que certains pays font preuve d’un manque de coopération sur cette question quand ce n’est pas les Algériens qui refusent de donner leur réelle identité aux autorités des pays dans lesquels ils se trouvent de peur d’être extradé et de finir en prison en Algérie, comme, c’est le cas des Harragas »
Cependant en absence de statistiques officielles, la LADDH a tenté de cerner le chiffre de ressortissants Algériens détenus à l’étranger en se basant sur les informations partielles collectées auprès des familles de détenus, dans les rapports des O.N.G.
Le communiqué précise que « ces informations restent surement incomplètes et exigent plus d’efforts pour cerner de plus près ces chiffres ». Selon les données recueillies par l’organisation des Droits de l’homme plus de 18000 algériens sont détenus en Europe répartis comme suit : 7000 détenues Algériens en France. Plus de 4500 en Espagne. Plus de 2500 personnes en Italie. Plus 1500 en Belgique. Plus 2300 en Allemagne. Plus de 150 en Grèce. Et enfin, plus de 200 détenus Algériens en Grande- Bretagne ».
Les Algériens détenus à l’étranger sont accusés pour 74% d’entre eux de présence illégale sur le territoire (harragas), 17% pour des infractions de droit commun, 5 % pour des infractions liées aux produits stupéfiants et 4% d’appartenance présumée à un groupe terroriste.
La LADDH fait remarquer que « ces détenus sont parfois victimes de soupçons infondés et demande le droit de visite consulaire et l’obtention rapide des détails du déroulement des procédures judiciaires ».
Pour ce qui des conditions de détentions, la LADDH met l’accent sur « certains lieux de détentions insalubres, inhumains et dégradants. Aucune séparation entre les détenus pour prévenir les abus (physiques et sexuels). Manque d’assistance juridique et de service médical régulier. Dans certains lieux de détentions, les mauvaises conditions d’hygiène et l’absence d’installations d’assainissement ; et, des systèmes de chauffage ».