« Dans l’économie algérienne, les entreprises ont tendance, soit à s’autofinancer notamment dans le secteur privé, soit à s’orienter vers les banques. Cela reste l’axe majeur, puisque pratiquement 90% de notre économie est financée par le secteur bancaire. Mais Il est temps aujourd’hui que d’autres relais puissent intervenir pour aider le secteur bancaire à financer les entreprises et l’économie nationale », a déclaré ce mardi M. Yazid Benmouhoub, Directeur Général de la Bourse d’Alger, lors d’une matinée d’information sur comment la Bourse d’Alger peut être un levier de financement pour les PME, organisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie CCI Mezghena, au siège de l’agence ALGEX, à Alger.
Il a rappelé que « la Bourse d’Alger va clôturer ses vingt ans d’existence pour une participation dans le PIB national, avec un taux vraiment très insignifiant qui est autour de 0,001%. Aujourd’hui, nous voulons faire de la Bourse un moyen de financement pour les PME ».
Benmouhoub a précisé qu’ « entre 2000 et 2014, l’économie nationale était dans un confort en termes de financement, puisque il y avait beaucoup de liquidités. Le secteur bancaire avait beaucoup d’argent et les pouvoirs publics avaient mis en place, dans le cadre des programmes quinquennaux, des bonifications des taux d’intérêt permettant de bénéficier de crédits d’investissement »,
Ajoutant «la banque d’Algérie avait mis des mécanismes d’absorption de la liquidité. Depuis 2014, la situation a totalement changé. Les banques sont devant un stress financier et un stress de liquidité. Dans ce contexte, la Bourse d’Alger joue un rôle d’accompagnement pour faire baisser la pression qui est exercée sur les banques ».
Il est revenu sur le rôle de la bourse, «la bourse est un marché avec des acheteurs et des vendeurs des actions et des obligations. Nous faisons appel à des entreprises ou particuliers qui ont un excédant ou une épargne pour aider les entreprises avec un besoin de capitaux. La bourse st ouverte aux PME, à condition qu’elles soient des sociétés par actions ».
La bourse d’Alger compte 11 intermédiaires constitués par toutes les banques publiques qui peuvent accompagner les entreprises dans les procédures d’introduction en bourse. Nous avons également deux banques privées, Société Générale Algérie et BNP Paris El Djazair, ainsi que Al Salam Bank et la banque Al baraka qui sont à vocation islamique auxquelles on a accordé l’agrément dans la perspective de lancement à l’avenir d’une finance dite sharia compatible ».
Benmouhoub est revenu sur les conditions d’accès à la bourse, notamment pour les PME, en précisant que «la PME doivent être une société par actions, dotées d’un capital de moins de 500 millions DA. Elle doit également ouvrir 10% de son capital, acquis au minimum par 50 actionnaires ou par trois entreprises et signer un contrat de 5 ans avec un promoteur en bourse».
Il a rappelé les avantages d’une introduction en bourse, en précisant que «la bourse permet aux entreprises d’augmenter les capacités d’endettement. Elle offre également des avantages fiscaux, tels que la réduction de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) sur 5 ans proportionnellement aux taux d’ouverture du capital et une exonération de 5 ans sur les plus-values de cessions »,
En poursuivant « l’introduction en bourse offre aux actionnaires une exonération totale de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) et de l’impôt sur le revenu global (IRG) sur les dividendes perçues. Ils sont également exonérés des droits d’enregistrement sur les transfert de propriété ».
- Benmouhoub a indiqué que «la liquidité bancaire à baissé de 64% des mécanismes d’injection de liquidités avec un coût de 3%, ce qui entraine une hausse du coût du crédit ».
Lors de cette journée d’information, une convention a été signé entre la Bourse d’Alger et la Chambre de Commerce et d’Industrie Mezghena permettant d’accompagner les adhérents de la chambre.
De son côté M. Maameri Yacine, Diredteur Général de El Djazair Istithmar , une société de capital investissement a précisé que « nous sommes dans une économie d’endettement où le gros du financement est assuré par le secteur bancaire et non par le marché ».
Les entreprises ayant un besoin de financement disposent de plusieurs sources pour se financer, tels que le capital investissement « qui a pour objet de prendre des participations dans le capital social d’une entreprise non cotée par des apports minoritaires et temporaires », a-t-il précisé. Avant d’ajouter « cette participation ne devrait pas dépasser 41% du capital ou 49% du coût du projet. C’est une prise de participation dans laquelle nous prenons le caractère d’un associé, d’un partenaire financier, contrairement à une banque qui accorde un crédit ».
Tous les participants à cet événement s’accordent à dire que le caractère familial des PME en Algérie et les formes juridiques qu’elles prennent, à savoir Eurl et Sarl, les empêchent d’intégrer la bourse pour lever des fonds.