L’industrie du transport aérien poursuit son développement exponentiel et son bénéfice net devrait considérablement gonfler en 2018, mais le défi majeur reste la maîtrise des coûts avec les prix du kérosène qui grimpent.
Le bénéfice net de l’industrie du transport aérien mondial devrait augmenter de près de 11% en 2018 pour atteindre 38,4 milliards de dollars (32,4 milliards d’euros) contre 34,5 milliards prévus en 2017, les compagnies américaines pesant pour près de la moitié de ces profits, a estimé mardi l’Association internationale du transport aérien (IATA) lors d’une conférence de presse. « Une forte demande, une meilleure efficacité et des taux d’intérêt réduits vont contribuer à l’amélioration de la rentabilité des compagnies en 2018 malgré des coûts (opérationnels, ndlr) en hausse », a précisé l’organisation, qui regroupe plus de 250 compagnies aériennes.
« Les choses vont bien pour l’industrie du transport aérien (…) De plus en plus de personnes voyagent. La demande en cargo est à son plus haut niveau depuis plus d’une décennie. De nouvelles liaisons sont ouvertes. Les compagnies atteignent des niveaux durables de profitabilité », s’est félicité Alexandre de Juniac, le directeur général de l’IATA.
Il a cependant mis en garde contre les « défis sur le front des coûts du prix du fuel et des dépenses en main d’œuvre et en infrastructures ».
Les prix du kérosène pour les avions devraient, selon l’IATA, augmenter de 12,5% en 2018, et les pays ayant de faibles niveaux de couverture (par l’achat de fuel en avance à des prix plus avantageux, ndlr) pour se protéger contre cette hausse, comme les Etats Unis et la Chine, pourraient ressentir l’impact de cette augmentation plus rapidement que d’autres régions du monde comme l’Europe.
En Amérique du Nord, les compagnies devraient engranger 16,4 milliards de dollars (13,8 milliards d’euros) en 2018 (contre 15,6 milliards de dollars en 2017).
L’Europe arrive en deuxième position avec un bénéfice net prévu de 11,5 milliards de dollars (contre 9,8 milliards en 2017). Elle est suivie par la région Asie-Pacifique (9 milliards contre 8,3 milliards en 2017), l’Amérique latine (900 millions contre 700 millions) et le Moyen-Orient qui devrait doubler son bénéfice pour passer de 300 millions de dollars en 2017 à 600 millions.
L’activité de l’industrie en Afrique reste en revanche déficitaire et devrait comme en 2017 afficher des pertes de 100 millions de dollars.
Globalement, le secteur du transport aérien est particulièrement sensible aux « problèmes géopolitiques », a souligné M. de Juniac. Il a en particulier mis en garde contre les tentations de « protectionnisme », citant en exemple le Brexit, « possible résultat » de cette tendance. « La fermeture des frontières, pour l’industrie du transport aérien, c’est un désastre », a-t-il ajouté.
Le Brexit, qui devrait être effectif en mars 2019, a poussé la compagnie britannique easyJet à créer une nouvelle compagnie basée en Autriche pour être sûre de pouvoir continuer à voter sans entrave dans l’Union européenne après la sortie du Royaume Uni de l’UE.
M. de Juniac a appelé les gouvernements à trancher sur cette question « au plus tard en octobre 2018 », les compagnies aériennes prévoyant leurs programmes de vols six mois à l’avance.
Sur le plan de la sûreté, l’IATA a souligné « l’importance cruciale de normes internationales », estimant que si le transport aérien était le moyen de transport le plus sûr, « les menaces pour l’aviation sont réelles ».
Le directeur général de l’organisation a par ailleurs une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme sur les questions des infrastructures aéroportuaires et de la gestion du trafic aérien face à l’explosion du trafic.
D’ici 2036, le nombre de passagers transportés dans le monde devrait atteindre 7,8 milliards par an, contre 4 milliards prévus pour 2017, selon les projections de IATA.
Afp