Le monde numérique a été bouleversé ces dernières années par le développement rapide de la blockchain, rendu possible grâce à la monnaie virtuelle comme le Bitcoin, son application la plus connue. C’est dans ce contexte que le think tank algérien CARE a organisé ce lundi une conférence placée sous le thème de « l’apport de blockchain et de la crypto-monnaie à l’économie numérique en Algérie », à l’hôtel Sofitel d’Alger.
Nassim Belouar, expert en cyber monétique et co-fondateur de Blockchain Algeria, définit la blockchain comme étant « un grand registre distribué qui est basé sur la technologie de pair à pair, de partage et de stockage des données. Elle est infalsifiable et assure la confidentialité des données grâce à la cryptographie », ajoutant « cette nouvelle technologie promet une révolution de confiance en configurant un modèle socio-économique dans le quel on aura plus besoin du tiers de confiance ».
Pour M. Redouane Lebik, consultant et co-fondateur de Blockchain Algeria, « La blockchain a permis l’émergence d’un écosystème basé sur l’économie du partage, de la décentralisation et de la désintermédiation. Nous pensons que cette technologie va s’imposer d’elle-même, parce qu’elle a un impact qui est comparable à celui de l’internet».
« La bockchain dépasse le champ de la crypto-monnaie, car elle peut trouver son intérêt dans les banques et les institutions financières, ce qui permet d’enregistrer les échanges. Elle trouve également son intérêt dans l’éducation pour enregistrer les diplômes, ainsi que dans le domaine de la propriété intellectuelle », a souligné Mme Anissa Babaci, Directrice des partenariats étrangers et acquisitions chez MacirVie. Elle a précisé que « les assureurs sont intéressés à la blockchain, parce qu’elle permet d’exécuter un contrat sans intermédiaires et de façon sécurisée ».
Interrogé sur les applications de la blockchain en Algérie, M. Belouar, a indiqué que « le développement de la blockchain en Algérie permettra d’accélérer le processus de diversification de l’économie algérienne, car elle pourrait être utilisée dans le domaine de la santé en enregistrant les données médicales des citoyens, ce qui permet de réduire les risque d’erreurs médicales », poursuivant « cette technologie permet également aux jeunes porteurs de projet de lever des fonds, ce qui va accélérer le processus de création de start-up ».
Concernant l’interdiction des monnaies virtuelles introduite dans la loi de Finances 2018, M. Lebik a souligné que « nous devrions regarder ce que font les pays voisins », citant l’exemple de la Tunisie qui « a une démarche de faciliter la tâche aux Tunisiens qui voudraient investir en crypto-monnaie, et la Tunisie a lancé un site sur lequel sont répertoriés tous les vendeurs de crypto-monnaie ».
Il a indiqué que « d’autres pays du Golf comme l’Arabie Saoudite et le Bahreïn utilisent la monnaie virtuelle en ouvrant des comptoirs de crypto-monnaies. Le Bahreïn s’est récemment distingué par l’introduction de sa banque ABC Banque dans une blockchain de type consortium appelé R3. Dubaï a aussi crée sa propre crypto-monnaie Emcash ».
« Les crypto-monnaies ont capitalisé plus de 200 milliards de dollars, avec plus de 300.000 transactions par jours, soit plus de 60.000 personnes qui s’échangent des crypto-monnaies dans le monde », a précisé M. Belouar.
Il a souligné qu’« en Algérie, les crypto-monnaies ne sont pas achetés par cartes bancaires mais en utilisant le cash, ce qui complique l’interdiction des monnaies virtuelles », tout en rappelant que « le pays compte plus de 200 Bitcoins ».
Par ailleurs, les blockchains ont été initialement développées comme la méthode de comptabilité pour la crypto monnaie Bitcoin. Mais elles sont devenues aujourd’hui une variété d’applications commerciales.