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Hichem Baba Ahmed, Expert en Marketing : «Les Startups pourront aider le marché informel à devenir formel»

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A l’occasion de l’organisation de «Techstars Startup Weekend au Cyberparc Sidi Abdallah, ce jeudi 09 novembre, dédié aux startups algériennes. M. Hichem Baba Ahmed, Expert et Enseignant en Marketing à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales d’Alger, insiste dans cet entretien, qu’il a accordé à Algérie-Eco, sur l’importance des Startups dans le développement économique du pays, en mettant en lumière, la situation actuelle et l’avenir de ce genre d’entreprises, ce qui a été fait pour leur développement en Algérie, ainsi que, l’importance d’encourager les jeunes à aller vers l’entrepreneuriat et développer leurs idées de projets.

Algérie-Eco : Selon vous, c’est quoi une Startup et quelle est son importance dans un environnement économique?

Hichem Baba Ahmed: Une Startup est une entreprise de petite taille, plus facile à créer et ne demande pas beaucoup de ressources financières, et les jeunes peuvent facilement accéder à cette forme de création d’entreprises. Les nouveaux diplômés au lieu d’occuper des postes d’emplois, peuvent développer leurs idées de projets en lançant des Start-ups, bien sûr, après avoir fait une étude de marché pour savoir si leur projet est faisable. La Startup permet de se lancer dans un projet à deux où à trois personnes de différents domaines (informaticiens, licence commerciale…etc.). Parce qu’au niveau de la Startup, c’est en même temps, des associés et des cadres qui travaillent chacun dans son domaine et qui vont additionner les efforts, afin qu’ils puissent créer de la valeur ajoutée, et pour traduire l’idée de départ en chiffre d’affaires. A condition bien sûr, que l’idée réponde à des besoins spécifiques du marché.

La différence entre la Startup et la grande entreprise, réside dans la facilité de gestion. Moins on est nombreux, plus c’est facile à gérer. Ce qui est intéressant, c’est d’encourager, le développement des PME, parce que, si on prend l’exemple de l’Italie, des USA ou de l’Allemagne…etc. 80% du PIB de ces pays est généré par les PME.

Est-ce que l’organisation d’événements tel que «Techstars Startup Weekend Cyberparc Sidi Abd’Allah» ce jeudi, pour parler des Startups, est susceptible d’encourager les jeunes à aller vers l’entrepreneuriat ?

Oui, exactement, les jeunes pensent que, l’accès à l’entrepreneuriat est une mission impossible. Dans leurs esprits, culturellement parlant, ils pensent qu’il faut beaucoup de milliards…etc. Alors qu’au niveau du Cyber Park de Sidi Abdallah, ils peuvent soumettre leurs projets à l’étude, et le Cyber Park, leur offre un endroit gratuit, qui est l’un des problèmes, la location d’un local coûte cher, et avec le Cyber Park, les jeunes auront moins accès à un endroit pour travailler pour le développement de leur idée, une fois leur projet lancé. D’où l’importance de l’événement, pour dire à tous les jeunes et à tous les porteurs de projets, c’est possible d’entreprendre, il suffit d’investir et de tenir le coup, parce que, la réussite ne peut pas se faire au bout de 15 jours, c’est sûr, il faut au minimum trois ans, pour savoir si la Startup va réussir ou non. Donc, il faut s’accrocher et la réussite viendra.

Comment voyez-vous, le développement de la Startup en Algérie ?

Dans le développement de la Startup en Algérie, Il y a la vision culturelle de la population. Le jeune algérien qui veut entreprendre, est influencé par des visions. De manière générale, quand on voit une petite entreprise, on ne lui donne pas assez d’importance. Par exemple, quand les étudiants veulent faire un stage, ils choisissent une grosse boîte qu’une petite entreprise ou une Start-up. Pourquoi ? Parce qu’ils pensent que, une Startup n’a pas quelque chose ou ce qu’il faut à leur apporter. Mais en réalité, la Startup peut aider à l’étudiant d’apprendre beaucoup de choses qu’une grande entreprise.

Culturellement parlant, la Startup algérienne, n’a pas une bonne image sur le terrain. En général, on dénigre ces formes d’entreprises. On les qualifie souvent de jeunes qui sont en train de bricoler…etc. Dans le monde entier, ce sont ces petites entreprises additionnées entre elles qui créent de la richesse et de l’emploi. Si on prend par exemple, 100 000 petites entreprises qui font par mois 200  euro, ce chiffre multiplié par 100 000, cela nous donnera un montant extraordinaire en termes de chiffre d’affaires et en termes d’employabilité. Parce que, ces 100 000 Start-ups composées de 02 à 03 personnes, ce sont 300 000 emplois.

Quel impact aura le développement des Startups sur l’économie nationale dans la conjoncture actuelle marquée par la crise ?

Dans la conjoncture actuelle, ce qui serait intéressant, c’est de voir l’apport d’une grande entreprise. Quand on compare une grande entreprise comme la Sonatrach, qui emploie plus de 200 000 personnes, qui génère certes des milliards de Dollars. Mais, quand on compare le chiffre d’affaire réalisé par Sonatrach divisé sur ses 200 000 employés, peut-être qu’on pourra trouver pas mal de Start-ups qui sont plus rentables que Sonatrach. En parlant bien sûr, du rapport chiffre d’affaire-nombre d’emplois. Certes, on ne trouvera pas de Start-up qui réalise un chiffre d’affaire de plusieurs milliards de Dollars ce qui est normal. Mais, on peut trouver une Startup algérienne qui réalise 02 milliards de centimes de CA, et celle-ci est composée seulement de deux personnes. Ce qui fait que, finalement les Startups sont compétitives.

Mais il est vrai que, par exemple, à cause du retard qu’engendre l’E-paiement, nous ne pouvons pas encore voir d’impact réel. Il y a par exemple des Startups qui font du e-commerce, mais pour l’instant, elles ne font que des paiements sur place. Par contre, grâce au système de l’e-paiement, le client peut annuler sa commande 24 h avant la livraison, car il doit payer les frais du transport, ce qui freine un peu le développement de la start-up que ce soit dans le domaine des IT ou du commerce. Il faudrait, à mon sens, encourager les start-up grâce à l’apport que pourra avoir de l’E-commerce dans le marché algérien. Les startups pourront aider éventuellement le marché informel à devenir formel.

A votre avis, quel est l’avenir des startups en Algérie ?

Depuis le lancement d’Internet, surtout depuis le début des années 2000, nous avons actuellement atteint une meilleure couverture, une meilleure connectivité, ce qui fait que la startup est une forme stratégique et très prometteuse.

Dans dix ans, on aura des startups innovantes qui vont modifier le marché du e-commerce (une fois ce marché réglementé et encadré par des textes législatifs) grâce au sérieux des jeunes. Il y a un terrain propice et je ne vois pas pourquoi ces start-up ne vont pas réussir…

 Et du côté du gouvernement, y-a-t-il une volonté politique affichée ?

Oui. On trouve des bonnes volontés. Mais, il y a encore des freins bureaucratiques, parce que certains fonctionnaires ne sont pas encore rodés vers la facilitation. Ils ont peur de délivrer un document rapidement. Mais, on voit que le registre de commerce qui est avant délivré en deux mois, maintenant cela prend 48 heures, à partir du moment où tous les documents sont en règle. Il faudrait entre un mois et demi à deux mois pour avoir tous les documents pour être opérationnel sur le terrain. Mais si on se compare à d’autres pays, comme les Emirats Arabes Unis, on est encore loin. Mais par rapport aux années 2000, on voit un changement. Il faudrait un changement de mentalité de certains fonctionnaires pour travailler en intelligence collective, afin de considérer l’entreprise comme un partenaire et non comme un adversaire.

Parlez-nous du thème que vous allez exposer ?

Je vais développer le thème qui s’intitule « la startup comme modèle intelligent de développement économique de l’Algérie », parce que tous les pays du monde, comme le Japon, sont en train depuis une vingtaine d’années de s’orienter vers ce genre de modèle entreprenariat.

Et on a vu le résultat sur le terrain qui est extraordinaire, parce que chacun façonne son travail à sa manière, tout en dirigeant une petite équipe. Si on additionne les efforts de ces équipes, on peut avoir un résultat extraordinaire et une croissance très intéressante. Je voulais aussi encourager les jeunes à investir leurs connaissances sur le terrain, au lieu d’aller faire leurs études à l’étranger. Ces jeunes peuvent facilement réussir en Algérie, mais il faut de la patience. Evidemment, il y aura des entreprises qui vont échouer, et aucune entreprise au monde n’a réussi dès le premier jour.

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