La demande mondiale d’or a fortement reculé de 9% au troisième trimestre 2017, selon un rapport du Conseil mondial de l’or (CMO) publié jeudi, en raison de la baisse de la demande en Inde.
La demande mondiale d’or entre juillet et septembre 2017 s’inscrit en baisse de 9% par rapport au troisième trimestre 2016, à 915 tonnes, ce qui représente son plus bas niveau depuis le troisième trimestre de 2009. « L’Inde est la principale explication à cette faiblesse de la demande, avec une baisse de la demande de bijouterie dans le pays de 25% par rapport au troisième trimestre 2016 et une baisse de la demande de pièces et lingots de 23% », a expliqué John Mulligan, un des responsables du CMO, à l’AFP.
L’Inde est le deuxième plus grand acheteur d’or au monde, derrière la Chine, mais l’industrie aurifère indienne a été perturbée par de nombreuses mesures de lutte contre le marché noir.
Au contraire, la demande des acheteurs chinois a grimpé au troisième trimestre, de 13% pour la bijouterie à 159,3 tonnes et de 57% pour les pièces et les lingots d’or, à 64,3 tonnes.
« Le marché reste à des niveaux bas par rapport aux cinq dernières années », note le CMO dans son communiqué, qui détaille que « la reprise s’est fait sentir dès le mois d’août, où se tient l’équivalent de la Saint-Valentin chinoise. Cela a été suivi par le festival d’automne, où les familles se réunissent et qui est l’occasion pour certains parents d’acheter de l’or à leur enfant, censé leur apporter bonheur et chance ».
« La mode favorise actuellement ce qu’on appelle +l’or dur 3D+, de l’or en réalité très pur, mais qui est technologiquement altéré pour que sa surface soit très dure et que les bijoux restent légers, avec un coeur creux », a expliqué M. Mulligan.
La demande de bijouterie dans le monde s’est établie à 478,7 tonnes au troisième trimestre contre 488,3 tonnes au deuxième et celle d’or en pièce et en lingot a atteint 222,3 tonnes, contre 242,9 tonnes au deuxième trimestre.Par ailleurs, les investisseurs qui privilégiaient l’or en raison de son statut de valeur refuge en 2016, au lendemain du vote britannique pour sortir de l’Europe et à la veille des élections américaines, ont au contraire profité en 2017 d’un marché action resplendissant. « Les investisseurs à travers le monde ont préféré ne pas parier contre les marchés action, dont certains ont connu des plus hauts historiques, et cela a fait baisser l’afflux d’argent dans les ETF d’or (fonds d’investissements adossés à des stocks physiques d’or) », a estimé le CMO.
Par ailleurs, le métal jaune reste très sensible aux développements de politique monétaire à travers le monde. Quand les grandes banques centrales relèvent leurs taux directeurs, cela fait monter le rendement des obligations, jugées elles aussi valeurs peu risquées, et rend donc l’or moins attractif.
De ce point de vue, la normalisation des politiques monétaires en Europe et aux Etats-Unis a pesé sur l’or.
La demande d’or à travers des ETF s’est donc effondrée, à 18,9 tonnes au troisième trimestre, en baisse de 87% par rapport aux 144,3 tonnes demandées à la même période en 2016.
L’or reste cependant privilégié par les investisseurs souhaitant se préserver du risque géopolitique, qu’il s’agisse des velléités géopolitiques de certaines régions d’Europe, des tensions entre la Corée du Nord et les Etats-Unis ou de celles au Moyen-Orient.
Mais certains adeptes du bitcoin, cette valeur décentralisée créée par des mathématiciens sur Internet, estiment que ce dernier pourrait faire office de valeur refuge, et un site britannique de vente d’or en ligne a fait remarquer que les recherches sur internet pour « buy bitcoin » (acheter du bitcoin) ont dépassé les « buy gold » ces dernières semaines.
Pas de quoi expliquer une baisse de la demande d’or pour l’instant, ont cependant jugé les experts du CMO. « La question est de savoir si les investisseurs particuliers qui achetaient de l’or regardent maintenant le bitcoin. Ceux qui cherchent un investissement spéculatif, qui grimpera rapidement, et qui a un côté monétaire (…) pourraient se tourner vers le bitcoin. Selon nous, le bitcoin et d’autres produits similaires ne fonctionnent pas comme l’or. Rien que par sa volatilité, le bitcoin est très différent de l’or pour un gestionnaire d’actif », a expliqué M. Mulligan.
Enfin, du côté de l’offre, la production minière est restée stable, à 841 tonnes au troisième trimestre (-1%) tandis que l’or recyclé a reculé de 6% à 315,4 tonnes, pénalisé par le prix moins élevé des lingots.
Au troisième trimestre, le prix moyen de l’or était en baisse de 4% à 1.277,9 dollars l’once par rapport à l’année précédente, à 1.334,8 dollars, selon les données du London Bullion Market, plateforme d’échange des métaux précieux de Londres.
Afp