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Venezuela: les sanctions américaines précipitent le pays vers défaut de paiement

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Les sanctions américaines contre le Venezuela ont dégradé la situation économique du pays déjà catastrophique et accéléré le processus de défaut de paiement de sa dette qui pourrait intervenir dès cette semaine, estiment des experts.

Les dernières mesures de rétorsion contre Caracas, dévoilées le 24 août en complément de celles annoncées le 31 juillet, avaient pour objectif de couper les financements accordés au Venezuela en bloquant l’accès aux devises étrangères, Washington jugeant « inacceptable » le régime du président Nicolas Maduro qu’il a qualifié de « dictateur ».

« Les sanctions financières mises en place en août sont plus significatives car elles ont mis fin à tout nouvel investissement direct dans le pays », résume Shannon O’Neil, experte au Council of Foreign Relations, influent think-tank.

Le Venezuela est riche en ressources pétrolières mais pauvre en liquidités. « Ses réserves de devises sont désormais de 9,7 milliards de dollars alors que sa dette extérieure s’élève à quelque 110 milliards », souligne Edward Glossop, économiste chez Capital Economics dans une note publiée lundi. Ainsi « les sanctions ont augmenté la pression sur Nicolas Maduro, en rendant quasiment impossible de sécuriser des financements », a expliqué de son côté à l’AFP Andres Abadia, économiste au cabinet Pantheon macroeconomics.

Car les sanctions américaines interdisent au Venezuela d’emprunter ou de vendre des obligations au sein du système financier américain. Le régime de Maduro a été davantage isolé et « la propension des investisseurs internationaux de détenir la dette du pays a diminué », ajoute-t-il.

Citgo, compagnie pétrolière vénézuélienne basée aux Etats-Unis où elle a des activités de raffinage et dispose de stations-service, ne peut plus en outre rapatrier des dividendes ou des bénéfices à Caracas.

En supprimant toutes les sources de financement potentielles, à l’exception de celles émanant de la Russie ou de la Chine, les apports en financements, qui ont déjà chuté de plus de 75% ces cinq dernières années, se sont encore amoindris « à des niveaux effrayants », observe l’économiste de Pantheon.

Le pays, poursuit-il, est en train de vaciller avec la chute de sa production pétrolière (-10% en un an), « avec l’effondrement total de l’activité économique et un taux d’inflation désormais le plus élevé au monde », 1.000% en moyenne cette année et il devrait dépasser les 2.000% en 2018. Il y a désormais un risque d’un défaut de paiement « à tout moment », estime-t-il.

Selon Edward Glossop, celui-ci pourrait intervenir « d’ici la fin de la semaine à moins que PDVSA (la compagnie pétrolière d’Etat) et le gouvernement ne s’acquittent de leurs échéances de paiement non réglées d’un montant total de 500 millions de dollars ».

Jusqu’à présent, le gouvernement de Maduro a tout fait pour éviter le défaut de paiement en s’acquittant en priorité de ses échéances de dette au détriment d’importations de nourriture ou de médicaments, pourtant si nécessaires à la population vénézuélienne.

Sur le front de la restructuration de la dette annoncée vendredi par le gouvernement Maduro, les économistes notent que celle-ci semble compromise dans les circonstances politiques actuelles.

M. Maduro a en effet confié cette mission à son vice-président Tareck El Aissami. Or celui-ci est accusé par Washington de corruption et de trafic de drogue.

Le seul espoir de sortie de crise est de changer de gouvernement, estime Robert Kahn, professeur à American University, à Washington. « Il doit y avoir un changement dans la direction du pays », dit-il. « Il faut nommer des personnes qui ne sont pas sous le coup de sanctions, qui sont disposées à réduire la pression sur la population et à réformer l’économie. (…) Il faut un gouvernement acceptable pour l’Occident ».

En l’absence de changement, Nicolas Maduro va avoir des difficultés à convaincre les créanciers dans la mesure où les sanctions américaines interdisent à tout citoyen et toute banque américaine d’acheter de nouvelles obligations ou de négocier des accords proposés par le gouvernement vénézuélien ou PDVSA.

Et si la Russie ou la Chine, les deux principaux créanciers, venaient en aide à Caracas, les marchés devraient rejeter les obligations non libellées en dollars autorisées par la toute-puissante Assemblée constituante. Cette dernière n’étant pas reconnue par la communauté internationale, soulignent les experts.

Afp

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