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Au Japon, les coffres-forts pour l’épargne personnelle font recette

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Fervents épargnants qui amassent leur pactole en liquide, les Japonais préfèrent même parfois entasser leurs billets dans un « kinko », un coffre-fort personnel, plutôt que de les confier aux banques ou de spéculer en Bourse.

« Ces derniers temps, il y a un vrai intérêt des clients pour ces coffres-forts », assure un vendeur de l’enseigne Bic Camera à Tokyo. La preuve, ils sont désormais bien visibles sur un espace spécial face aux escalators, alors qu’ils étaient relégués avant en fond de boutique.

« Les acheteurs sont souvent des particuliers », précise-t-il.

Les ventes de ces boîtes réputées inviolables se sont envolées de 20% en 2016 sur un an à près de 140.000 exemplaires, selon le ministère de l’Industrie.

Les Japonais, comme d’autres Asiatiques, ne se sont pas découverts économes sur le tard, ils le sont depuis longtemps, hormis l’épisode fou de la bulle immobilière et financière à la fin des années 1980.

« C’est une question de civilisation et d’éducation: se protéger plutôt qu’attaquer, éviter les pertes plutôt que de chercher les profits », explique à l’AFP Kaneko Ito, experte financière pour le site japonais de conseils aux particuliers All About.

« Avant la fin de la bulle dans les années 1990, les intérêts des banques étaient incomparablement élevés, en dix ans on pouvait doubler son épargne, il n’y avait pas de raison de choisir des placements plus risqués », détaille cette spécialiste.

Désormais, avec la politique de taux négatifs de la Banque centrale japonaise, l’argent mis sur un compte ne rapporte rien, pire, il coûte (en frais de retrait ou virement notamment). Pour autant, on n’investit pas plus.

Car l’éducation du « non risque » reste très forte. « Mettez de côté »: tous les jeunes couples japonais ont entendu cela de leurs aînés qui leur assurent souvent qu’acheter des produits financiers conduit à des pertes.

« Nulle part, dans la famille, à l’école, dans la société on ne prend l’habitude de faire soi-même tourner son argent, l’investissement est vu par la plupart des Japonais comme un tout autre monde », résume Mme Ito.

De plus, aux actions et autres moyens d’investir et spéculer, les Japonais ont de longue date préféré les plans d’épargne adossés à une assurance permettant de récupérer la somme placée à la fin de la période de cotisation, un modèle qui n’est toutefois plus si intéressant aujourd’hui du fait de la politique monétaire.

De plus en plus de particuliers se méfient en outre des banques et préfèrent avoir à domicile leur pactole.

Un coffre est jugé utile pas seulement face au risque de cambriolage (somme toute assez faible au Japon) « mais aussi d’incendie en cas de séisme », précise le vendeur de Bic Camera.

Il arrive toutefois qu’on retrouve dans le logis d’un défunt des sommes colossales dans de vulgaires sacs ou enveloppes.

Pas moins de la moitié des quelque 1.809.000 milliards de yens (près de 14.000 milliards d’euros) mis de côté par l’ensemble des particuliers japonais l’est… en liquide, selon un rapport de la Banque centrale.

Le reste l’est sous forme d’actions (10%), cotisations de retraite et assurance-vie(19%) ou autres placements.

Par comparaison, les Américains ne détiennent que 13% de leur épargne en liquide et 36% en actions. Les Européens se situent entre ces deux cas.

Les foyers japonais ont un bas de laine moyen de 18,20 millions de yens (140.000 euros), selon la Banque du Japon. Les célibataires et les plus jeunes ménages n’ont souvent rien (les moins de 40 ans n’ont que 5,74 millions de yens en moyenne), tandis que les plus de 60 ans ont un trésor de guerre dépassant en moyenne 23 ou 24 millions de yens.

La culture de l’épargne de précaution ne concerne pas que les particuliers: les firmes nippones ont accumulé un épais matelas de liquidités « au cas où », une somme d’argent dormant qui a atteint en 2016 pas moins de 400.000 milliards de yens (plus de 3.000 milliards d’euros), l’équivalent de 75% du Produit intérieur brut de l’archipel la même année. Et tant pis pour la bonne marche de la machine économique.

Afp

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