Le ministre des Finances, Abderahmane Raouya, a indiqué lundi que le recours au financement non conventionnel prévu pour parer au déficit du Trésor sera accompagné d’un contrôle rigoureux pour empêcher toute dérive inflationniste. « Nous allons établir un ensemble de paramètres pour éviter ces dérives », a déclaré le ministre dans un entretien à l’APS en marge des assemblées annuelles du FMI et du Groupe de la Banque mondiale tenues à Washington.
Le premier argentier du pays a expliqué que l’opération est parfaitement encadrée par l’amendement de la loi sur la monnaie et le crédit qui a introduit ce nouvel instrument de financement. Le texte en question détermine l’usage des financements et leurs objectifs. »Ce financement va aller à l’investissement, pas un dinar sur le fonctionnement, permettant ainsi aux entreprises de disposer de liquidités pour leur croissance et partant de créer de l’emploi », a affirmé M. Raouya.
Le recours à ce financement est un choix économique, rendu nécessaire par le besoin d’éviter l’option de l’endettement international, a souligné le ministre, louant la justesse de la décision du Président de la République relative au remboursement anticipé de la dette du pays. « Nous sommes dans une situation qui nous permet d’éviter de recourir au financement international, d’autant plus que notre dette est insignifiante », dira-t-il.
Et d’ajouter: « l’Algérie a connu une période que l’ensemble des Algériens ne veulent plus revivre: une crise économique couplée d’un terrorisme aveugle ». Le ministre a tenu à rappeler la dérive inflationniste qui s’est produite en 1994 lorsque l’Algérie a été soumise pour la première fois de son histoire au programme d’ajustement structurel du FMI. »Durant l’ajustement structurel, rappelez-vous, le dinar a perdu en l’espace d’une courte durée 35% de sa valeur en 1994 et le prix de la baguette de pain a augmenté d’une manière importante », a-t-il enchaîné, notant que la dévaluation du dinar a été l’une des principales mesures de ce programme.
Dans le même sillage, M. Raouya a estimé qu’un baril de pétrole à 50 dollars » demeurait acceptable » car il équivaut au prix référentiel retenu par le gouvernement pour établir le budget. Le déficit du budget d’équipement sera comblé, quant à lui, par le recours au financement non conventionnel. Par ailleurs, M. Raouya a expliqué que l’impôt sur la fortune introduit dans le projet de loi de finances pour 2018, visait à instaurer l’équité fiscale.
Le ministre a reconnu les difficultés de recouvrement de cet impôt notamment en ce qui concerne l’évaluation des signes de richesses des personnes non identifiées par le fisc. C’est un travail qui sera amorcé par l’administration fiscale à travers la constitution de fichiers des personnes imposables. « Nous aurons ces fichiers à terme », a-t-il promis.
Interrogé sur les dernières prévisions du FMI concernant la croissance en Algérie, M. Raouya a indiqué que son département tablait sur des taux un peu plus élevés que ceux anticipés par l’institution de Bretton Woods. Le ministère des Finances et le FMI procéderont à un recoupement de leurs prévisions lors de la prochaine mission du Fonds en Algérie.
Les corrections que le FMI apporte à ses prévisions initiales rejoignent souvent les taux projetés par l’Algérie, a-t-il relevé. Alors que le FMI table sur une croissance de 1,5% en 2017, la Banque mondiale anticipe un taux de 2,2% pour la même année. La croissance est bien partie au premier trimestre 2017 s’établissant à 3,7%, selon les projections de la BM.