Le président de la commission nationale de la pêche, Hocine Bellout, a prôné mercredi l’application rigoureuse de la législation en vigueur dans le domaine de la pêche pour mettre fin aux graves dépassements qui affectent les ressources halieutiques nationales, rapporte l’Aps.
Les graves dépassements qui affectent les ressources halieutiques et l’environnement finiront par causer l’extinction des ressources et espèces marines dans les 20 prochaines années, a indiqué M. Bellout lors d’une conférence de presse animée au siège de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA).
Il a précisé, dans ce sens, que 11 espèces de poissons sont actuellement en voie d’extinction dans le littoral algérien, déplorant la « non application » de la législation qui prévoit pourtant des pénalités importantes et même des peines d’emprisonnement de deux mois à deux contre les infracteurs.
En dépit des centres de contrôle et des services vétérinaires au niveau des 33 ports du pays, « les dépassements persistent y compris la pêche à la dynamite (strictement interdite) et l’atteinte à la ressource maritime est légion ».
Selon les experts et spécialistes en la matière, le patrimoine halieutique national continue à faire l’objet de dégradation, en raison du non-respect de la période de repos biologique et des tailles marchandes pour le poisson bleu, la sardine en particulier. Les pécheurs n’épargnent pas les zones de pêche en chalutant même dans « zone une » située à une profondeur de 0,3 mile marin que les poissons rejoignent afin d’y déposer leurs œufs, sachant qu’une sardine de 11 cm porte près de 15 000 œufs.
Des poissons d’à peine 5 cm sont ramenés par des pêcheurs sous prétexte qu’ils ne distinguent par leur taille sous l’eau, a déploré M. Bellout, citant également l’utilisation de méthodes prohibées comme les filets interdits dont les filets dérivants, les filets à quatre bras, les filets invisibles et ceux interdits en fonction de la taille de leurs mailles. M. Bellout a souligné, en outre, la pollution de l’environnement marin en raison du jet de vieux filets, non biodégradables, à la mer et au naufrage de petits chalutiers restés engloutis, déplorant le non-respect de l’intervalle de temps fixé à 48h séparant les opérations de jet des filets de pêche.
Il a ajouté que les espèces marines, notamment les fruits de mer, les petits poissons, le corail, la crevette et les algues pâtissent énormément de la pollution causée par des rejets industriels et chimiques des usines, rappelant que les côtes algériennes recèlent 600 espèces d’algues (usages cosmétique, médicinal et alimentaire). Cette pollution marine est aggravée par les déchets des quelque 25.000 bateaux qui transitent par les côtes algériennes tous les ans, a-t-il ajouté.
L’intervenant a, par ailleurs, imputé le recul des réserves de ressources halieutiques à plusieurs facteurs, dont le pillage du sable des plages, le non-respect du réseau de commercialisation et l’absence de statut définissant les devoirs et les droits des pêcheurs. Il a appelé la tutelle à coordonner avec le ministère de la Santé pour que des salles de soins soient mises à la disposition des pêcheurs et pour garantir les conditions adéquates pour empêcher les infractions.
Soulignant la nécessité de renforcer le contrôle des cargaisons des bateaux de pêche par le renforcement du travail des garde-côtes, il a estimé que ces facteurs ont entraîné le recul des ressources halieutiques en Algérie de 320.000 tonnes/an dans les années 80 à 72.000 tonnes/an actuellement. Evoquant la pêche au thon, M. Bellout a fait état d’un « manque de transparence » dans ce domaine où le « népotisme » prévaut, selon lui.
Concernant les projets d’aquaculture, il a précisé que certaines régions se heurtaient à des problèmes liés à la qualité de l’eau, notamment les fermes de Bechar et d’Ouargla. Les projets d’aquaculture dans les barrages ont, quant à eux, donné de bons résultats, a-t-il dit, faisant toutefois état de difficultés de commercialisation.