La cryptomonnaie vient de recevoir un soutien de poids : le Fonds monétaire international (FMI).
Contrairement au chef de la direction de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, et le fondateur du plus grand « hedge fund » (Bridgewater Associates), Ray Dalio, qui ont récemment dénigré le bitcoin, la cryptomonnaie la plus connue au monde, Christiane Lagarde a partagé une vision plus optimiste du futur des monnaies virtuelles, lors d’une conférence de la Bank of England à Londres.
Appelée à intervenir sur comment la technologie financière pourrait remodeler le monde, d’ici l’an 2040, la responsable du FMI fait remarquer qu’« à bien des égards, les monnaies virtuelles pourraient simplement apporter aux monnaies existantes et à la politique monétaire de la compétitivité. La meilleure réponse des banquiers centraux est de continuer à appliquer une politique monétaire efficace, tout en restant ouverts à de nouvelles idées et à de nouvelles demandes à mesure que les économies évoluent».
Dans son exposé, la dirigeante s’est d’abord exercée à faire une nuance entre les moyens de paiements numériques et la cryptomonnaie.
« Pour être claire, il ne s’agit pas de paiements numériques dans les devises existantes, par l’entremise de Paypal et d’autres fournisseurs «e-money» tels que Alipay en Chine ou M-Pesa au Kenya. Les monnaies virtuelles se situent dans une catégorie différente, car elles fournissent leur propre unité de compte et systèmes de paiement. Ces systèmes permettent des transactions entre pairs sans centres de compensation, sans banques centrales », a expliqué la responsable.
« Pour l’instant, les monnaies virtuelles telles que le bitcoin posent peu ou pas de défi à l’ordre existant des devises fiat et des banques centrales. Pourquoi? Parce qu’elles sont trop volatiles, trop risquées et parce que les technologies sous-jacentes ne sont pas encore assez évoluées. Beaucoup sont trop opaques pour les régulateurs, et certains ont été piratés », remarque-t-elle.
« Beaucoup d’entre elles demeurent confrontées à des défis technologiques qui pourraient être relevés au fil du temps. Il n’y a pas si longtemps, certains experts ont soutenu que les ordinateurs personnels ne seraient jamais adoptés et que les tablettes ne seraient utilisées que comme des plateaux de café coûteux. Je pense donc qu’il n’est pas sage de rejeter les devises virtuelles», lance la dirigeante.
Selon l’ancienne ministre des finances française, les consommateurs pourraient préférer les monnaies virtuelles aux devises classiques, car elles pourraient être, à l’avenir, plus stables, plus accessibles et plus sûres que d’obtenir des factures papier, surtout dans les régions éloignées.
« Par exemple, pensez à des pays dotés d’institutions faibles et à des monnaies instables. Au lieu d’adopter la monnaie d’un autre pays, comme le dollar américain par exemple, certaines de ces économies pourraient connaître une utilisation croissante des devises virtuelles. Appelons cela la dollarisation 2.0. L’expérience du FMI montre qu’il y a un point de basculement au-delà duquel la coordination autour d’une nouvelle monnaie est exponentielle. Aux Seychelles, par exemple, la dollarisation a bondi de 20% en 2006 à 60% en 2008 », précise la directrice du Fonds.
« Par exemple, elles (monnaies virtuelles) pourraient être émises avec une parité de un pour un avec le dollar, ou attachées à un panier stable de devises. L’émission pourrait être entièrement transparente, régie par une règle crédible et prédéfinie, un algorithme contrôlable… ou même une « règle intelligente » qui pourrait refléter l’évolution des conjonctures macroéconomiques», préconise Christine Lagarde.
Ecofin