Après Abidjan en début de semaine, l’une des deux « caravanes » des Rencontres Africa 2017 arrive à Nairobi (Kenya) et l’autre à Tunis-Gammarth, ce jeudi 5 octobre. En Tunisie, le Premier ministre français, Édouard Philippe, a développé des propos très proactifs, épaulé par ceux d’importants dirigeants économiques.
Alfred Mignot, à Tunis-Gammarth
C’est bien sûr Youssef Chahed, le Chef du gouvernement tunisien qui, par un court propos liminaire, a ouvert la séance inaugurale de l’étape tunisienne de cette deuxième édition des Rencontres Africa, la première à se dérouler en Afrique.
Le PM Youssef Chahed : « Répondre aux attentes des populations africaines »
Après avoir souligné l’intérêt unanime pour le Continent, dont on (re)connaît partout les énormes potentiels, le PM tunisien a relevé combien cette stratégie, portée par les Rencontres Africa, de partenariat fondé sur une démarche globale, entrait en pleine résonance avec la propre stratégie tunisienne, illustrée notamment par l’ouverture récente de deux représentations, l’une à Ouagadougou (Burkina Faso), l’autre à Nairobi (Kenya). Et si le XXIe siècle doit celui de l’Afrique, « c’est à nous, les responsables, de répondre aux attentes ds populations africaines », conclut-il, en saluant la présence d’Édouard Philippe, Premier ministre de « la France qui est notre premier partenaire commercial et économique ».
Édouard Philippe cite Fernand Braudel sur la Méditerranée
Se félicitant du succès de ces deuxièmes Rencontres Africa, qui comptent déjà parmi les événements économiques les plus importants du Continent, le PM français a notamment cité l’historien Fernand Braudel, selon lequel « la Méditerranée est plus qu’une frontière (…) c’est notre héritage et notre avenir commun ». Des propos évidemment bienvenus en Tunisie, et qui seraient tout aussi pertinents face à des auditoires algérien ou marocain, tant il est vrai qu’aujourd’hui la France compte plus de franco-maghrébins que de franco-européens.
Si la communauté de destin entre les deux rives de la Méditerranée ne fait plus vraiment débat, la capacité à affronter les nombreux défis analogues reste à se transformer en réalité. Évoquant ces défis – sécurité, éducation, démographie, migrations, chômage… – Édouard Philippe a affirmé avoir bien conscience que l’engagement pour le développement économique ne pouvait être la seule réponse. En revanche, a-t-il relevé, ce développement et son corrélat espéré de création d’emplois en sont une composante incontournable.
Se déclarant heureux de constater que malgré tout « la Tunisie tient bon ! » et s’affirme comme un acteur régional, le PM français a évoqué son style de gouvernance, comme en écho peut-être à l’appel aux responsables de Youssef Chahed : « Soyons humble, pragmatiques, efficaces. Et créons des emplois ! La véritable sagesse… c’est de préférer l’utile à l’éclat. »
Alexandre Maymat (SG) : « Le destin de l’Europe dépend de l’Afrique »
« Fier » d’être le principal sponsor de l’événement, Alexandre Maymat, directeur de la banque Société Générale pour l’Afrique et la Méditerranée, se présente en porte-parole officieux de ces nombreux grands entrepreneurs français à avoir désormais « la conviction que les destin de l’Europe dépend largement du développement de l’Afrique ».
Après avoir énoncé les nombreux atouts dont dispose la Tunisie – une population éduquée et formée, une culture du travail, des TPE/PME nombreuses et diversifiées – il évoqua, avec moult précautions oratoires, deux « faiblesses » du pays – mais qui ne sont d’ailleurs pas spécifiquement tunisiennes : une législation du travail encore trop rigide ; une « administration robuste » mais trop souvent trop tatillonne… En tout cas, conclut-il en s’adressant au PM Youssef Chahed, dans la mesure de ses moyens, « la Société Générale apporte son plein soutien à la Tunisie ».
Bruno Mettling (Orange) : « Écouter nos partenaires »
Coprésident d’AfricaFrance (avec Lionel Zinsou, qui participait au même moment à l’étape de Nairobi des Rencontres) et PDG d’Orange Afrique, Bruno Mettling a insisté pour sa part sur « l’esprit de réciprocité » qui marque le nouveau partenariat entre la France et l’Afrique.
Évoquant les entrepreneurs français, il affirmé : « Nous devons comprendre pourquoi nous avons perdu des parts de marché en Afrique (…) écouter nos partenaires ». Selon lui, les pouvoirs publics doivent entendre « ce message du privé qui demande partout plus de simplicité et d’efficacité entre le public et le privé (…) Public et privé, nous devons créer ensemble un environnement plus favorable pour la croissance », a-t-il conclu.
Ouided Bouchamaoui, Présidente de l’Utica (patronat tunisien) et Prix Nobel de la Paix, se place sur la même ligne : « Le rôle de l’État est de créer les conditions favorables au développement », a-t-elle affirmé. Et de citer les nombreux domaines d’activité où impulser ce « partenariat novateur et équitable » : agriculture et agroalimentaire, mécanique, aéronautique, éducation, TIC, daté, environnement… Autant de secteurs auxquels séances plénières et tables rondes sont consacrées, tout au long de ces deux jours de l’étape tunisienne de la tournée des Rencontres Africa 2017.