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Il pourrait le soulager d’une bonne part des dépenses d’équipement: L’Etat doit faire du privé un partenaire à part entière

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Pour que l’Etat puisse se permettre de dépenser autant qu’il en avait l’habitude il faudrait que le prix du pétrole atteigne 110 dollars le baril et que le recouvrement des impôts garde au minimum son niveau actuel A moins de 60 dollars le baril et un rendement fiscal en net déclin, le gouvernement algérien aura beaucoup de mal à financer, à lui seul, les salaires de ses deux millions de fonctionnaires, les soutiens de prix et autres aides sociales qui engloutissent chaque année entre 70 et 72 milliards de dollars.
Même avec les 550 milliards de dinars que le gouvernement Ouyahia projette de tirer les cinq prochaines années de la planche à billets cela ne suffirait pas à prendre correctement en charge la totalité du coût des infrastructures routières et équipements collectifs dont la réalisation incombera en totalité à l’Etat du fait d’un dogme hérité de l’Algérie socialiste dont, pour diverses raisons, les pouvoirs passés et présent n’ont jamais souhaité se départir.
La chute conséquente et durable des cours du brut devrait pourtant impérativement interpeller les autorités algériennes sur la nécessité de reconsidérer leur politique sociale exagérément dépensière et de changer d’attitude vis-à-vis des détenteurs de capitaux qui pourraient être solliciter pour, entre autres, prendre en charge le financement ne serait-ce que d’une part des équipements et services publics (infrastructures routières, portuaires, culturelles, commerciales, transport aérien et maritime etc.) que l’Etat avait pour habitude de financer en totalité au seul moyen de son budget. Les capitaux privés qui étaient négligeables jusqu’à la fin des années 90 existent pourtant bien aujourd’hui.
Ils sont même très importants, mais, faute d’opportunités et d’incitations à investir dans ces créneaux traditionnellement dévolus à l’Etat et aux collectivités territoriales, la manne financière privée disponible est en grande partie oisive, ou sujette à évasions.. Pour avoir une idée de l’importance de cette manne financière disponible il faut avoir à l’esprit que les opérateurs privés algériens importent en moyenne chaque année et ce depuis plus de 10 ans, entre 35 et 40 milliards de dollars de produits essentiellement destinés à la consommation.
Les marges bénéficiaires qu’ils s’octroient en tant que monopoles de fait et les surfacturations auxquels s’adonnent bon nombre d’entre eux, leur ont permis de constituer des fortunes colossales dont une partie non négligeable est déposée, pour diverses raisons, hors du pays. C’est une situation inédite que vit l’Algérie qui, faut-il le rappeler, avait tenu à l’écart du développement économique le secteur privé. L’ouverture opérée dans les années 80 et 90  a, à l’évidence, permis à des milliers d’opérateurs privés de faire fortune, notamment, à la faveur des importations et des offres massives de construction.
Le constat de l’existence d’archi milliardaires étant aujourd’hui clairement établi, il est important que les autorités politiques prennent conscience que la situation de crise qui avait prévalue à l’aune du choc pétrolier des années 1980, n’a pas le même contexte que celle que les algériens se préparent à subir aujourd’hui.
Au moment où la crise financière éclatait en 1985 l’Algérie ne comptait en effet que quelques rares hommes d’affaires fortunés capables de financer et gérer des équipements publics d’envergure que, du reste, la législation en vigueur leur interdisait de faire.
La situation est évidemment différente aujourd’hui. Des milliers d’hommes d’affaires ayant accumulés des fortunes colossales ne demandent qu’à placer leurs capitaux là où l’Etat ne peut plus le faire faute de ressources budgétaires. C’est ce qui se fait dans pratiquement tous les pays du monde à l’exception de très rares nations encore arque boutées sur des dogmes anachroniques.
Les entreprises privées devraient faire naturellement partie des forces vives de la nation et on ne comprend pas pourquoi, en prenant le cas des difficultés que l’administration du port de Bejaïa fait outrageusement subir à l’une des plus performantes d’entre elles, Cevital en l’occurrence, pourquoi les autorités algériennes continuent aujourd’hui encore à faire obstruction aux apports bénéfiques du privé.  La nécessité de leur faire appel est d’autant plus grande que l’Etat est contraint de réserver au minimum 4972 milliards de dinars aux salaires de ses deux millions de fonctionnaires et à toute une panoplie de transferts sociaux dont le montant annuel avoisinerait, selon les estimations, le tiers du produit intérieur brut. Ce qui reste de la rente pétrolière (à peine 27 milliards de dollars cette année) suffira à peine à payer les salaires de cette pléthore de fonctionnaires et une infime partie des transferts sociaux.
La monnaie que produira la planche à billets durant ces cinq prochaines années ne parviendra pas non plus à remplir le « tonneau des Danaïdes » tant les dépenses de fonctionnement et les transferts sociaux n’arrêtent pas d’augmenter notamment sous l’effet d’une démographie galopante. La présence dans notre pays de capitaux oisifs détenus par des milliers d’hommes d’affaires algériens (environ 55 000 importateurs déclarés, plus de 1OO.OOO sociétés de services, un nombre incalculable de milliardaires opérant sur le marché informel, une faune d’intermédiaires dans les circuits opaques des marchés publics etc.), ne saurait être occultée et, il serait de notre point de vue, anormal de ne pas leur faire appel en prenant, bien évidemment, le soin d’encadrer juridiquement leurs contributions.
On pourrait ajouter, mais il s’agit là d’un tout autre débat, la manne financière colossale disponible au niveau de notre émigration qu’il est aujourd’hui urgent d’associer au destin de leur pays.
Les opérateurs privés souhaitant investir leurs fonds disponibles dans une diversité de projets sont légions.
Ils ne tarderont pas à se manifester pour peu que l’État leur fasse officiellement appel et leur facilite la tâche. Et même si de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer le caractère maffieux, spéculatif, rentier et parasitaire de certains de hommes d’affaires, il faut bien se rendre que l’écrasante majorité de ces opérateurs souhaitent investir dans leur pays d’origine à la condition qu’ils ne soient pas à la merci de n’importe quel potentat local. Les hommes d’affaires sont en effet nombreux à faire part de leurs déboires avec la pléthore d’administrations impliquées dans l’acte d’investir (administrations du foncier, des impôts, des douanes, des banques, de certains ministères et collectivité locales ou avec le Conseil national de l’investissement) qui les ont freinés dans leur ardeur en leur faisant subir des pertes de temps et d’argent.
Ce sont tous ces écueils subis au quotidien qui ont contraint bon nombre de détenteurs de capitaux à créer des entreprises à l’étranger ou à y acquérir des biens immobiliers, car l’argent ne peut pas rester éternellement oisif.
Il faut en effet se rendre à l’évidence qu’en dépit de l’amour qu’ils portent à leur pays, aucun entrepreneur s’aventurera à y risquer son argent si l’Etat algérien ne lui accorde pas les garanties et des facilités requises pour, notamment, acquérir les terrains nécessaires à leurs projets et les protéger des diktats de la panoplie d’administrations impliquées, de près ou de loin, dans l’acte d’investir. L’État a, en tout cas, intérêt à le faire car il a beaucoup à gagner de la contribution financière du privé au moment où les cours du pétrole entament un brutal effondrement qui promet de s’installer dans la durée.
Il reste à trouver les formules de financement et de management des projets d’équipements dont le gouvernement souhaiterait se décharger au profit des opérateurs privés. Les formules seront évidemment différentes selon qu’il s’agira d’une infrastructure de base (routes, ports, aéroports etc.), d’une promotion immobilière (logements à vendre ou à louer), d’un équipement collectif (stades, universités et instituts de formation, centres culturels et de loisirs, etc.), de l’ouverture de lignes de transport aérien et maritimes, ou d’une unité de production.
Dans le cadre des opérations de privatisation des entreprises publiques, le privé pourrait également débarrasser l’Etat de plusieurs dizaines de sociétés qui battent de l’aile mais qui pourraient être remises à flot par les repreneurs. L’État gagnerait beaucoup d’argent au lieu d’en perdre actuellement et le privé mettrait la main sur des outils de production et de réalisation qui gagneraient en performance et reprendre une seconde vie. Les bons exemples ne manquent pas à travers le monde, il suffit de s’en inspirer.
Le financement des équipements publics et du logement qui a de tous temps été l’apanage de l’Etat devrait, à titre d’exemple, progressivement cesser pour laisser place à un financement par le marché auquel pourraient prendre part, aussi bien, les promoteurs privés, que les entreprises publiques de la sphère marchande.  Au gré de l’importance des projets qu’ils seraient appelés à promouvoir, leur participation pourrait, selon les cas de figures, prendre la forme d’un financement intégral sur fonds propres, d’un partenariat public-privé, de crédits bancaires, d’emprunts obligataire, de cotations en bourse ou autres formules de nantissement pertinentes à concevoir. Les activités susceptibles de requérir la contribution financière de promoteurs privés et de capitaux publics marchands sont aussi nombreuses que variées.
Le tourisme, l’agroalimentaire, toute la variété des transports publics, les différentes formes de promotions immobilières, la culture, les infrastructures routières, aéroportuaires et portuaires. L’État souverain conserve bien entendu le droit régalien de se réserver l’exclusivité des domaines d’activité jugés sensibles ou stratégiques.
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