Les prix des fruits et légumes ont enregistré une hausse considérable ces dernières semaines après s’être maintenus à un seuil tolérable durant le mois de ramadhan et même au-delà du mois sacré. Il y avait une véritable volonté de l’ancien ministre à juguler ce phénomène récurent qui échappe à tout contrôle sauf à celui des spéculateurs. Cependant, il semblerait que la vigilance a baissé et la régulation du marché des denrées ne soit plus à l’ordre du jour. Il aurait été plus judicieux de poursuivre le travail ayant été fait et en balisant l’activité commerciale et ce, en réduisant la chaine des intervenants et des intermédiaires et en plafonnant les marges bénéficiaires.
Le gouvernement qui a décidé d’actionner la planche à billet devrait se pencher sur ce problème vu que cette mesure risque fort bien d’exacerber la situation. Car si aujourd’hui, il est quasiment impossible de réguler le marché, comment compte-t-il le faire quand les conditions inflationnistes seront propices avec un tel mode de financement
Selon les chiffres de l’ONS, le taux annuel d’inflation des prix des produits agricoles sur les marchés de détail, variant de 5,5 à 6,5% et atteignant jusqu’à 7% au mois d’avril dernier. Cependant, au ministère du commerce, on ne semble pas s’en inquiéter. Les fluctuations des prix, qui s’envolent souvent en courbe ascendante n’ont pas de sens car la spéculation est à l’origine de ces dysfonctionnements qui ne sont que la conséquence d’une non-maitrise du marché.
Pour le directeur général de la régulation et des activités commerciales au ministère du Commerce, qui s’exprimait la semaine dernière sur les ondes de la chaine3, cette situation résulterait simplement de la fluctuation de l’offre, en notant que c’est par suite de la baisse de production des produits saisonniers que les prix ont recommencé à repartir à la hausse, a-t-il fait savoir. Il avance et c’est devenu l’excuse récurrente, l’argument de l’impact de l’offre et de la demande
Comme ses prédécesseurs, l’intervenant est revenu sur « la création de nouvelles unités de transformation des productions excédentaires de produits agricoles afin d’éviter une forte chute de leur prix sur les marchés de gros, entrainant le mécontentement des producteurs, ainsi que leur peu d’intérêt à la produire à nouveau ».
Il a reconnu néanmoins que « lorsqu’il y a surproduction, il faudrait pouvoir disposer de mécanismes pour la récupérer, afin de la canaliser vers des unités de production, vers les chambres froides ou vers l’exportation ». Le nouveau ministre du commerce a répété la même chose et usé du même discours, devant la presse, en marge de la présentation du plan d’action du gouvernement. Combien de fois a-t-on entendu ce discours ?
Cela dure depuis des années et quand il y avait encore de l’argent, on a laissé les choses stagner au lieu d’encourager l’investissement dans la transformation agricole ainsi que la grande et petite distribution, on se retrouve aujourd’hui encore à pérorer sur l’importance de ce secteur. La désorganisation du marché, la gestion aléatoire du commerce interne est un baromètre parlant de la désorganisation et l’anarchie dont profitent amplement les spéculateurs.