C’est demain jeudi que le premier ministre Ahmed Ouyahia, répondra aux questionnements qui ont alimenté les débats à l’APN, suite à la présentation de son plan d’action, dimanche passé. On se doute bien que le dit-plan va passer comme une lettre à la poste vue que le chef de l’exécutif est assuré d’avoir le soutien de la majorité parlementaire.
Cependant, le moins que l’on puisse dire, est que depuis cette présentation qui a eu pour axe principale, et objet, de faire passer la pilule du financement non conventionnel, les députés, et les experts tirent la sonnette d’alarme, lancent des alertes et crient leur désarroi. Il est clair que l’absence de consensus sur ce plan d’action, largement exprimé par les partis d’opposition durant les séances de débats, fait l’énorme différence avec son prédécesseur, qui a eu le mérite, de mettre d’accord les parlementaires et notamment ceux issus des partis d’opposition qui lui ont accordé le bénéfice du doute.
Ce n’est certainement pas le cas d’Ouyahia, qui déjà, à l’issue de sa présentation, s’est mis l’ensemble des partis de l’opposition sur le dos. Il va sans dire que ces arguments pour faire passer l’amendement sur la loi de la monnaie et du crédit, ont été perçus comme une fuite en avant, une solution faussement miraculeuse, qui ne pourra se substituer aux vraies solutions qu’il faudrait mettre en place pour amortir la crise que subit le pays depuis plus de trois ans.
Actionner la planche à billets, pour éponger les déficits internes et régler les impayés des grandes compagnies, n’a rien d’un processus de remise à niveau de l’appareil industriel, ni d’un programme de relance économique. Car puiser dans les caisses de la Banque centrale, pour permettre au Trésor de renflouer les banques, et pousser les ménages à consommer toujours plus, s’apparente plutôt à mettre le pays sous sédatif, dans le secret espoir de voir les cours du pétrole remonter. Il s’agit d’un vaccin à effet placebo, qui ne fera que reculer l’échéance du chaos.
Et pour cause, l’efficacité de cette solution est par définition éphémère, car, aux yeux des observateurs, elle doit être une action d’appoint, limitée dans un laps de temps relativement court, qui permettrait, au gouvernement d’actionner les leviers économiques nécessaires, pour le réamorçage effectif et à court terme d’une économie réelle et indépendante des revenus hydrocarbures. Or, depuis la chute des prix du baril, et malgré toutes les tentatives des pouvoirs publics à redresser la situation économique, aucun résultat positif n’a été enregistré, et la situation n’a fait qu’empirer. Le bal des premiers ministres et des gouvernements, n’a apporté aucune amélioration, pire, il a montré le visage de l’instabilité.
Si au départ de sa stratégie, le gouvernement Ouyahia est entaché de manque de crédibilité et d’absence cruel de consensus sur l’avenir économique du pays, comment réussirait- il à apporter des solutions quand nos réserves de changes s’épuiseront complètement?
En somme, avec la nouvelle mouture, recourir au financement non conventionnel, quand le pays ne dispose même pas, d’un tissu industriel apte à relancer l’économie, d’une production nationale, et surtout d’une vision basée sur une politique de l’après-pétrole, ne servirait qu’à favoriser les risques d’une crise inflationniste, aggravante pour l’économie nationale.