Moins d’un an après son départ de la Maison Blanche, Barack Obama a commencé à monnayer son expérience à Wall Street, une pratique qui avait pourtant servi d’angle d’attaque contre Hillary Clinton pendant la dernière campagne présidentielle.
L’ancien président démocrate sera lundi prochain la vedette d’une conférence réunissant le gratin du secteur de la santé organisée par la banque d’investissement Cantor Fitzgerald à New York du 25 au 27 septembre, ont indiqué deux sources à l’AFP. Il doit y tenir un discours et répondra ensuite aux questions de l’assistance, ont dit les mêmes sources sous couvert d’anonymat.
M. Obama devrait notamment évoquer « Obamacare », réforme du système de santé américain marqueur de sa présidence que les républicains veulent éliminer sans toutefois se mettre d’accord au Congrès pour y parvenir. Pour cette prestation, qui ne devrait pas dépasser les deux heures, il devrait percevoir environ 400.000 dollars, a assuré une des sources.
En août, le premier président noir des Etats-Unis a également été un conférencier de luxe lors d’un sommet organisé par la division de gestion des grosses fortunes de la banque américaine Northern Trust à New York, assure à l’AFP une source proche du dossier.
Selon les biographies des intervenants disponibles sur le site de Northern Trust ont également pris part à ce sommet l’ancien maire de New York et milliardaire Michael Bloomberg, Jonathan Trull, conseiller sur la cybersécurité chez Microsoft, Marie Wieck en charge du projet « Blockchain », technologie derrière le bitcoin, chez IBM et Matt Whineray, un des dirigeants du fonds New Zealand Superannuation Fund.
L’ancien président américain aurait également été payé 400.000 dollars, affirme l’agence Bloomberg, qui fait état d’un autre discours donné la semaine dernière à Washington lors d’une conférence organisée par le fonds américain Carlyle.
Contactés par l’AFP, Carlyle et Northern Trust n’ont pas souhaité commenter. Une porte-parole de Cantor Fitzgerald a confirmé la venue de M. Obama mais n’a pas donné davantage de détails.
Ces discours sont les premiers que Barack Obama donne à Wall Street depuis qu’il a quitté le Bureau ovale le 20 janvier.
Il s’est toutefois fait rémunérer pour six autres interventions depuis mai, en Italie, en Allemagne, en Ecosse, au Canada, en Indonésie et en Corée du Sud. Il devrait également jouer les conférenciers de luxe le 29 septembre à Toronto et en janvier à New York dans une synagogue.
« Les discours rémunérés ont permis au président Obama de contribuer pour 2 millions de dollars aux programmes de formation et d’aide à l’emploi pour les jeunes de milieux défavorisés à Chicago », a indiqué par courriel à l’AFP Kevin Lewis, un porte-parole de l’ancien président. Il n’empêche que ces « ménages » à Wall Street risquent de susciter des remous dans son parti en quête de leadership et au sein duquel il représente une autorité morale.
Depuis la défaite d’Hillary Clinton, Bernie Sanders et la sénatrice Elizabeth Warren, chefs de file de la gauche du parti démocrate connus pour leur hostilité à la finance, semblent imposer leurs thématiques. « Ce type d’apparitions, en plus très bien rémunérées, pourrait ternir sa réputation au sein de la base de la gauche du parti et renforcer la perception que les démocrates sont le parti des élites », estime Randy Albelda, enseignante à l’University of Massachusetts Boston.
Barack Obama et Wall Street entretiennent des liens ambigus: les financiers américains n’ont toujours pas digéré les critiques de l’ex-président qui avait qualifié en 2010 leurs pratiques de « dangereuses » en pleine campagne pour durcir la règlementation financière.
Dans le même temps, l’administration Obama n’a pas traîné de grand banquier devant les tribunaux en dépit du fait que leurs errements ont conduit à la crise financière de 2008. Elle n’a pas non plus démantelé les grosses banques.
Avant l’ex-président américain, d’autres chefs de gouvernement de grandes démocraties se sont fait grassement rémunérer pour partager leur expérience devant des cénacles financiers.
Tony Blair, l’ancien Premier ministre britannique, et Bill Clinton en sont les plus grands exemples. L’ex-président français Nicolas Sarkozy avait été en 2013 un des conférenciers vedettes de la SALT, une conférence organisée à Las Vegas par le financier Anthony Scaramucci, le bouillant et éphémère directeur de la communication de Donald Trump à la Maison Blanche.
Afp