Le premier ministre Ahmed Ouyahia a présenté ce dimanche, le plan d’action de son gouvernement devant les députés de la chambre basse du parlement, où il a déroulé le contenu de sa feuille de route marquée essentiellement par la mesure du recours au financement non-conventionnel, c’est-à-dire l’activation de la planche à billet, en imprimant de la monnaie pour financer le déficit du trésor public.
En effet, pour rappel, le plan d’action du gouvernement intervient trois mois seulement après la présentation de celui de l’ex-premier ministre Abdelmadjid Tebboune, et s’inscrit comme les précédents plans d’action dans la mise en œuvre du programme du Président de la République.
Toutefois, les avis des députés des différents partis politiques sont mitigés. Pour le président du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), M. Mohcine Belabbes «le premier ministre a présenté dans son plan d’action une image noire de l’économie et de la politique nationale», ajoutant que «la seule solution que présente le gouvernement car il croit que c’en est une, est le recours au financement non-conventionnel (la planche à billet) pour le financement de l’économie nationale va amplifier la crise, qui va certainement faire chuter la monnaie au plus bas, ce qui créera une inflation ravageuse faisant que, les prix des produits vont connaître des hausses sans précédent, et qui auront des effets néfastes sur l’économie nationale et les citoyens». Estimant en outre qu’ «avec cette mesure beaucoup d’investisseurs étrangers vont fuir l’Algérie».
De son côté M. Osmane président du groupe parlementaire des indépendants a estimé que «Il faut un commando pour appliquer les grands axes de ce programme», ajoutant «mais, est-ce que le discours et la volonté sera suffisante pour sortir le pays dans la crise ou non ?», s’est-il interrogé. Pour lui «l’essentiel se sont les mécanismes techniques et pratiques qui reflètent la réalité avec un sens pragmatique. Certes les phrases sont belles, mais le plus gros, c’est comment exécuter ces idées tout en respectant un environnement favorable à l’économie nationale». Concernant le recours du gouvernement au financement non-conventionnel, notre interlocuteur a indiqué qu’il faut «une expérience économique, en faisant appel aux experts et spécialistes pour savoir si cette mesure pourrait être appliquée et donner des résultats sur le terrain».
Quant au président du groupe parlementaire du PT (Parti des Travailleurs), M. Djoudi, a fait savoir que «le recours au financement non-conventionnel n’est pas la seule solution qui se présente devant le gouvernement aujourd’hui, mais, il existe d’autres comme le recouvrement des centaines des milliers de milliards de DA non payées qui selon lui, s’élèvent à 12 000 MDS DA». En l’absence de bilan de tous les gouvernements précédents, M. Djoudi a estimé que «le gouvernement Ouyahia est en train de suivre la même politique qui nous a menée à cette crise que nous vivons aujourd’hui».
Du côté du FFS (Front des Forces Socialistes), le député Djamel Bahloul, a déclaré que «les politique de tous les gouvernements qui se sont succédés au sommet de l’Etat n’ont pas apporté de changement à la réalité économique du pays, c’est pour cela que le FFS n’adoptera pas le plan d’action du gouvernement, qui est qualifié selon lui de copier-coller du moment qu’il s’inscrit dans l’application du programme du Président de la République».
Le député du FLN (Front de Libération Nationale), M. Djemai, a indiqué que «le gouvernement est aujourd’hui conscient de la crise qui frappe le pays», ajoutant que «les mesures contenues dans le plan d’action du gouvernement Ouyahia sont courageuses, du moment que, le gouvernement n’envisage pas de recourir à l’endettement extérieur».
Sur un autre plan, le ministre des ressources en eau M. Necib a déclaré à la presse, à l’issue de la présentation du plan d’action du gouvernement que «les augmentations en matière des prix de l’eau potable ne sont pas à l’ordre du jour».