Dans cet entretien, le président Fédération nationale des exportateurs et importateurs algériens, Djamel Eddine Seid saisit l’occasion de la présentation du nouveau plan du gouvernement Ouyahia pour évoquer les problèmes qui persistent dans le secteur. Selon lui, il faut revoir le système bancaire et développer le fret maritime qui est moins coûteux que le fret aérien.
Algérie-Eco : Le premier ministre Ahmed Ouyahia présente ce dimanche son plan d’action devant le parlement. Le développement des exportations hors hydrocarbures figure parmi les priorités du gouvernement dans ce nouveau plan. Qu’attendez-vous de ces nouvelles mesures ?
Djamel Eddine Seid : Il faut savoir qu’aujourd’hui, il est urgent de passer à l’action. Je pense qu’il faut dépasser le stade des annonces et des propositions sans que celles-ci ne soient appliquées sur le terrain. Les différents gouvernements qui ont précédé ont également mis l’accent sur le développement des exportations hors hydrocarbures car le fait est là. Les recettes des exportations d’hydrocarbures ne suffisent plus pour développer notre économie. Vous savez lorsque nous avons créé notre fédération nationale des exportateurs et importateurs algériens, nous étions très enthousiastes et motivés pour défendre les droits de ces derniers, faire passer le message aux pouvoirs publics concernant leurs préoccupations.
Certes la fédération n’a pas bougé beaucoup, mais nous nous attendions à ce que les propositions que nous avons fait au début soient prises en considération. Car nous sommes des gens du terrain et nous connaissons mieux les obstacles qui freinent les exportations hors hydrocarbures. Au début, le ministère du Commerce nous a ouvert les portes, et on nous dit également qu’aujourd’hui aussi, les portes du dialogue sont toujours ouvertes.
Mais nous trouvons qu’aujourd’hui, il est difficile pour notre fédération de faire passer le message. Comme j’ai dit dans le précédent entretien que vous avez publié sur votre site, je répète que nous savons bien que l’économie du pays a besoin de nos efforts pour booster les exportations hors hydrocarbures, la situation actuelle du pays ne nous permet pas de rester les bras croisés face aux appels des différents Gouvernements qui se sont succédés jusque là. Et personne ne peut nier que les efforts sont là pour le développement du secteur, et les dispositions sont là aussi même les lois existent, mais le gros problème se pose toujours sur le terrain.
Justement si plusieurs mesures ont été prises pour la promotion des exportations hors hydrocarbures à l’exemple des facilitations douanières. Quelles sont aujourd’hui les vraies préoccupations que votre fédération soulève ?
Les vrais problèmes qui freinent toujours le développement des exportations hors hydrocarbures et qui freinent les motivations des exportateurs, concernent le système bancaire et le transport de la marchandise.
Sur le problème bancaire, la fédération a proposé de créer des intermédiaires à l’étranger afin de faciliter la tâche aux exportateurs. Sur le deuxième point, c’est-à-dire le transport des marchandises nous avons également exhorté les compagnies aériennes à prendre en compte la question du transport des produits ce qui fera gagner et du temps aux producteurs-exportateurs et de l’argent à ces compagnies.
Mais cette fois-ci nous allons plus loin et nous demandons de développer le fret maritime, c’est-à-dire de multiplier les compagnies maritime concernant les exportations hors hydrocarbures. Il faudrait à ce sujet, que le ministère du Commerce organise une réunion avec les compagnies maritimes pour trouver des solutions dans ce sens. J’affirme que le produit algérien est aujourd’hui apprécié à l’étranger vu que sa qualité est meilleure. Mais le grand problème se pose au niveau de son exportation. Il y a beaucoup de demandes de la part de certains pays arabes et africains, mais le problème du transport persiste. Au lieu que le fret soit aérien, et que nos produits prennent des fois plus de 40 jours pour arriver aux pays destinataires, et avec des coûts exorbitants pour l’exportateur, pourquoi ne pas développer le fret maritime et créer des destinations directes et moins coûteuses. Le développement des exportations hors hydrocarbures passe par le développement du fret maritime
Plusieurs experts soutiennent qu’un pays ne peut s’avérer compétitif que si sa chaîne logistique est performante. Il perd donc en compétitivité si les coûts enregistrent des niveaux trop élevés.
Ou bien on est performant dans cette chaîne (logistique et transport) et on arrive à être pérenne et faire des exportations régulières, ou bien on restera les derniers de la classe.
Mêmes des responsables admettent que depuis des années, on n’a jamais débattu publiquement de sujets aussi complexes, à l’instar de la logistique et le transport maritime. C’est vrai que l’Algérie est en train de développer sa filière export sous l’impulsion des pouvoirs publics, un développement que nous voulons qu’il soit accompagné par les mesures que j’ai citées.
Nous avons entendu parler que l’aspect lié à la logistique et au transport maritime dans l’export est, au cœur des pourparlers entre les exportateurs algériens et le ministère du Commerce dans le cadre de la cellule d’écoute (ministère-exportateurs) installée. Nul ne peut nier que pour rendre un produit compétitif, il faut réduire les coûts de transport. Donc, cet élément joue un grand rôle dans le coût à l’exportation.
Il faut donc ouvrir un grand débat sur comment les entreprises de transport maritime peuvent contribuer à diminuer le coût à l’exportation, et aussi voir comment utiliser les banques de données des importateurs étrangers au profit des exportateurs algériens.
Quel message votre fédération veut passer aujourd’hui au nouveau Gouvernement ?
Nous savons bien que le Gouvernement est au courent de tous les problèmes vécus par les exportateurs, et qu’il est disponible à faire des efforts pour trouver des solutions. La plupart des exportateurs affiliés à la fédération disposent de marchés au Moyen-Orient et plusieurs contraintes les bloquent particulièrement le problème de transport et l’absence de lignes aériennes directes vers les pays d’export, donc ce sont des marchés très prometteurs que nous souhaitons développer des relations avec l’aide du Gouvernement. Je réitère aussi la position de la fédération, celle de cibler les ambassades d’Algérie à l’étranger car nous savons que dans chaque ambassade ; il existe un représentant commercial. Et nous comptons donc sensibiliser ces représentants commerciaux au sein de nos ambassades à l’étranger afin qu’ils puissent aider les exportateurs à mieux faire connaitre leurs produits. Sans l’aide du Gouvernement ou du ministère du Commerce nous ne pouvons atteindre ces objectifs.