La Chine prévoit d’étendre l’usage du bioéthanol à tout son territoire, selon un projet gouvernemental dévoilé mercredi, à l’heure où Pékin entend muscler sa lutte anti-pollution… et ouvrir des débouchés pour ses colossaux surplus de maïs.
Le géant asiatique, premier marché automobile mondial, prévoit de « soutenir d’ici 2020 l’usage d’éthanol carburant dans l’ensemble du pays, avec une couverture basique complète », selon le document émis par la puissante agence de planification économique (NDRC), en lien avec l’Administration de l’Energie qui le publie sur son site.
Les biocarburants restent pour l’heure cantonnés à la portion congrue en Chine, où ils ne représentent qu’à peine 1% des volumes de produits pétroliers consommés.
Le bioéthanol (mélange d’éthanol et d’essence traditionnelle) bénéficie d’un certain essor, couvrant 1/5e de la consommation nationale d’essence, mais sa distribution est restreinte géographiquement. « Ce nouveau plan a été introduit pour encourager l’utilisation de bioéthanol: c’est renouvelable, bon pour l’environnement (…) c’est l’alternative idéale aux carburants fossiles », s’est félicité un haut responsable de l’Administration de l’Energie, cité par l’agence officielle Chine nouvelle.
L’objectif est certes de favoriser les réductions d’émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre l’âcre pollution atmosphérique endémique dans les métropoles chinoises. Mais le gouvernement ne se cache pas, également, de vouloir « mieux employer les productions agricoles expirées ou surcapacitaires », selon le texte de la NDRC.
L’éthanol peut être fabriqué à partir de saccharose (betterave, canne à sucre) mais également de maïs: or, la Chine possède de colossaux surplus de maïs en réserve, évalués à plus de 200 millions de tonnes.
Une grande partie des récoltes dans le nord et nord-est de la Chine sont traditionnellement rachetées aux cultivateurs par des organes étatiques, notamment afin de maintenir les cours.
La Chine a certes révisé à la baisse ses prévisions de récolte de maïs pour 2017/18, mais les autorités réfléchissent aux moyens d’écouler les gigantesques surplus nationaux, de qualité souvent inférieure et qui se détériorent avec le temps. A long terme, Pékin vise néanmoins d’autres ingrédients que le maïs pour les biocarburants: selon le texte publié mercredi, le pays devra assurer d’ici 2025 « la production de grande échelle d’éthanol à base de cellulose », c’est-à-dire de déchets végétaux et ligneux.
Une usine-modèle sera opérationnelle dès 2020 pour produire 50.000 tonnes d’éthanol de ce type, précise le plan. « La Chine produit chaque année plus de 400 millions de tonnes de déchets végétaux issus des cultures ou de la sylviculture, dont 30% pourraient être utilisés à produire 20 millions de tonnes de biocarburant », explique l’Administration de l’énergie, dans un document distinct. A l’heure actuelle, la consommation chinoise de bioéthanol atteint 2,6 millions de tonnes par an.
La Chine est le troisième pays producteur — même si elle reste loin derrière les Etats-Unis et le Brésil — et entend doper sa production à 4 millions de tonnes d’ici 2020, selon un objectif dévoilé précédemment.
Pékin a indiqué samedi dernier réfléchir à un calendrier pour interdire à terme la production et la vente de voitures à moteur thermique sur son marché –mais les autorités pourraient être tentées, entretemps, de réduire grâce au bioéthanol les émissions polluantes des véhicules en circulation.
Les titres des firmes chinoises spécialisées dans les biocarburants grimpaient nettement mercredi en fin de séance à la Bourse de Shanghai: l’action de Cofco Biochemical –filiale du géant céréalier étatique Cofco– s’envolait de quasiment 8%.
Afp