En annulant le décret exécutif relatif aux licences d’importations promulgué par l’ex-premier ministre Abdelmadjid Tebboune, Ouyahia , dans sa démarche de gommer les actions de son prédécesseur, a entrainé tous les medias dans une communication bancale, y compris l’agence officielle qui aura nécessité plusieurs retours sur l’information pour clarifier une mesure qui n’avait fait l’objet d’aucune information aussi minime soit-t-elle avant que la presse ne découvre sa publication sur le journal officiel ce 27 du mois en cours.
Finalement, après plusieurs communiqués via l’agence officielle, on apprend que la seule modification concerne le centre de décision s’agissant de l’octroi des licences et non leur annulation définitive qui repasse de nouveau aux mains du département du commerce.
Ainsi, selon le communiqué des services du premier ministère ce n’est pas la mesure qui est touchée dans le fonds, mais juste quelques modalités d’application qui changent,« A titre de clarifications, les services du Premier ministère tiennent à faire savoir à l’opinion que, premièrement, le décret exécutif du 6 décembre 2015 instaurant le régime des licences de biens et de marchandises demeure en vigueur et que, deuxièmement, le décret exécutif abrogé, et datant du 22 juin 2017, avait soumis la décision finale d’attribution d’une licence d’importation à l’accord du Premier ministre ».
Ceci étant, il est clair que la situation demeure soumise à la bureaucratie dans la mesure où Ouyahia n’a réellement rien changé. Il a juste rétabli ce qui existait avant « Tebboune » puisque seul le ministère du commerce se chargera de délivrer les licences d’importation.
L’expert financier Ferhat Ait Ali, considère à ce sujet que « les deux décrets sont de la même veine bureaucratique, juste que Tebboune avait encore ajouté, sa touche ; en ne perdant pas la main sur les licences dont il a transféré les prérogatives de décision vers son nouveau poste de premier ministre, alors qu’il les gérait en tant que ministre du commerce par intérim, et Ouyahia ne veut pas s’encombrer des détails de cette procédure, sachant qu’il peut intervenir dans les cas où il juge utile sans s’offrir la prérogative légale, par un simple signe discret, et laisser la responsabilité à d’autres. Ouyahia est le stade suprême du perfectionnement bureaucratique, Tebboune en étant le stade primaire, juridiquement parlant ».
Il va sans dire que par la conjoncture difficile que traverse le pays, ces manœuvres bureaucratiques, sont loin des discours de relance économique et de relance industrielle. Leur effet, se résume, au plus, à jeter le discrédit sur une gestion à l’emporte-pièce. Toute réflexion susceptible d’apporter des propositions de solutions concrètes à la situation actuelle, devient vaine.