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Le programme nucléaire des Emirats avance au milieu de mille précautions

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Des cohortes d’ingénieurs et d’experts se pressent, dans un calme trompeur, pour accélérer le programme nucléaire civil des Emirats arabes unis, premier pays arabe du Golfe à construire quatre réacteurs pour générer de l’électricité.

L’Autorité fédérale pour la régulation nucléaire (FANR) a son siège à Abou Dhabi, à 300 kilomètres de la centrale nucléaire de Barakah où le premier réacteur est censé entrer en service l’année prochaine. Sa construction est aujourd’hui achevée à 95%, selon les responsables du programme.

Il devait être mis en service en 2017, mais la compagnie nucléaire émiratie, l’Emirates Nuclear Energy Corp. (ENEC), a récemment demandé de reporter le démarrage à 2018 en invoquant des questions techniques à régler. « L’ENEC a fait sa demande de mise en service en mars 2015. La demande consiste en un volumineux dossier de 15.000 pages », a expliqué à l’AFP Christer Viktorsson, directeur général de l’autorité de régulation.

Depuis le dépôt du dossier, la FANR, qui veille en premier lieu à la sécurité des installations, a envoyé « mille questions à l’ENEC et continue d’en envoyer », a ajouté M. Viktorsson qui a la double nationalité finlandaise et suédoise.

Selon lui, l’autorisation de démarrage ne sera donnée que si toutes ces questions reçoivent des réponses sans équivoque pour éviter tout accident. Mais, compte tenu des progrès, le premier réacteur sera probablement opérationnel en 2018, a-t-il assuré. Les responsables émiratis insistent sur le caractère civil de leur programme nucléaire dans une région particulièrement instable où, de l’autre côté des eaux du Golfe, l’Iran possède un programme similaire qui a suscité des inquiétudes à l’international.

Abou Dhabi, qui envisage l’épuisement à long terme de ses réserves pétrolières (7% des réserves mondiales), espère voir son programme nucléaire générer en 2020 le quart de l’électricité produite dans le pays.

Dans le même temps, les dirigeants émiratis ne cachent pas qu’au-delà de la dimension énergétique et économique, ils ont ainsi l’ambition de renforcer la position de leur pays en tant qu’acteur régional de poids. « Notre pays est précurseur et le restera », souligne un responsable du programme nucléaire sous le couvert de l’anonymat.

Envisagé de longue date, le programme s’est concrétisé en 2009 avec un contrat de 20,4 milliards de dollars (17 milliards d’euros) avec la Corée du sud pour la construction de la centrale de Barakah.

La compagnie sud-coréenne publique Korea Electric Power Corp. (KEPCO) a été choisie pour mener à bien ce chantier, aux dépens d’un consortium français mené par Areva.

« La centrale de Barakah aura un rôle important dans le renforcement de l’économie et servira de modèle pour les autres pays qui veulent se doter de programmes nucléaires civils », a souligné à l’AFP un diplomate sud-coréen basé dans le Golfe. « Nous ne pensons pas que les centrales nucléaires accentueront les problèmes dans la région (…) Notre coopération avec les Emirats vise à rendre le monde meilleur et les autres pays le comprennent », a-t-il ajouté.

Des pays voisins comme l’Arabie saoudite envisagent aussi de se lancer dans le nucléaire civil.

La FANR dit tout faire pour assurer la sécurité de la centrale. Les habitants se trouvant dans un périmètre de 50 km à la ronde ont commencé à recevoir des instructions sur la manière de réagir en cas d’accident nucléaire, selon M. Viktorsson.

Des exercices d’évacuation ont eu lieu, a-t-il ajouté, rappelant que des séminaires régionaux ont été organisés sur la sécurité des pays voisins de la centrale qui se trouve à 50 km de la frontière saoudienne, à 320 km au nord d’Oman et à 350 km au sud de l’Iran. « La question est d’importance et nous avons mis en place des régulations concernant ces différents aspects », a-t-il indiqué.

Pour éviter toute controverse, les Emirats ont choisi de ne pas avoir de programme d’enrichissement de l’uranium.

En face, l’Iran a subi des sanctions des puissances occidentales qui craignaient de voir ses opérations d’enrichissement aboutir à la fabrication de la bombe atomique. Les Emirats ont également choisi de ne pas retraiter les déchets nucléaires. « Je sais que le mot nucléaire signifie pour beaucoup un programme non civil, mais nous avons mis en place toutes les réglementations pour prouver le contraire », affirme M. Viktorsson.

Afp

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