« Si on ne se remet pas debout sur le plan économique, on risque de se retrouver chez le FMI ». Ce sont les déclarations de Mr Ahmed Ouyahia avant sa nomination en tant que Premier Ministre. Alors que faire? S’interrogent certains experts en économie. Pour le professeur Abderrahmane Mebtoul, expert international en économie, la politique actuelle est sans cohérence va conduire à terme le pays droit au mur. Le professeur parle d’endettement et de dépendance en hydrocarbures devant impérativement la corriger.
Le Pr Mebtoul s’interroge également sur le contenu de la loi de finances 2018. « Retiendra t- on, dans la loi de finances 2018 pour le calcul budgétaire de la loi de finances, 50 dollars comme pour la loi de finances 2017 ? Ira- t –on vers l’augmentation de la fiscalité ordinaire de 11% ? Peut-on agir sur le taux de la TVA passé de 7% à 9% pour le taux réduit, et de 17% à 19% au risque un processus inflationniste et injuste les impôts indirects s’appliquant à toutes les catégories sociales, l’impôt direct étant le signe d’une plus grande citoyenneté ?
Vat-on restreindre les dépenses où le budget d’équipement qui a été ramené à 22 milliards de dollars en 2016 suite aux dernières coupes budgétaires autant que le budget de fonctionnement environ 4600 milliards de dinars incompressible à moins d’une refonte profonde de la fonction publique ? Autant de questions qui demandent réflexion selon lui.
« Ne pouvant continuer dans cette trajectoire, comment dynamiser le secteur industriel qui représente moins de 5% du produit intérieur brut et 80/85% des matières premières du secteur public et privé proviennent de l’extérieur, le taux d’intégration étant faible d’où les effets pervers, sans analyse et dans la précipitation, des usines de montage de voitures dont le montant des importations des entrants si toutes les usines devaient se réaliser aurait été de 5/6 milliards de dollars/an 2018/2019, sans perspectives d’exportation », estime l’économiste.
Il se demande également si le nouveau Gouvernement Ouyahia va conserver le système des licences d’importation qui est actuellement en cours, selon lui, sans vision stratégique et ce en tenant compte que l’économie algérienne est dominée par la tertiarisation où petits commerce et services représentent 83% de la superficie économique avec la dominance de la sphère informelle. Il estime qu’il faut avoir une vision stratégique de l’Algérie d’adaptation au sein du nouveau monde.
« Il faut être réaliste. La situation est totalement différente de celle des années 1994/1995 où le gouvernement d’Ahmed Ouyahia a procédé aux ajustements structurels où les Algériens connaissaient le terrorisme aveugle. Il faut méditer attentivement le taux de participation réel aux dernières élections législatives tenant compte des bulletins nuls et de ceux qui ne se sont pas inscrits », indique-t-il.
Le professeur considère qu’il existe, pour l’Algérie, des possibilités pour augmenter le taux de croissance du fait d’importantes potentialités, malgré la crise, supposant une nouvelle gouvernance stratégique, des institutions et des entreprises. « Tout projet est forcément porté par des forces politiques, sociales et économiques sinon tout modèle économique est voué à l’échec. L’enjeu majeur pour l’Algérie et sa survie implique donc de mettre en place des instruments opérationnels capables, d’identification, d’anticiper les modifications de comportement des acteurs économiques, politiques, sociaux et militaire au niveau géostratégique », suggère-t-il.