La Russie, l’Iran et la Turquie ont signé mardi dernier un accord afin de financer et développer des projets dans le pétrole et le gaz. En effet, la société d’investissement iranienne de Ghadir, le groupe de pétrole et de gaz russe Zarubezhneft, et le groupe turc Unit International ont signé cet accord lors d’une cérémonie, selon les médias locaux.
En vertu de cet accord, le consortium va créer des coentreprises pour financer des projets à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran.Chaque société allouera des parts d’investissement égales dans les projets financés conjointement, et la société iranienne Ghadir dirigera le consortium.
C’est le premier accord d’investissement trilatéral que la société iranienne a signé avec des partenaires étrangers, un accord historique pour l’industrie énergétique du pays. La société Ghadir a également signé un accord de coopération avec la Société nationale iranienne de pétrole (SNIP) pour l’étude de la troisième phase des trois champs pétroliers et d’un champ gazier, en tant qu’entreprise iranienne qualifiée pour les activités d’exploration et de production.
Interrogé sur les éventuelles retombées de cet accord, M. Mohamed Saïd Beghoul, expert en énergie et ancien directeur de la division exploration à Sonatrach, a affirmé que « si cette initiative va aboutir, elle n’aura pas d’impact sur les prix dans l’immédiat, car ce projet va prendre du temps », ajoutant « il y a beaucoup de contraintes liées à la construction de pipelines qui peut prendre dix ans ».
Si ce projet voit le jour, l’Algérie risque de perdre des parts de marché, notamment en Europe, dont l’Algérie est le 3ème fournisseur de gaz à l’Europe après la Russie et la Norvège. A ce propos, M. Beghoul explique que « le gaz est une opération de longue haleine et qu’il faut entre 10 à 15 ans pour que le projet soit opérationnel. C’est un projet qui ne devient pas concurrent du jour au lendemain», poursuivant « à long termes, ce projet peut avoir une influence sur les parts de marché de l’Algérie. Cependant, même si ce projet ne se concrétise pas, le pays aura dans une dizaine d’années des problèmes en terme d’exploitation du gaz ».
Concernant la réalisation du projet en question ,M. Beghoul a précisé qu’« il y a beaucoup de gazoducs qui vont être construits dans la région, comme celui reliant le Qatar et la Turquie » ajoutant « avec les dernières sanctions décidées par les Américains contre la Russie et le blocus imposé par l’Arabie Saoudite sur le Qatar, tous les projets prévus dans la région ne sont pas réalisables à 100% ».
L’expert en énergie a indiqué que « le projet ne peut pas se faire sans les Américains qui sont présents sur le plan géopolitique », précisant « dès qu’il s’agit de l’Iran et de la Russie, les Américains doivent défendre leurs intérêts ».
Beghoul estime la concrétisation de ce projet entre 2025-2026 pour des raisons sécuritaires liées à l’instabilité de l’Irak, mais aussi à des problèmes d’exploitation qui peuvent surgir lors de la construction du projet.