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Les Etats-Unis et la Russie rivaux sur le marché européen du gaz

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L’essor continu du gaz de schiste américain va faire des Etats-Unis un exportateur net de gaz, poussant les compagnies américaines à partir à l’assaut de nouveaux marchés et à venir concurrencer la Russie dans son pré carré européen.

Les sanctions promulguées cette semaine par le président américain Donald Trump contre la Russie pourraient affecter le secteur de l’énergie, jusqu’ici laissé à l’écart des rétorsions commerciales appliquées après la crise ukrainienne.

Malgré les propos rassurants tenus ensuite par l’administration américaine, les dernières mesures décidées par Washington ont remis au centre du jeu la question de l’approvisionnement en gaz du vieux continent.

Au premier trimestre de l’année, les livraisons à l’Europe de gaz russe sont restées proches de niveaux records et ont couvert 41% de ses importations, selon un rapport de la Commission européenne.

De son côté, la production américaine de gaz naturel augmente plus vite que la consommation depuis 2005 et d’importateur, les Etats-Unis vont devenir officiellement exportateur net l’an prochain, selon un rapport du département américain de l’énergie (DoE).

Pour exporter ce gaz, les Etats-Unis ne disposaient jusqu’à l’année dernière que de gazoducs les reliant à leurs voisins canadien et surtout mexicain vers lequel ils exportent déjà largement (à l’exception que quelques navires partant ponctuellement d’Alaska).

L’an passé, la société Cheniere Energy a inauguré un premier terminal de liquéfaction du gaz à Sabine Pass en Louisiane, dans le sud des Etats-Unis.

Il permet d’exporter du gaz par méthanier et depuis qu’il a été mis en service, 13% des expéditions sont parties vers l’Europe.

Quatre autres projets sont aussi en travaux au Texas et au Maryland sur la côte est et font des Etats-Unis le pays au monde qui développe le plus ce type d’infrastructures d’après un rapport d’Energy Ventures Analysis.

« Initialement une large partie du gaz naturel américain expédié sur des navires devait prendre la direction de l’Asie » où les prix étaient plus élevés qu’en Europe mais depuis ils ont « convergé », explique Stewart Glickman analyste énergie de CFRA.

Comme les coûts de transport sont plus faibles vers l’Europe, cela a encouragé les exportations vers le vieux continent. Même en comptant le coût de la traversée de l’Atlantique, il reste compétitif par rapport à la production locale.

« Pour l’instant, les exportations sont largement allées vers la partie méditerranéenne de l’Europe mais elles commencent à augmenter plus au nord et dans la région de la Baltique », a expliqué Ira Joseph responsable du secteur gazier et de l’énergie chez S&P Global Platts.

Lors d’un voyage officiel en juin, le président américain a ainsi salué la première livraison en Pologne d’un navire chargé de gaz venant des Etats-Unis.

« C’est un grand changement pour le marché. Il va y avoir plus de concurrence » frontale avec le gaz russe, souligne Ira Joseph.

« Gazprom ne permettra pas un recul brutal de sa part de marché », prévient toutefois Clint Oswald de Bernstein Research dans un courriel à l’AFP.

Il rappelle que le géant russe du gaz a signé des contrats de long terme avec l’Europe, portant sur plusieurs années, et qu’il offre toujours le produit le moins onéreux.

Sans remplacer complétement le gaz russe, il s’agit « d’avoir une alternative crédible qui permet aux Européens d’avoir un meilleur contrôle sur les prix », explique Michael Schall de Energy Ventures Analysis.

Le gaz américain apporte une dose supplémentaire de concurrence en Europe qui compte aussi la Norvège, l’Algérie et le Qatar parmi ses principaux fournisseurs.

Une fois toutes les infrastructures actuellement en travaux inaugurées aux Etats-Unis, la capacité d’exportation par bateau ne suffirait de toute façon pas à remplacer les 160 à 180 milliards de mètres cubes de gaz russe importés par les Européens chaque année.

Pour Ira Joseph, le gaz américain viendra d’abord supplanter les productions locales notamment britannique et néerlandaise qui commencent à décliner, et à plus long terme, norvégienne.

Afp

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