La demande mondiale d’or a reculé de 10% au deuxième trimestre 2017, selon un rapport du Conseil mondial de l’or (CMO) publié jeudi, la reprise des achats de bijouterie et de lingots ne compensant pas le désintérêt des investisseurs américains.
La demande mondiale d’or entre avril et juin 2017 s’inscrit en baisse de 10% par rapport au deuxième trimestre 2016, à 953,4 tonnes, pour une demande au premier semestre de 2.003,8 tonnes, en baisse de 14% par rapport à l’année précédente et à son plus bas depuis le premier semestre 2009.
« Il faut se rappeler que la demande en 2016 avait été gonflée par une demande record pour les ETF d’or » (fonds d’investissements adossés à des stocks physiques d’or), a expliqué John Mulligan, un des responsables du CMO, à l’AFP.
Les investisseurs professionnels utilisent les ETF pour parier sur l’or sans avoir à acheter des lingots ou des pièces, et s’étaient rués sur le métal jaune en 2016, alors que l’élection présidentielle américaine laissait les marchés en suspens.
Mais depuis l’élection de Donald Trump, et alors que la Réserve fédérale américaine relève ses taux, rendant l’or, placement sans rendement, moins attractif, les fonds américains ont vendu ces mêmes ETF en masse.
Ce désintérêt pour les ETF a poussé la demande à l’équivalent de 56 tonnes au deuxième trimestre, en baisse de 76% par rapport au deuxième trimestre 2016.
En revanche, les investisseurs européens ont été nettement plus intéressés par ces produits financiers.
« Les investisseurs européens sont moins volatiles, et ils ont représenté trois quarts de la demande mondiale d’ETF au deuxième trimestre », malgré la baisse du risque politique après l’élection présidentielle française, a commenté John Mulligan.
La baisse de la demande des investisseurs privés a en revanche permis aux prix de reculer fin 2016, ce qui a permis au marché de l’or physique de reprendre.
Au deuxième trimestre, la demande de bijouterie est de 490,3 millions de tonnes, en hausse de 10% par rapport à la même période l’année précédente, et la demande d’or en pièces ou en lingots est de 240,8 tonnes, en hausse de 13%.
En Inde, la demande de bijouterie a bondi de 41% par rapport au deuxième trimestre 2016 à 126,7 tonnes, dopée par l’approche d’un nouveau système de TVA harmonisée, entrée en vigueur le 1er juillet.
« Cette forte demande laisse à penser que le troisième trimestre sera plus calme, et que le marché prendra plusieurs années à s’adapter aux nouvelles conditions », a prévenu John Mulligan.
En Chine, la demande de bijouterie s’inscrit en légère baisse par rapport à l’année précédente, à 137,7 tonnes (-5%), les clients plus jeunes préférant désormais des bijoux en or moins pur, mais conçus par des marques de renom. En revanche, la demande de pièces et de lingots a augmenté de 56% à 62,6 tonnes.
Le GMO souligne également une croissance de la demande turque d’or physique de 151%, à 34,4 tonnes au deuxième trimestre.
Là où l’investissement dans l’or est en Europe et aux Etats-Unis un moyen de se protéger du risque, les Turcs se sont rués vers l’or avec le retour de leur pouvoir d’achat, a noté John Mulligan.
« Le gouvernement a suggéré à la population d’acheter de l’or plutôt que des dollars », a-t-il ajouté.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait en effet exhorté fin 2016 la population à convertir ses devises étrangères en livres turques ou en or.
La demande d’or pour un usage industriel a pour sa part augmenté de 2% à 81,3 tonnes au deuxième trimestre, et l’investissement des banques centrales a augmenté de 20% à 94,5 tonnes, notamment tiré par des achats de la Banque centrale turque, a souligné le CMO.
Du côté de l’offre, la production minière est restée stable, à 791,2 tonnes au deuxième trimestre, tandis que l’or recyclé a reculé de 18% à 279,7 tonnes, pénalisé par le prix moins élevé des lingots.
Au deuxième trimestre, le prix moyen de l’or était stable par rapport à l’année précédente, à 1.256,6 dollars, mais en hausse par rapport au premier trimestre, où le prix moyen était de 1.219,5 dollars.
Afp