La planète devrait consommer toujours plus de produits laitiers au cours des dix ans à venir, mais la croissance de la consommation mondiale de céréales, de viandes et d’huiles végétales devrait marquer le pas, ont indiqué l’OCDE et la FAO lundi.
Les raisons de ce ralentissement, qui devrait aussi porter sur « les prix réels de la plupart des produits agricoles », viennent à la fois de la décélération de la croissance économique en Chine et de celle de la demande pour les biocarburants, soulignent les auteurs des « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2017-2026 ».
« D’après les projections, la demande de produits agricoles destinés à la production de biocarburants est appelée à stagner compte tenu de la baisse des prix de l’énergie et de l’adoption d’une politique plus modérée concernant les biocarburants dans plusieurs pays », précise le rapport.
Cette correction permettra de réorienter les denrées de base vers leur destination normale: l’alimentation, et non plus l’énergie.
Pour mémoire, la crise alimentaire mondiale en 2007-2008, parallèle à la crise financière, avait eu pour origine une flambée du prix des denrées alimentaires de base, notamment de certains oléagineux utilisés pour les biocarburants, devenus trop chers et générant des émeutes de la faim dans plusieurs pays parmi les plus pauvres du monde.
– Outils anti-crise –
Dix ans après, le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, a estimé lundi qu’une crise similaire était désormais « beaucoup moins probable ».
De nouveaux outils, développés sous l’égide du G20, permettent d’étudier en temps réel la production de denrées alimentaires de base (céréales, oléagineux, viande de porc, de poulet, etc.), les cours mondiaux, la consommation pays par pays et les stocks.
« En 2007-2008, lorsque les cours ont commencé à grimper, nous ne savions pas ce qui se passait et la spéculation a pu faire ce qu’elle voulait », a rappelé José Graziano da Silva, directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’agriculture (FAO).
« Maintenant, nous avons les informations, et il reste peu de place pour la spéculation », a-t-il poursuivi.
Dans les dix ans à venir, la demande alimentaire pour la plupart des produits de base devrait progresser « moins vite » qu’au cours des dix années passées, ajoute le rapport.
La consommation de céréales par habitant devrait être à peu près inchangée, sauf dans les pays les moins développés, où elle progressera.
Côté production, celle de céréales devrait augmenter de 12% d’ici 2026, essentiellement en raison de l’amélioration des rendements. Le Brésil devrait dépasser les Etats-Unis durant la décennie pour devenir le premier producteur mondial de soja.
Pour la viande, la demande croîtra régulièrement mais la croissance sera freinée dans de nombreux pays, notamment pour des raisons sociétales comme en Inde, et globalement la consommation de viande par habitant devrait stagner à 34,6 kilos par an d’ici 2026.
Etant donnée l’augmentation de la population mondiale, la consommation globale de viande devrait néanmoins progresser de 1,5% par an.
– Petits agriculteurs en difficulté –
« Les prix des productions agricoles vont baisser, ce qui devrait être une grande difficulté pour les agriculteurs, surtout les petits exploitants familiaux », a dit M. Graziano da Silva, inquiet de voir que, sur quelque 800 millions de personnes sous-alimentées, « beaucoup » sont des agriculteurs.
« Il y aura de plus en plus de protestations de petits agriculteurs en difficulté (dans le monde, NDLR), et il faudra plus de politiques publiques dans ces domaines », a-t-il averti.
Les deux dirigeants ont aussi averti d’un risque accru d’obésité dans les pays en voie de développement, en raison notamment de la hausse prévisible de la consommation de sucre.
D’ici 2026, la croissance de la consommation des produits laitiers devrait s’accélérer, surtout en Inde et au Pakistan, pays essentiellement végétariens, où ils remplacent la viande pour les apports de protéines.
Ainsi l’OCDE prévoit que la production mondiale de lait augmente à 178 millions de tonnes (+22%) d’ici 2026 comparé à la période de référence 2014-2016.
Afp