La Fédération algérienne du médicament (FAM) s’oppose au projet initié par la Direction de la sécurité sociale, qui concerne à mettre fin au système de majoration de prix pour la vente de génériques et de produits de fabrication nationale.
Dans un communiqué, la FAM demande « aux promoteurs de cette abrogation des majorations du prix du médicament de surseoir à ce projet qui, selon l’entité, ne fera que déstabiliser davantage toute une filière pharmaceutique qui doit faire face, dans les conditions actuelles, aux menaces sérieuses liées aux conséquences néfastes de la chute sévère des revenus extérieurs du pays et aux aléas d’un environnement économique national de plus en plus tendu ».
La fédération qui regroupe le SNAPO, l’UNOP et l’ADPHA, précise que « cette majoration, qui est partie intégrante du prix final aux consommateurs, a été mise en place depuis quelques années afin d’inciter les pharmaciens d’officine à promouvoir auprès de leurs patients la consommation de médicaments génériques et, en particulier, ceux d’entre eux qui sont fabriqués localement ».
« Concrètement, indique-t-on, le prix final du médicament intégrait une majoration de 10% pour chaque produit générique commercialisé et une autre de 10% pour chaque produit fabriqué localement. Cette mesure avait, à la base, une triple motivation. D’une part, en encourageant le pharmacien à les proposer aux patients, elle visait clairement à stimuler la consommation de médicaments génériques moins coûteux et à faire reculer les faux préjugés quant à la qualité prétendument moindre de ces derniers par rapport aux médicaments princeps. D’autre part, en instituant une prime sur le marché en leur faveur, elle contribuait au développement de l’industrie locale du médicament ».
Le système des marges contesté
Enfin, elle permettait, selon la fédération, « de corriger en partie le désavantage d’un système des marges qui était affiché en valeurs relatives (pourcentage d’un prix de base) et qui, de ce fait, désavantageait clairement la commercialisation des produits aux prix les plus bas qui sont, précisément, les médicaments génériques et ceux qui sont produits localement ».
« Ce que la FAM tient à souligner par-dessus tout, c’est que l’organisation ainsi mise en place a eu comme principal résultat de tirer systématiquement les prix du médicament à la baisse et de préserver, dans la durée, les intérêts des assurés sociaux et les équilibres financiers des caisses de sécurité sociale. Par ailleurs, en favorisant le développement de l’industrie locale et la création d’emplois, ce système a contribué à élargir significativement l’assiette des cotisants et, partant, les ressources de ces dernières », lit-on dans le communiqué.
Aussi, la FAM « réaffirme sa conviction que c’est cette organisation qui, en mobilisant sur une même ligne de position les producteurs nationaux, les répartiteurs, les pharmaciens d’officine et les caisses de sécurité sociale, a été le fondement essentiel du succès de tout le système du tarif de référence, dont on sait qu’il permet aujourd’hui à ces mêmes caisses de réaliser une économie globale de ressources que la FAM évalue à plus de 92 Mds de DA ces dix dernières années ».
La FAM considère ainsi que « les majorations de prix en faveur du générique et du produit local, loin d’être des fardeaux pour l’équilibre des caisses de sécurité sociale, participent au contraire très largement à la préservation de leurs ressources ». C’est pourquoi la FAM « invite les responsables concernés à prendre garde à ne pas « scier la branche sur laquelle celui-ci est assis, sous prétexte d’une approche partielle et partiale de la notion d’économies de dépenses ».
Bras de fer en vue
La même source rappelle qu’elle demeure elle-même « particulièrement soucieuse de la préservation d’une organisation globale du marché pharmaceutique qui a permis jusqu’ici, et sur une période longue, de favoriser le développement de la production nationale, de soutenir la consommation du médicament générique et de baisser le niveau des prix sur le marché interne. Ses membres, qui participent aux travaux du Comité institutionnel qui travaille sur les marges du médicament, ont depuis longtemps fait des propositions de mesures correctives qui ont jusqu’ici ont été systématiquement ignorées ».
Pour ces raisons, la fédération « s’opposera fermement à toute abrogation de ces majorations du prix du médicament générique, ou fabriqué localement, convaincue que cela ne ferait qu’affaiblir davantage la situation des pharmaciens d’officine et, par-delà, celle de la filière pharmaceutique dans son ensemble ».
Les mesures envisagées risquent, conclut le communiqué, « de porter atteinte à un maillon vital de la chaine pharmaceutique à un moment où il se trouve par ailleurs déjà fortement pénalisé par la forte baisse des prix du médicament, dans un contexte où la pression inflationniste croissante a tendance à éroder de jour en jour sa marge commerciale réglementaire ».