Les géants bancaires américains sont « bien capitalisés » et résisteraient à une grave crise financière même s’ils devaient accuser des pertes importantes, a affirmé jeudi la Réserve fédérale (Fed), à l’issue de la première étape des tests de résistance annuels.
« Même en cas de sévère récession, nos grandes banques demeureraient bien capitalisées », a affirmé le gouverneur de la Fed, Jérome Powell, en conclusion de cette première phase générale des tests effectués sur 34 grandes banques. Une deuxième phase cruciale dira le 28 juin si, individuellement, certaines banques ont échoué à maintenir les niveaux de capitaux requis en cas de crise.
Ces tests, dont c’est la septième édition, ont été mis en place par la loi Dodd-Frank après la tempête financière de 2008 pour s’assurer que les géants bancaires qui présentent des risques « systémiques » en cas de crise sont suffisamment capitalisés.
Cette année, 34 banques dotées de plus de 50 milliards de dollars d’actifs ont été soumises à un scénario de crise très sévère, avec un taux de chômage qui bondirait à 10% (au lieu de 4,3% aujourd’hui), tandis que les prix de l’immobilier commercial chuteraient de 35%. La crise de 2008 avait été due à l’effondrement du secteur immobilier et plus particulièrement des prêts immobiliers à risque « subprime ».
Dans le scénario catastrophe choisi par la Fed, le niveau cumulé de fonds propres de haute qualité (Tier 1) passerait de 12,5% à 9,2%, ce qui reste au-dessus du minimum requis (4,5%). Ce niveau est également supérieur à ce qu’il était avant la crise de 2008, s’est félicité la Fed.
Ce niveau des fonds propres permettrait aux banques de continuer à prêter « et de soutenir les ménages comme les entreprises quand les temps sont durs », a affirmé M. Powell.
Ce scénario de crise très sévère exposerait néanmoins les géants bancaires à des pertes cumulées importantes, soit 493 milliards de dollars, dont 383 milliards sur les seuls prêts seuls. C’est toutefois moins qu’en 2016.
– Détricoter Dodd-Frank –
Les résultats de ces tests interviennent au moment où l’administration Trump est en pleine offensive anti-régulation et pourraient servir d’arguments aux banques, qui réclament un desserrement de la règlementation. Donald Trump a affirmé que les banques ne pouvaient plus prêter parce qu’elles étaient étranglées par trop de régulation.
Jeudi, des responsables de la banque centrale, le régulateur bancaire, ont réfuté ces arguments affirmant que les banques continuaient à prêter fortement et que le secteur était en bonne santé, profitant à la croissance économique.
Mercredi, la Fed annoncera les résultats individuels des banques, qui détermineront si elles peuvent redistribuer les liquidités envisagées (dividendes, rachats d’actions, acquisitions… ) à leurs actionnaires.
Cette année la banque centrale a réduit à 13 le nombre d’établissements soumis à cette deuxième batterie de tests. Parmi eux, figurent cinq filiales de banques étrangères: Barclays, Crédit Suisse, Deutsche Bank, RBC et UBS.
En 2016, Deutsche Bank et l’espagnole Santander avaient échoué pour la deuxième fois consécutive et Morgan Stanley avait obtenu un feu vert conditionnel.
Réagissant à ces premiers bons résultats, l’American Bankers Association a estimé que le processus des tests de résistance devait être allégés comme le préconise un récent rapport du Trésor.
« Nous soutenons fortement les recommandations du Trésor qui demandent de réviser les modèles de surveillance selon les observations du public plutôt que de forcer les banquiers à gérer et allouer leur capital sans être bien informé des attentes des régulateurs », a affirmé l’ABA dans un communiqué, réclamant plus de transparence dans la confection des tests.
De même l’organisation Financial Services Roundtable a estimé dans un communiqué qu’il était désormais temps « d’adapter les seuils de gestion prudentielle pour qu’ils reflètent les risques et pas des coussins de capitaux arbitraires ».
La Fed elle-même s’est montrée relativement ouverte récemment à un « ajustement » de la règlementation et des tests, notamment pour les banques de taille moyenne ou celles qui maintiendraient un très haut niveau de fonds propres.
Afp