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Zones industrielles délabrées : Le reflet désolant de la réalité économique en Algérie

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L’aménagement des zones industrielles, programmé et lancé en 2012, non seulement n’a  pas eu lieu 5 ans après, mais laisse place à un état de détérioration permanent. Il était question de  bitumage de l’ensemble des voies (25 km), l’aménagement d’aires de stationnement et de repos, la réalisation de stations de relevage, pour une enveloppe d’environ 380 millions de DA. Les images que nous avons recueillis se passent de tout commentaire, et montrent à quel point le discours est à mille lieux de la réalité et que ce qui a été annoncé en grande pompe n’a été que promesse en l’air.

La zone industrielle de Rouiba, est un échantillon de ce qui se passe dans les autres zones industrielles à travers le pays. Une virée sur les lieux, renseigne on ne peut mieux sur l’état délabré de l’industrie du pays. Elles ne ressemblent en rien  à des zones  équipées des commodités nécessaires à l’implantation des projets industriels.

A notre arrivée, on constate de prime abord les bourrasques de poussière  tournoyant dans les airs, évoquant les désolantes scènes du far-West. La voie aux sentiers qui bifurquent sur les usines est impraticable. Nous  sommes contraints d’user de prudence et même de gymnastique pour progresser sur une chaussée, complètement hors d’usage, parsemée de nids- de-poule et de profondes crevasses.

Un décor de chaos

C’est une image chaotique qui s’offre à nous, où des cortèges de véhicules semi et poids lourds essaient tant bien que mal de se frayer un chemin pour rejoindre leur destination. Le moins qu’on puisse dire est que beaucoup de déperdition d’énergie et de temps accablent le fonctionnement de ces zones, destinées initialement à procurer des espaces dotés de conditions optimales pour favoriser l’émergence d’un grand nombre d’industries.

C’est précisément dans cette optique que devait s’orienter la fonction des zones industrielles, et ce conformément au schéma national d’aménagement du territoire, basé sur quatre principes en l’occurrence,  la durabilité des ressources, le rééquilibrage des territoires, l’attractivité et la compétitivité des territoires et l’équité sociale et territoriale.

Or, le spectacle auquel nous avons eu droit, lors de notre virée a travers ces espaces, est très loin de refléter cette orientation économique. Et pour cause, les zones industrielles que nous avons visités  (Rouiba, Oued Smar), fonctionnent au rythme que leur imposent les manquements graves aux conditions de confort et de viabilité. Les plaintes à ce sujet sont légion.

Un bidonville en pleine zone industrielle !

« Je passe toute la journée devant ce pont et cet égout à ciel ouvert, les odeurs nauséabondes qui s’en dégagent sont insupportables, au risque de tomber malade, je suis obligé de subir tous les jours ce calvaire pour garder mon travail »nous confie Brahim, un gardien d’usine.

Plus loin, nous tombons sur un spectacle ahurissant mais non moins quotidien. Au niveau de l’une des intersections, où à cause d’une ouverture béante dans la chaussée, la rencontre d’un camion semi-remorque, et de deux fourgons, a failli tourner à l’altercation.

Par contre, grande fut notre étonnement de voir en plein cœur de la zone, un baraquement que nous prenons au départ pour un  dépôt, jusqu’à ce qu’on remarque la présence d’antennes paraboliques, et de raccordements fortuit d’électricité, nous comprenons qu’il s’agit bel et bien d’un bidonville. C’est malheureusement l’image que donne cette zone, où on peut entrevoir un semblant d’aménagement , sur les deux grandes artères, mais à l’intérieur, les réalisations qui devaient  faire d’elle  un pôle d’attractivité en matière d’investissements, ont laissé place à une anarchie et un laisser-aller, qui ont fini par avoir raison des volontés les plus tenaces.

Des désagréments quotidiens

Il va sans dire que cette situation fait rager les locataires et les visiteurs, notamment en saison hivernale où le site patauge dans la gadoue «  je peux vous dire qu’en hiver, c’est mille fois pire, nous perdons un temps fou à effectuer des tâches qui n’auraient pris qu’une heure ou deux, en temps normal. Cela fait des années que cette situation perdure » nous livre Mohamed, un entrepreneur rencontré chez un concessionnaire automobile.

Ce dernier nous explique que « durant des années, les occupants de la zone s’acquittent de leurs impôts et charges, et payent même une taxe sur l’environnement, alors qu’ils ne jouissent d’aucune prestation de service, et dans certains cas, souffrent longtemps avant de se voir raccorder en électricité ou en gaz ».

Effectivement, nous apprenons que la plupart des opérations d’aménagement effectuées, telles que les devantures, les accès, et l’embellissement de la voie, sont le fruit d’investissement privé. Autrement dit, les locataires des zones sont arrivés à se prendre en charge pour mettre en valeur leurs établissements, dans l’espoir de donner une image digne d’industriels.

Cette situation n’est pas propre à la zone industrielle de Rouiba ou d’Oued Smar. Ce marasme s’est répandu sur l’ensemble du territoire national, à quelques exceptions prés. A noter que l’Algérie dispose actuellement de 72 zones industrielles couvrant une superficie de plus 12 000 hectares, mais seulement une quarantaine sont en cours de réalisation. D’autre part, l’on dénombre actuellement plus de 450 zones activités à travers le pays couvrant une superficie de plus 17000 hectares.

Dans les pays qui disposent d’une vraie politique d’urbanisation, l’ensemble des travaux d’intérêt général (voirie, réseaux d’égout, eau, gaz, électricité, téléphone, etc.) sont exécutés avant toute opération immobilière. Chez nous, on construit d’abord, on viabilisé après et on perd du temps et de l’argent à rafistoler.

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