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L’industrie informatique indienne en crise

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Les délocalisations de services informatiques en Inde ont contribué à créer une industrie qui constitue l’un des moteurs de la croissance du pays depuis 20 ans. Mais l’automatisation croissante, un manque d’assimilation des nouvelles technologies et la politique restrictive de visas des États-Unis bouleversent le secteur.

La presse indienne rapporte régulièrement les licenciements de milliers de salariés tandis que des études prédisent la perte de centaines de milliers d’emplois au cours des quatre prochaines années. Les entreprises concernées refusent de s’exprimer sur ces chiffres.

Un sort qu’a connu Raghu Narayanaswamy en mars lorsqu’il a été évincé de l’une des plus grandes entreprises indiennes de  high-tech, après onze années à y travailler. Le futur ne lui apparaît pas rose. « J’ai rencontré de grandes difficultés à trouver un emploi ces derniers mois », raconte à l’AFP le quadragénaire, basé dans la capitale économique Bombay.

Avec la libéralisation de l’économie indienne au début des années 1990, les entreprises occidentales y ont délocalisé à tour de bras pour profiter du vivier d’une main-d’œuvre anglophone, qualifiée et bon marché. Ce boom a permis l’émergence de nouveaux champions nationaux comme Wipro, Infosys ou Tech Mahindra.

L’industrie emploie près de quatre millions d’Indiens et génère 150 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an, selon le groupement d’entreprises informatiques indiennes Nasscom.

Si les vagues de licenciements ne sont pas rares, surtout au dernier trimestre de l’année financière (avril-mars en Inde), les syndicats estiment qu’elles atteignent cette fois-ci des volumes inquiétants alors que les profits des entreprises fondent. « Les sociétés sont réticentes à parler des licenciements », note J.S.R. Prasad, président de la National Confederation of Unions of IT Employees.

Les grandes entreprises de services informatiques indiennes font état depuis quelque temps de difficultés à trouver de nouveaux clients, les sociétés explorant de plus en plus de nouvelles voies comme l’automatisation, la robotique et des technologiques innovantes telle l’informatique en nuage.

« Les mutations sous-jacentes à ces licenciements de masse et réductions de voilure étaient nécessaires depuis un certain temps et la chaîne des événements dans le monde actuellement les a accélérées », décrypte pour l’AFP D.D. Mishra, de la société d’étude des technologies Gartner.

Nasscom réfute les articles rapportant des milliers de licenciements, largement couverts par la presse économique locale, mais a cependant concédé que le rythme des embauches ralentissait.

Le groupement prédit que trois millions de nouveaux emplois seront créés dans le secteur d’ici 2025 mais que cela nécessitera une refonte complète des pratiques et des technologies utilisées.

Une tâche gigantesque d’après Kris Lakshmikanth, président du cabinet de recrutement The Headhunters à Bangalore, capitale des hautes technologies de l’Inde. Selon ce chasseur de tête, 60% des quatre millions d’employés du secteur de l’IT nécessitent d’être formés à nouveau.

À l’inverse des vœux pieux de Nasscom, la société américaine HfS Research prévoit elle une perte de 14% des emplois du secteur des services informatiques en Inde à cause de l’automatisation, avec 480.000 salariés menacés d’ici 2021.

Une mauvaise nouvelle pour les centaines de milliers d’aspirants ingénieurs qui se forment dans les instituts technologiques du pays.

Pour ne rien améliorer, l’industrie devrait aussi pâtir de la politique migratoire de l’administration Trump. Le gouvernement américain veut réduire l’usage du visa H-1B.

Ce dernier permet aux entreprises indiennes d’envoyer chaque année des milliers de leurs ingénieurs hautement qualifiés aux États-Unis, ce qui constitue une part substantielle de leur chiffre d’affaires.

Avec tous ces défis, « un gros tsunami s’annonce », estime Kris Lakshmikanth, « et cela perdurera longtemps, jusqu’à ce que l’industrie se stabilise ».

Afp

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