Le yuan a atteint jeudi son plus haut niveau depuis près de sept mois face au dollar, alimentant les soupçons d’une intervention de Pékin pour soutenir sa monnaie en réaction au récent abaissement par Moody’s de la note de la dette chinoise.
La devise du géant asiatique a fortement chuté après la crise qui a ébranlé les Bourses chinoises mi-2015. Cette dégringolade s’était accélérée l’an dernier après la forte hausse du dollar consécutive à l’élection de Donald Trump.
Sous la pression d’une hémorragie de capitaux de la part d’investisseurs chinois cherchant des placements plus sûrs et plus rémunérateurs, le yuan a chuté au total de 7% face au dollar en 2016, atteignant son plus bas niveau depuis huit ans.
Mais depuis que Moody’s a infligé le 24 mai à la Chine le premier abaissement de sa note depuis 28 ans — l’agence de notation financière s’inquiétant des risques d’augmentation de la dette — le yuan s’est fortement renforcé.
Il s’échangeait jeudi à un taux de 6,78 yuans pour 1 dollar, du jamais vu depuis début novembre 2016.
La Chine a déclaré la semaine dernière envisager de modifier le mécanisme de fixation du cours pivot du yuan, dans ce qui semblait constituer un recul par rapport à ses promesses de laisser sa devise fluctuer plus librement.
Pékin permet actuellement au yuan de monter ou de descendre de 2% par rapport à un cours fixé chaque jour. Le nouveau système envisagé introduirait un « facteur anticyclique » pour contrebalancer les forces du marché, soulignait un communiqué de l’organisme officiel en charge des devises étrangères.
La banque centrale chinoise (PBOC) a fixé jeudi à 6,809 yuans pour un dollar le cours-pivot du yuan. Cela représente une hausse de 0,79% par rapport à la veille. C’est également la plus forte augmentation quotidienne depuis début janvier.
Cette hausse est « peut-être le reflet d’un changement dans les attentes du marché, mais l’intervention officielle a probablement joué un grand rôle », a indiqué dans une note le cabinet Capital Economics.
« Toutefois, la conséquence essentielle du changement dans la (méthode de) fixation du court-pivot, c’est que les autorités sont déterminées à empêcher toute dépréciation substantielle » à l’heure où le geste de Moody’s oblige Pékin à donner des signes de solidité à son économie.
Pour Michael Every, économiste à Rabobank, l’intervention de Pékin dans le marché des changes est désormais si évident « qu’il n’y a plus de marché digne de ce nom ».
Afp