La Côte d’Ivoire prévoit d’arriver sur le marché international des obligations le mois prochain, apprend-on de Reuters qui cite le ministre des finances. La première économie de la zone UEMOA, qui fait face à une baisse des revenus du cacao, souhaite mobiliser 1 milliard $ pour compenser le double manque à gagner (extérieur et budgétaire) qu’engendre cette situation.
Cette annonce de la Côte d’Ivoire intervient quelques jours, après que le Kenya, qui occupe lui aussi le premier rang de sa région, prévoit aussi de recourir au marché international des capitaux dans le cadre de son prochain exercice budgétaire, qui débute dès le premier juillet 2017.
Le pays qui affronte des élections présidentielles cette année, doit faire face au terme d’un précédent eurobond de 750 millions $ en octobre 2017 et d’un autre du même montant qui arrive à maturité en 2019. Ces deux nouvelles annonces viennent doper la sollicitation des pays africains pour le marché international des capitaux, après une année 2016 plutôt morose.
L’Egypte, le 25 mai dernier, a clôturé en beauté sa saison d’émissions souveraines, en mobilisant 3 milliards $, après avoir reçu des souscriptions de l’ordre de 11 milliards $ de la part des investisseurs. A lui, seul, le pays a battu le niveau des eurobonds émis par des pays africains en 2016 (5 milliards $), en mobilisant depuis janvier près de 7 milliards $.
A côté de l’Egypte, le Sénégal, autre pays de l’UEMOA, sort d’une opération à succès sur le marché international des capitaux, où il a servi un milliard $ d’obligation après avoir obtenu près de 9 milliards $ de souscriptions. Décriés par le FMI et plusieurs observateurs de l’économie africaine, les eurobonds semblent de nouveau à la mode comme mécanisme de financement pour les pays africains.
Le contexte s’y prête. Les économies de la région majoritairement dépendantes de l’exportation des matières premières, font face à des revenus extérieurs moins importants et des balances des paiements fragiles, ce qui entraine des difficultés à financer les projets d’investissements gourmands en devises.
Par ailleurs, les programmes économiques proposés à ces pays par le FMI, les confinent pour une majorité de ceux qui se retrouvent en Afrique subsaharienne, à l’accès aux ressources généralisées, qui offrent une possibilité de mobilisation de finance assez réduite. D’autre part, les obligations souveraines africaines actuellement cotées sur les marchés européens, offrent des taux de rendement au-dessus de 5%. Une marge devenus très rare sur le marché.
Au-delà de cet environnement favorable, la Côte d’Ivoire s’engage sur un terrain compliqué. Les mutineries à répétition et les mouvements de grèves dans la fonction publique, résolues à coup de distribution de milliards, viennent ajouter une dose de déséquilibre dans la contrepartie extérieure, pour un pays où une part importante des biens et services consommés sont importés.
Les obligations souveraines ivoiriennes arrivant à maturité en 2024, 2028, et 2032, affichent des taux de rendement en hausse et aujourd’hui proches ou supérieures au taux d’intérêt initial. Dans la logique financière, cela marque le signe d’une attitude prudente des investisseurs. Le prochain emprunt souverain du pays devrait avoir un taux autour des 7 à 8%. Dans le cas du Kenya son obligation arrivant à maturité en 2019 affiche un rendement de 3,5%, contre un taux initial de 6,5%.
Ecofin